Mathieu et Madeline

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OS à la demande d'un lecteur, suite Check On Me.
Contrairement à l'histoire, ce récit est fictif. Mais Mad a tellement imaginé cette scène qu'elle est presque palpable.
Au futur petit bout.


Madeline était allongée sur le lit de l'hôpital, épuisée mais incapable de fermer les paupières. Elle était effrayée que lorsqu'elle rouvrirait les yeux, elle se retrouverait dans un autre univers, une autre vie,  loin de cette bulle magnifique où plus rien ne comptait sauf eux trois. C'était l'inconnu complet mais pourtant, aucune angoisse, elle savourait ce moment tant elle l'avait attendue. Elle n'avait pas retiré le nouveau né de ses bras depuis qu'on lui avait tendu. Elle le contemplait encore et encore, n'arrivant à croire que ce bébé était enfin là. Ils l'attendaient depuis bien plus longtemps que neuf mois tant ils avaient eu du mal à concevoir. Les traumatismes physiques des agressions subites n'avaient pas été que sur le moment, ni quelques mois après mais bien sur des années. Néanmoins, malgré la douleur et l'impatience, ils ne se souvenaient que du bon comme de la première fois échographie ou des larmes de Mathieu quand lui, l'avait sentie bouger.
Elle réajusta pour la énième fois le petit bonnet, seulement pour avoir une raison de la toucher. Elle n'arrivait à s'en détacher, admirant chaque détails, de ses petits doigts se refermant contre son indexe à ses lèvres roses se pinçant en cœur.

Le blond, lui, était assis sur le fauteuil, digérant les dernières heures. Il avait vu Madeline souffrir, pleurer, crier et tout ce qu'il avait pu faire, c'était de lui tenir la main et de trouver les mots les plus rassurants possibles. Et, malgré, la vue du bébé, il n'arrivait à oublier la peur et le sang. Il s'était imaginé avoir un million de réaction mais celle-ci, celle de la sidération ne faisait pas partie de ses plans. Néanmoins, c'était incontrôlable, son inconscient prenant le dessus, le laissant repenser à tous les horreurs par lesquelles elle était passée.
Seulement, même si Madeline était obnubilée par le nouveau né, elle n'en oubliait pas le jeune homme. Lorsqu'elle lui jeta un coup d'œil, elle ne put louper son visage pâle et ses yeux dans le vide.


« Mat ? » Il sursauta presque avant de la regarder. « Ca ne va pas ? » Il secoua la tête, les lèvres pincées. Il refusait de lui mentir, au risque de la blesser, mais ils avaient appris tôt dans leur relation que le mensonge n'était pas une solution. La vérité, elle, permettait d'avancer et de trouver des solutions, aussi dur soit elle. « Pourquoi ? »

« Te voir souffrir était vraiment difficile. » Sa voix se brisa naturellement à la fin de sa phrase, prouvant un peu plus son désarroi. 

« Je vais bien maintenant, je t'assure. » Il acquiesça tout en la fixant, essayant d'y croire lui aussi et d'oublier les derniers instants. « Est-ce que tu veux la prendre ? »

« J'ai peur de pas faire ce qu'il faut. Elle est tellement...petite. Elle a l'air trop fragile. » Elle n'abandonna pas l'idée. A la place, elle attrapa la sonnette d'urgence pour appeler une infirmière sous le regard surpris de Mathieu. Celle-ci arriva rapidement et s'approcha immédiatement de Madeline pour vérifier que tout allait bien. « Est-ce qu'il serait possible de la donner à mon conjoint ? Pour faire un peau à peau ? Je crois qu'il en a besoin. » 


Elle accepta et attrapa le nouveau né. Il retira son haut, le cœur battant la chamade. Madeline eut un sentiment de vide mais surtout, elle fut happer par une vague de fatigue et d'inconfort immense. Maintenant, qu'elle ne tenait plus sa fille, la réalité de l'accouchement revenait brusquement. Néanmoins, elle s'installa de profil pour regarder Mathieu, refusant de louper leur premier moment mais surtout, certaine que de les regarder lui ferait oublier toute douleur. Et ce fut le cas, elle l'observa s'installer et recevoir dans ses bras le nouveau né. Il serrait la mâchoire, angoissé mais surtout, pris d'une émotion certaine en sentantson poids si léger. Il ne vit pas l'infirmière partir, trop concentrée sur la petite fille dans ses bras. 


« Elle est minuscule, putain. » Il secoua la tête. C'était sa fille, le cadeau d'une vie offert par la personne la plus importante dans son monde. Maintenant, elles étaient deux joyaux dans sa vie, c'était certain. « Elle est magnifique. »

« Complètement. » Madeline souriait comme elle ne l'avait jamais fait auparavant.

« Merci. »

« De ? » Elle fronça les sourcils, confuse. Lorsqu'il releva le menton, elle put voir ses joues trempées de larmes. 

« De m'avoir donné une chance...de m'avoir fait confiance...de m'avoir donner le statut de père. » Il mordilla l'intérieure de sa joue avant de reprendre. « J'te promets de tout donner pour être le meilleur. »

« J'ai aucun doute que tu le seras. » Il haussa les épaules, plus pour combler le silence que pour répondre réellement. « Aucun. »

« J'arrive pas à croire qu'elle est dans mes bras. On l'a tellement attendue...tellement imaginée...et elle arrive à être au-delà nos espérences. » 


Il passa un doigt le long de son bras, un peu plus à l'aise. La petite fille dormait, paisiblement, rassurée par la chaleur et les battements du cœur de son père. 
Madeline ne pensait pas pouvoir aimer plus Mathieu mais pourtant, alors qu'il retenait des sanglots dans le creux de sa poitrine, ému de tenir ce petit être, une vague d'amour pour lui la submergea fortement. Elle ne put retenir quelques larmes silencieuses, la fatigue n'aidant pas à garder constance.


« Ce rôle de papa te va à merveille. »

« Ne dis pas ça, je vais encore craquer. » 

« Mais je le pense vraiment. Un papa d'amour. »   

Nos démonsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant