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Je me retourne au son de cette voix masculine, me retrouvant en face d'un jeune homme au visage inconnu. J'essaie de lui sourire pour paraître aimable tout en gardant en tête ma mission. Je suis en territoire ennemi, ne pas baisser ma garde. J'aurais aimer le repousser, mais je ne sais pas comment.

- Non, vous vous trompez.

Il affiche une mine légèrement déçue, mais ne baisse pas les bras. Il propose de m'accompagner jusqu'au buffet, et je n'ai pas de raisons pour lui refuser. À contre gré je passe un bras sous le sien en forçant un sourire malgré moi.

Pendant le trajet je regarde attentivement autour de moi, je ne me différencie guère des autres femmes présentes. Elles sont toutes splendides, leurs robes sont plus belles les unes que les autres, leurs accessoires se marient en parfaite harmonie et décorent leurs visages, accentuant les traits légers que seules les femmes ont.

J'ai même une sensation d'être beaucoup trop simple, et ne m'accorde pas avec cet intérieur. Après tout, mon but ne constitue pas à dépasser les bornes. C'est peut-être mieux si je ne saute pas aux yeux.

- Puis-je connaître votre nom?

Je regarde une nouvelle fois mon accompagnateur. Cet homme me dépasse d'une bonne tête, mais reste plus petit que Kaiser. Et plus mince d'ailleurs. Ses cheveux bruns des plus ordinaire, sont plaqués à son crâne, et brillent sous l'énorme lustre accroché au plafond. Son sourire est feint et forcé, ce qui ne m'échappe pas. Je décide de jouer la comédie jusqu'à ce que j'en aurai marre.

- A-.... Anaïs.

Je me suis reprise au dernier moment, j'ai tendance à oublier que je me trouve dans le territoire ennemi.

- Enchanté Anaïs, quel jolie nom.

Encore ce sourire feint. Je n'aime pas la façon dont il me regarde, mon instinct me crie de m'éloigner de cet inconnu.

- Vous ne me demandez pas le mien?

Pourquoi je lui en veux? Après tout, moi-même j'affiche un sourire forcé. J'allais le lui demander mais un serveur se pointe devant moi. Son dos me fait face. Il se courbe légèrement, et j'ai à peine le temps de voir le tatouage sur sa nuque caché par les cheveux et effectivement, je le reconnais tout de suite.

- Du champagne, du vin? Oups pardon!

Il reverse le plateau sur l'inconnu et s'empresse de sortir des serviettes pour les lui plaqués sur le costume.

- Assez, laissez moi tranquil je m'en occupe.

Son cri percute les murs du grand salon, attirant le regard des autres, il s'écrie par dessus la musique de fond, et continue en marmonnant dans sa barbe, et en s'essuyant les vêtements.

- Tu es ici pour boire du thé et discuter avec les invités?

Je pose mes yeux sur le serveur qui devait garder un œil sur moi. En forçant les sourcils je le saisi par le bras pour le faire tourner vers moi, pour qui il se prend?

- De quoi j'me mêle, fait ton boulot et moi le mien.

- Je n'ai pas l'impression que tu travailles.

- Mêle toi de tes affaires.

- On appelle ça le prodige. Dit-il en chuchotant, plus pour lui-même.

Je serre les dents, et son bras par la même occasion. On est là comme deux enfants en train de se chamailler en pleine mission. Je doit garder mon calme, respire. Je remarque une oreillette accroché à son oreille et couvert par des mèches.

- Michael te dit de ne pas prendre trop de temps.

Je lève les yeux au nom du blond. J'aurai dû m'en douter, il observe la scène avec les yeux de cet aigle, dont je ne connais toujours pas le prénom. Je le vois pour la première fois et j'espère, ne plus le revoir.

Les nuits de Tokyo | Michael KaiserOù les histoires vivent. Découvrez maintenant