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Jetant un regard par-dessus l'épaule de Shidou, j'y vois le blond. Les mains dans les poches, il est dans un ensemble gris. Ça lui va tellement, je m'en mord la lèvre. Mais comme il l'a dis, il n'est pas d'humeur. D'habitude si souriant et joueur, là c'est à peine s'il a fermé l'œil de la nuit. De mon côté, j'ai dormi si paisiblement, on m'aurait entendue ronronner.

- T'inquiète Michael, on rigole seulement.

Shidou passe un bras sur mes épaules, son corps se collant au mien. D'ordinaire je l'aurait repoussé, mais je suis occupée à déchiffrer le regard de Kaiser. Je devrais avoir honte de me pointer devant lui comme ça, de le regarder sans avoir envie de baisser les yeux.

Mais avant tout, je me dois d'interroger Aiku. Je n'aimerais pas m'imaginer des choses sans qu'il ne s'explique avant. Et ensuite seulement, je vais expliquer la situation à Kaiser, seulement après.

- Je suis désolée, pour hier.

Le blond semble détendre ses sourcils, et son visage s'adoucit. Il lève sa main tatouée pour m'ébouriffer les cheveux attachés en une queue de cheval.

- Rah... tu m'a gâché ma coiffure.

Je remet en place mes cheveux, en essayant de sourire. J'ai quand même une énorme culpabilité en me tenant à ses côtés. J'essaie de blaguer et de paraître gentil, mais à l'intérieur je bous, sachant que la griffe d'élite a tué son frère.

Il sera très fâché lorsqu'il apprendra que je lui ai caché l'identité de son pire ennemi. Peut-être qu'il ne m'adressera plus jamais la parole. Je ne peux pas lui en vouloir, mais je vais quand même demander à Aiku d'abord. C'est décidé, ce soir dès que je rentre, je vais toquer chez lui pour avoir des réponses.

- Oh les amoureux~

Je repousse enfin le bras de Shidou. Ce dernier ne semble offensé le moins du monde. Son sourire en coin ne disparaît pas pendant qu'il s'approche de Kaiser, et feints de le frapper, en donnant des coups en l'air. Je me demande s'ils se connaissent depuis longtemps, bien que je les vois rarement ensemble.

- J'y vais. Dis-je en les quittant.

- Où est-ce que tu pars comme ça?

Kaiser m'arrête en saisissant mon avant-bras.

- Qu'est-ce qu'il y a?

- Je suis venu te chercher, le capitaine nous demande.

- Nous deux?

Je reçois seulement un hochement de tête en guise de réponse. Je le suis dans le couloir, laissant le cafard seul sans rien dire. Quelques minutes plus tard on se trouve dans le cabinet du capitaine. Il affiche une mine très sérieuse, comme à son habitude d'ailleurs.

- Comme vous avez dû le deviner, la dernière mission a en fait été un piège. On aurait dû s'y attendre.

Le capitaine fronce des sourcils, il est très énervé. Je sens Kaiser se raidir juste à mes côtés, me donnant l'impression que le capitaine est rarement dans cet état.

- Je suis désolé les gars, vous avez risqué vos vies.

- Vous ne saviez pas, ce n'est pas grave. Dis-je en essayant de paraître calme.

Je ne peux m'en prendre qu'à moi même. Par contre je suis étonnée qu'il ne m'interroge pas sur la griffe d'élite. Je dépose un regard discret sur le blond, demandant ma question avec les yeux. . Il secoue la tête. Je vois, il ne lui a pas parlé de notre rencontre, mais pourquoi cacher une si importante découverte?

- Bref! Dit le capitaine en tapant dans ses paumes. Je suis content que vous soyez sains et saufs. Après une nuit si tourmentée, je vous offre un jour de congé. Amusez vous bien demain.

Les nuits de Tokyo | Michael KaiserOù les histoires vivent. Découvrez maintenant