9-1-1 : Je mérite le rêve

Chapitre 4 : Seras-tu mon souffle dans les eaux profondes ?

Eddie se comporte bizarrement.

Pas d'une manière inquiétante, mais il est définitivement différent. Il n'arrête pas de regarder Buck, ses yeux bruns intenses et chaleureux. Buck sent le poids de son regard — il a toujours su quand Eddie le regardait — mais quelque chose a changé. Il sourit davantage, le touche davantage, le taquine davantage, mais tout cela semble...

Buck ne sait pas comment le décrire, mais il ne va certainement pas s'en plaindre.

Quoi que ce soit, Eddie a l'air heureux. Peut-être a-t-il suivi le conseil de Buck et a-t-il décidé de se lancer ? Peut-être a-t-il trouvé quelqu'un et va-t-il tenter de sortir à nouveau — cette fois pour lui-même — et le poids, la culpabilité qu'il traînait commencent à s'alléger. Il se tient un peu plus droit, la tête haute, les yeux plus brillants. Il était même de bonne humeur après sa séance de thérapie la semaine dernière. Ce qui n'arrive jamais.

Ça va faire mal quand Eddie arrivera avec une nouvelle copine. Buck est quelqu'un de jaloux, de mesquin, et il sait que ses émotions prendront le dessus, mais il sera là pour son ami, bon sang. Il gardera Christopher, encouragera Eddie à sortir. Il ira même jusqu'à l'aider à choisir des lieux de rendez-vous et des tenues pour qu'il donne toujours la meilleure impression possible. Il peut le faire. Il peut être le pote d'Eddie.

Mon Dieu, ça craint. Il ne veut pas être le pote d'Eddie. Il veut —

Peu importe ce qu'il veut. Ce qui compte, c'est le bonheur d'Eddie, et si Eddie peut le trouver avec quelqu'un d'autre, alors il le mérite. Buck peut très bien ravaler ses sentiments. Eddie ne voudra jamais de lui, il le sait.

Le Dr Copeland dit à Buck qu'il est un peu trop négatif envers lui-même ces derniers temps, mais il travaille là-dessus. Et honnêtement, il est juste réaliste. Parfois, la vérité est dure et douloureuse, mais il doit être pragmatique quant à l'avenir. Il sait qu'il peut gérer le fait qu'Eddie sorte avec quelqu'un maintenant. Bien sûr, ça fera mal, ça sera dur à voir, mais peut-être que cette fois, ça fera un peu moins mal.

Peut-être qu'avec le temps, Buck pourra être heureux pour son ami sans le sentiment de jalousie qui l'accompagne.

Pour l'instant, il est juste heureux d'avoir enfin enlevé son écharpe de maintien. Il peut bouger son bras, rouler son épaule (ça fait encore un peu mal, mais il ne l'admettra pas), et même se pencher sans avoir à s'arrêter pour reprendre son souffle. Il a fallu un mois entier, mais Buck a enfin l'impression de se remettre.

"Le voilà !"

Chimney est le premier à le voir et se précipite pour lui faire un câlin — toujours avec précaution.

"Regarde-toi, debout et tout. Comment tu te sens, mec ?"

"Bien", répond-il avec sincérité. "J'en pouvais plus d'être enfermé, je suis enfin autorisé à conduire maintenant."

Il fait tourner ses clés autour de son doigt avec enthousiasme. Il est tellement heureux de pouvoir faire les choses par lui-même qu'il n'a même pas été dérangé par la circulation infernale entre chez Eddie et la caserne. Il a chanté tout le long du trajet avec la radio, un sourire plaqué sur le visage malgré l'embouteillage.