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Le son répétitif des machines au fond est le seul qui m'accompagne dans la pièce noyée par le blanc des murs. L'air est imprégnée de médicament et de désinfectant à m'en donner la nausée. La lumière filtre à travers les jalousies, décorant le visage de Kaiser de ses rayons généreux. Il est paisiblement allongé sur son lit, les traits vides de toutes émotions, nul d'expressions.

Je suis assise sur le seul fauteuil présent, mes doigts enlacés à ceux du blond. Et je reste silencieuse car je n'ai rien à dire. Pourtant, le docteur m'a proposé de lui parler. Il m'a affirmé que les patients peuvent entendre ce qu'on leur dit. Qu'ils peuvent sentir notre présence et nos soutiens.

- Ils veulent que je te raconte une histoire? Dis-je en plaisantant.

Mais mon sourire n'est empreint d'aucune joie, il s'agit plutôt d'une grimace. Mais quitte à rester là et ne rien dire du tout, je devrais entamer un monologue. Ou juste exprimer mes pensées à voix haute.

- En parlant avec Barou, je me suis rendue compte que l'on a jamais eu une conversation ouverte avec toi. Tu ne m'a pas parlé de ton passé, et moi non plus.

J'ai l'impression d'être une folle, parlant à moi-même. Mais tant mieux, personne ne peut me voir si vulnérable. Et si, si jamais, Kaiser m'entend pour de vrai, je vais l'harceler et le poursuivre avec un couteau bien aiguisé pour qu'il oublie tout. Je peux déjà l'imaginer me taquiner pour le reste de ma vie.

- Tu m'en a caché des choses.

J'aurais aimé voir mon expression lorsque Barou m'a tout raconté. À ce qu'il paraît, Kaiser est le fameux boss au visage inconnu. Lui qui est si jeune, a du hériter de ce poste il n'y a pas si longtemps, suite à la mort de son père. Et voilà moi qui débarque, au début je n'était qu'un caprice aux yeux du blond, lui qui ne voulais pas être le leader de cette organisation. Il m'a fait entrer à la Mafia seulement pour montrer aux autres son désintérêt, en balayant des mains les règles bien strictes. Du moins c'est ce que j'en déduis. Puis il a commencé à partir en mission avec moi, pour m'avoir à l'œil.

Et le "capitaine"? Ai-je demandé au noireau. C'est le cousin de Kaiser, au nom de Yoichi Isagi, ils ont presque le même âge à ce qu'il paraît.

- Je ne vais pas te passer un savon alors, reviens vite.

Je peux très clairement imaginer Kaiser ouvrir les yeux à tout moment car il n'a pas pu retenir son rire. Éclater dans une esclaffe si joyeuse que je lui pardonnerai tout mensonge. Mais il reste là, les paupières closes. Il paraît si serein.

- Peut-être que j'étais une enfant non désirée mais, ça ne m'a pas empêché d'être aimée.

Ça y ait, ça commence à sortir, alors je ne me retiens pas.

- Je ne me souviens pas de mes parents. Et je ne les ai jamais cherché, c'était leur choix de m'abandonner. Pendant longtemps j'ai grandi dans un orphelinat, seule et sans amis. Les autres enfants me fuyaient pour une raison que je ne sais toujours pas, même du point de vue adulte.

Je souffle un bon coup, et regarde le plafond dans le but d'arrêter le flot de larmes qui me submerge. Je n'ai jamais prononcé ces paroles à voix haute, et encore moins à quelqu'un.

- Puis il est arrivé. C'était un beau garçon, d'à peine moins âgé que moi. Il était trop mignon, et je ne saurais dire pourquoi sa mère l'a abandonné à un âge si avancé. Il a fêté ses six ans cette année là, et pour son malheur, il se souvient parfaitement de sa parente. Les autres enfants se moquaient de lui, et l'embêtaient. Je ne pouvais pas rester de côté, donc je suis allé à son secours. Depuis ce jour, il ne m'a pas lâché d'une semelle.

Les nuits de Tokyo | Michael KaiserOù les histoires vivent. Découvrez maintenant