Echouée

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Au bord de l'eau, je suis allongée dans le sable où chaque petites vaguelettes font virevolter mes cheveux bruns telles des algues. Je fixe distraitement le ciel plombé de nuages plus ou moins gris. Je crois qu'il fait froid parce qu'il n'y a pas de rayon de soleil et que je ne sens plus mes extrémités. Pour autant, je reste immobile, appréciant les derniers picotements sur mes joues. Si je voulais, je pourrai lever la tête et voire mes jambes se noircir sous ma robe danseuse comme une méduse dans l'eau,  suivant le gré de la nature que je ne contemple plus. 

J'entends tes pas dans le sable, tu t'y enfonces mais jamais tu ne t'y engloutis. 

Puis, tu t'arrêtes à mes côtés pour te pencher au-dessus de moi. Je vois tes prunelles noires mais ne prend la peine de m'y arrêter. Je regarde encore le ciel, je l'attends. Il est temps. Tes mains prennent en coupe mon visage mais je n'ai le temps de les sentir que tu les retires, surpris de ma froideur, de mon absence. Mes lèvres sont bien trop gelées pour te dire de partir mais mon coeur te le cri, te l'ordonne. Mais tu ne t'arrêtes pas, tu te souviens de tout notre amour, de nos deux cœurs qui se battent l'un pour l'autre, de nos deux corps qui s'animent l'un pour l'autre. Tu m'embrasses avec peine puis t'allonges sur moi, espérant me protéger de ses vagues qui semblent subir la marée. Malgré tout, tu n'as pas froid, tu restes brûlant et fort. Ta peau reste rose et douce et l'iode n'arrive à cacher ton parfum. Néanmoins, les éléments naturels font barrières. Et ce n'est plus un simple temps gris mais une réelle tempête.

Tu bois la tasse, tu t'essouffles, tu trembles. 

Mais tu restes.

Tu restes mais l'ouragan dans ma tête devient réelle. Le vent monte jusqu'à devenir insoutenable. Tu t'accroches à moi, désespérément, mais le sable m'attrape et ne veut plus me lâcher. Je n'essaye pas de m'en débattre. Je suis apaisée tandis que tu cris en te déliant. Ma peau s'accroche à toi et de simples fils entre nous nous relient dorénavant. Ils sont fins, rouges d'un amour sincère mais usés. Ma robe sanglante si fortement qu'elle en devient noire.

Je disparais encore et encore. 

Ils s'effilochent encore et encore.

Puis ils se rompent.

Je disparais.

Je t'entends hurler sur cette plage mais je n'en fais rien. Mon coeur a tâché ta poitrine mais tu ne l'essuis pas.
Puis, tu finis par contempler le ciel, attiré par un rayon de soleil. 

Nos démonsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant