3 : MourningStar

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J'ai pas eu l'occasion de beaucoup discuter de la situation avec la toubib. On avait chacun nos idées très arrêtées sur la situation de Mars. Je n'avais malheureusement pas toutes les cartes en main. A mon « époque », on parlait surtout d'une guerre froide deux-point-zéro. Entre les Nations Unies et Mars, on racontait qu'il y avait quelques tensions sur les colonies lunaires, mais rien d'extra. Le problème de la Lune c'est que les colons n'avaient pas grand-chose, Mars c'était... tout le contraire. L'humanité avait envoyé bon nombre de ses meilleurs scientifiques pour que le projet de colonisation se passe dans les meilleures conditions. Ensuite, comme je l'ai déjà dit, on y a foutu tous les rebuts de la société ainsi que les corporations pro-militaristes qui possédaient le monopole du marché de l'armement. Pas besoin d'être un grand génie pour savoir que la branlée correctionnelle allait arriver, et pourtant non, aucune grosse tête siégeant au conseil des NU n'avait vu venir le suppo de la taille d'une ogive thermonucléaire qu'on allait leur insérer de force et sans vaseline dans l'endroit qui ne voit pas souvent le soleil.

De ce que m'avait brièvement expliqué Volusa, il y avait eu plusieurs escarmouches s'étalant sur des dizaines d'années, jusqu'à ce mars sorte une nouvelle carte de sa manche, un nouveau type de croiseur stellaire lourd, classe « Imperator », dont le doux surnom était « brise-surface ». Cette brique d'acier de neuf cents mètres de long tout droit sortie des chantiers navals de Deimos était venue se mettre en vol stationnaire dans la stratosphère, au-dessus du continent européen, puis il avait tout bonnement atomisé l'Angleterre et une partie de la France. C'est là que les grands politicards et les adeptes de « bien-pensance » ont compris qu'ils avaient merdé en considérant les colonies martiennes comme une poubelle géante. C'était déjà trop tard pour les millions d'innocents que Mars avait vaporisé en claquant des doigts.

La conversation avec la blouse blanche n'était pas allée plus loin. Apparemment quelqu'un devait me parler sérieusement de la situation et enfin m'expliquer ce que je foutais là. On m'avait fait traverser la moitié de l'hôpital pour rejoindre l'aile administrative. Le petit bonus ? Faire le chemin avec une chemise médicale, la classique avec le cul à l'air. Sans doute une technique martienne pour s'aérer le cif. J'avais même eu droit à une paire de bracelets en carbure de tungstène, car après tout, je restais sans doute dangereux même la fente à l'air.

J'étais si dangereux qu'on m'avait collé un binôme de porte-flingues pour m'accompagner. Le binôme me laissa devant un bureau d'accueil. Là, un type avec une manucure digne d'une coiffeuse, avec un piercing au-dessus de lèvre option Vanessa, me redirigea vers un couloir adjacent, me montrant vaguement une chaise devant la porte d'un bureau tout aussi aseptisé que le reste du bâtiment. L'avantage c'est que les caisses publiques de Mars n'avaient pas dû dépenser beaucoup pour la décoratrice d'intérieur.

Les mains toujours attachées, les minutes s'écoulèrent, puis les heures, jusqu'à ce qu'un scribouillard passe la tête par l'encadrement de la porte pour m'inviter à entrer. La raie toujours à l'air, je suis rentré dans son bureau. ça sentait le renfermé. En même temps difficile d'ouvrir les fenêtres quand l'hôpital avait tout d'un putain de bunker.

Avant même d'échanger le moindre mot, le bureaucrate posa un doigt sur le capteur central des menottes et le verrouillage sauta aussitôt. Le bracelet chuta lourdement sur le sol pendant que je massais les poignets. Le type en question avec une bonne quarantaine, un peu boudiné dans son costume. Il avait encore la marque d'une alliance qu'il avait dû retirer récemment, ça expliquait peut-être pourquoi les boutons de sa chemise peinait à masquer son bide.

— Voilà donc le petit protégé d'Armada ? Ravis de vous voir debout.

Armada ? Je ne savais pas ce que la Corpo avait à foutre dans cette histoire, mais j'avais déjà comme idée que ça n'allait pas me plaire. Olympus était un hôpital militaire... peut-être lié à Armada ? ça aurait expliqué pourquoi les gars qui m'avaient conduit jusqu'ici étaient équipés comme des types des forces spéciales. Le type se pencha doucement en avant, comme s'il allait me révéler les numéros du quinté plus.

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