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- J'espère qu'il n'avait pas de famille.

C'est très monstrueux de ma part de prononcer ce genre de phrases, mais je l'espère sincèrement du fond du cœur. Je n'aurais pas voulue qu'il ai quelqu'un qui l'attende à son domicile, comme moi j'ai attendue mon frère.

Allongée à contempler le plafond, je songe à la suite. À mon étonnement, je ne suis pas si bouleversée par la mort de l'inconnu. Mais je sens que le poids de ce péché ne va jamais me lâcher, même aux portes de ma propre mort.

Bien que je ne connaisse rien aux meurtres, ni aux détectives et tout ça. Mais j'ai quand même prit soin de nettoyer mes empreintes de l'arme du crime. Je change de position dans mon lit, m'allongeant de côté, lorsque mon bras se cogne contre un objet froid. Je regarde le téléphone à clapets posé sur les draps à motifs de fleurs pastels.

Je lui ait volé son téléphone.
Pas la meilleur action après un meurtre, mais au moins ça augmentera mes changes d'avoir des réponses à mes questions. Étonnement, je ne suis pas si inquiétée par le fait de me faire attraper par la police, sûrement parce que je n'ai plus rien à perdre.
À cet instant précis de ma vie, je m'en fous littéralement de ce qui peut m'arriver.

Tout ce dont j'ai envie, c'est des réponses.

~

Un bruit sonore me fait sursauter. J'ai d'abord l'impression que l'on sonne à la porte, mais après un court instant, je me rend compte que c'est le téléphone. Sur le qui vive, l'adrénaline à son pic, le cœur battant la chamade, je saisi l'engin à mains légèrement tremblantes.

J'essaie de me calmer pendant que la sonnerie ne cesse de chanter. J'expire un bon coup avant de décrocher et d'apporter le cellulaire à mon oreille.

- Où est-ce que tu fiches mon pote? Ramène ton cul! Une souris m'a chuchoté que deux mecs des Aigles s'apprêtent à entrer sur notre quartier à minuit, j'envoie l'adresse. Il ne faudra surtout pas qu'ils mettent le pied sur notre territoire, on peut ouvrir le feu facilement, sous prétexte qu'ils se trouvent là où il ne faut pas. Eh, tu m'étends?!

Sa voix est grave mais dépêchée, il vient sûrement de connaître l'information. Je jette un rapide coup d'œil sur l'horloge, 22.30.
J'ai dormi tant que ça? En même temps avec ce qui s'est passé ces derniers jours, pas étonnant que je me suis fatiguée. Et encore, je suis toujours autant épuisée. C'est sûrement plus une fatigue psychologique, que physique.

Merde, une réponse.

- Heu, huh....

Je cherche mes mots, mordant mes lèvres nerveusement. Chaque seconde de silence ne fait qu'augmenter mon angoisse.

- Ne me dis pas que...

Je peut jurer que mon cœur a raté un battement, je redoute silencieusement la suite, m'attendant au pire. Mais ce que j'entends à l'autre bout du fil me surprend plus que je ne le pensais.

- Tu gémis?! T'es dégoûtant! T'es vraiment en train de faire ça pendant qu'on s'appelle? Dégueulasse! Bref fini ton machin et on se voit plus tard!

Bouche bée.
Ne me dites pas qu'il a prit mon bégaiement pour un gémissement! Non seulement, mais il m'a aussi raccroché au nez. Après tout de quoi est-ce que je me plains? Une nouvelle route se dessine à l'horizon, je me dois de l'emprunter.

Il faudra que je me rende sur les lieux avant tout le monde. Pendant que je m'habille je reçois un message, c'est l'adresse. Quelle chance, ce n'est qu'à quelques minutes d'ici!

J'opte pour un ensemble de survêtements noir, une casquette, ainsi qu'un masque, pour masquer mon visage au plus. Cette fois je prend soin d'enrouler mes poings de bandages bien serrés, le sang à coagulé mais pas entièrement soigné. Ce n'est qu'un cas extrême, mais si je devrais me battre, je dois être prête. Cette situation est différente de la dernière, cette fois-ci, je ne suis pas seule face à l'ennemi.

Les nuits de Tokyo | Michael KaiserOù les histoires vivent. Découvrez maintenant