16. Coupe-vent et t-shirt Star Wars

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Le coupe-vent kaki du p'tit gars dans les mains, Dwight remontait le couloir menant à ses appartements. Le p'tit gars n'avait rien dit quand la porte de la cellule s'était refermée sur lui, quand l'appétit insaisissable du Sanctuaire l'avait englouti sans un bruit.

C'était juste un de plus.

Si le Sauveur rouvrait cette foutue porte, maintenant ou bien dans plusieurs heures, il était prêt à parier que le gamin se trouverait encore derrière celle-ci, droit comme un pique, avec toujours son air penaud de geek à la con sur la figure. Un t-shirt à l'effigie de Star Wars, rien que ça qu'il portait sous son coupe-vent kaki tout froissé !

Dwight poussa la porte de sa chambre et découvrit Sonia affalée dans le fauteuil en cuir. Doucement, elle releva la tête vers lui et sourit. Ouais, le p'tit gars, c'était juste un de plus. Elle, il avait réussi à lui éviter de connaître le même sort, c'est tout ce qui importait.

— Je ne te dérange pas, j'espère ? Lui demanda-t-elle.

— Non. Et puis, je devais aller aux cuisines de toute façon alors...

— C'est quoi dans ta main ?

Le Sauveur lui tendit le coupe-vent et une expression d'horreur se forma sur le visage de la trentenaire. Portant une main à sa bouche, elle étouffa un sanglot et se rua sur son coéquipier.

— Espèce d'enfoiré, tu as trouvé ça où, hein ?!

Sonia le gifla, ne prit pas de gants et s'acharna sur son visage. Le sien, de visage, n'était plus qu'un fouillis de cheveux d'où apparaissaient parfois les yeux noisette et une cicatrise toute rose.

— T'es qu'un sale con ! Dis-moi ce que tu lui as fait ?!

Dwight réussit à contrer les coups de la trentenaire et bientôt, cette dernière se retrouva à sa merci. Il l'enlaça, la sentit se débattre encore un peu, et continua de serrer son corps contre le sien. Enfin, Sonia s'immobilisa, seuls ses pleurs prouvèrent encore de sa ténacité à l'emmerder pour le reste de la journée.

— Qu'est-ce que tu lui as fait... Dwight, c'était qu'un gamin...

— De quoi tu parles ?

Sonia tira sur le coupe-vent kaki, un bruit de tissu froissé les enveloppa tous les deux pour différentes raisons, et la trentenaire le pressa contre sa joue. Toujours prisonnière de l'étreinte de Dwight, elle s'en plia de douleur.

— C'est... C'est la veste de Tommy.

— Le p'tit gars, murmura Dwight. Le p'tit gars, c'est... C'est ton ami ?

— Oui.

— Merde ! Merde, Sunny... Putain de merde, c'est un abruti !

— Negan ?

— Le p'tit gars, rétorqua-t-il en la relâchant progressivement.

Sonia lui lança un regard noir.

— Ne parle pas de lui comme ça !

— Negan ne compte pas le laisser croupir dans sa cellule trop longtemps, juste assez de temps pour le punir.

— De quoi ?

Elle essuya ses larmes avec l'une des manches du coupe-vent kaki et l'enfila.

— Il a essayé de nous voler.

Un rire nerveux échappa à Sonia tandis qu'elle zippait la veste jusqu'au cou.

— Chacun son tour, D ! C'est chacun son tour...

— T'es encore en train de me faire flipper !

Sonia s'en fichait. Elle haussa les épaules et se réinstalla un peu mieux dans le coupe-vent kaki, comme dans une seconde peau. L'odeur du p'tit gars emplissait déjà la chambre.

— Va le faire sortir, dépêche-toi !

— Sunny, je ne crois pas que...

— J'ai besoin de lui, le coupa-t-elle. Bien plus que j'ai besoin de toi !

Sonia eut un mouvement de recul, comme craignant que les mots ayant franchi la limite de ses lèvres aient bien plus d'impact que prévu, et que son coéquipier s'emporte contre elle.

Mais Dwight n'en fit rien, c'est à peine s'il nota qu'elle venait réellement de s'adresser à lui.

— C'est seulement un survivant de plus, pas vrai ?

La trentenaire secoua la tête.

— Non. Ce n'est ni toi, ni moi. C'est Tommy.

— C'est Tommy, répéta Dwight. J'ai compris, Sunny... J'ai compris.

— Non, tu n'as encore rien compris. Tu n'as même pas idée de ce que tu rates, là, dehors !

Sonia le poussa vers la sortie, furieuse, en oubliant presque qu'ils occupaient sa chambre à lui, et non la sienne.

— Je n'ai pas l'attention de pourrir ici, et j'ai besoin de lui pour cela. Alors, prends soin de lui et ne lui file pas de la bouffe pour chien, ou bien, je t'en fais bouffer jusqu'à ce que tu en crèves ! Compris ?

— Ils ne savaient pas où tu allais, Billy et les autres, mais c'est lui que tu allais retrouver. Pas vrai ?

— C'est un interrogatoire ?

Dwight haussa les épaules.

— À toi de me le dire, tu as quelque chose à te reprocher ?

— Tu dois me faire confiance D, revint-elle vers lui. Je t'en supplie ! Si je ne peux pas te faire confiance, on est tous foutus ! C'est tout ce dont j'ai besoin venant de ta part, murmura-t-elle presque trop suppliante.

Elle s'agrippa à la chemise du Sauveur, y plongea son visage et reprit ses suppliques. Et là, tout contre sa torse, trop près de son cœur, Dwight eut l'impression de l'entendre prier.

— Il ne cause pas beaucoup encore celui-là, hein ?

— C'est un poliévik, lui dit-elle comme si l'Américain qu'il était la comprenait. Il est important. Trop important.

— Et donc, ça l'empêche de parler ?

— Toi, tu parles de trop.

Sonia le gratifia d'un sourire triste et se hissa sur la pointe de ses pieds. Leurs nez se rencontrèrent, leurs respirations — qui par ailleurs chez Dwight s'accéléra, indubitablement — se mêlèrent l'une à l'autre, et la trentenaire baisa chastement sa joue.

— Mais ça, ça l'a toujours été. Pas vrai ?

Matriocka¹ | THE WALKING DEADOù les histoires vivent. Découvrez maintenant