Tw: Noyade
Pendant quelques secondes je pensais encore être sur mon petit bateau, sentir la pluie qui tombait mouiller mes vêtements, mes cheveux et mon visage, entendre derrière moi le bruit du moteur en train de mourir en crachotant d'une inquiétante manière. C'était comme si la houle de l'horizon bleu se mouvait encore devant et sous moi. Que l'angoisse continuait de monter sans jamais décroître à l'image d'une marée perpétuelle et infinie. Que l'eau algide me submergeait encore, me donnait la sensation de mille lames acérées transpercées violemment ma chair de toute part, contraindre ma respiration et mes muscles. Je ressentais encore une dernière fois avant d'ouvrir les yeux cette terreur immense qu'aucun mot ne saurait retranscrire assez fidèlement. Le frisson de la peur d'être conscient de sa mort vint puis reparti.
Mécaniquement j'essuyais mes yeux dont je sentais des larmes chaudes rouler sur mes joues dans un silence de plomb. Pas un reniflement ni même un seul sanglot ne s'échappait de ma gorge serrée à l'extrême.
J'étais censée être morte, je m'étais vu mourir, j'avais rendue mes dernières forces. Alors pourquoi étais-je en train de penser ?
Je sentais mes yeux s'agiter sous mes paupières closes, ma cage thoracique se mouvoir au gré de mes respirations rapides, et quand je posais ma main sur ma poitrine, je ressentais les vrombissements des battements de mon cœur. Je m'apercevais peu à peu difficilement que l'air gonflait mes poumons et oxygénait mon cerveau. Pareille à une renaissance j'avais l'impression d'être à nouveau un nourrisson de quelques secondes de vie qui sentait sa première goulée d'air bruler son larynx pour remplir ses poumons.
Je ne comprenais pas ses sensations, alors de ces sentiments nouveaux naquit une nouvelles salve de larmes qui déferlèrent le long de mes joues. J'avais mal partout. Mon visage me tiraillait. Mes cotes ainsi que mes membres inférieure aussi.
Lorsque j'effectuai le moindre mouvement d'affreux vertiges doublé d'une nausée envahissante s'ajoutait à ce florilège de sensations toutes plus désagréables les unes que les autres. Évidemment je cherchais à me calmer sans pour autant parvenir à annihiler ne serait-ce que le trouble causé par mes incertitudes, attendant pendant des secondes infinies que mes agitations mentales et physiques ne me laissent finalement en paix.
Au rythme de mes acouphènes et de ma vision trouble tournait en une boucle assourdissante la même question ; « Suis-je morte ? »
Ne pas avoir de réponse concrète à cette simple question m'impatientait. Normalement c'était le genre de chose que l'on savait sans même réfléchir, si nous étions morts ou bien vivants. Mais la situation n'était pas normale. L'odeur d'encens qui flottait dans les parages me mit la puce à l'oreille, car si j'adoptais un raisonnement de logique pragmatique et que je partais du principe que j'avais été secourue, on ne faisait pas brûler d'encens dans les chambres médicales. Dans l'urgence de mes questionnements obsédants j'analysai scrupuleusement les alentours en dépit de mes nombreux maux; le carrelage du sol était trop décoré, le bois du lit trop sculpté et travaillé pour ressembler aux meubles qui m'étaient familiers. Rien dans cette pièce ne rappelait au minimalisme et à la sobriété d'une chambre d'hôpital, même les éléments de décor les plus simples tels que les vitres et encadrements de fenêtres étaient détaillés par du vitrail coloré ou de précise gravures l'ornementale.
Dans la semi-obscurité totale mes yeux secs cherchèrent un interrupteur sur les murs pour m'éclairer, et ils cherchèrent longtemps. J'avais beau inspecter de mon lit chaque centimètre carré des murs, je n'avais trouvé la moindre trace d'un interrupteur ni même d'une prise de courant sur ceux-ci.
Spontanément j'eus l'idée de trouver quelqu'un, en général dans les œuvres de fiction c'était en dialoguant avec autrui que le protagoniste pouvait mettre le doigt sur la source de l'ambiguïté d'une situation aussi étrange que la mienne. Même si mon raisonnement me paraissait ridiculement trop fantasque, après tout, je n'avais pas grand-chose à perdre à l'essayer.
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Plume [fanfiction Leiftan]
Fanfiction« Un visage d'ange est bien souvent l'apanage du plus vile démon... » Mon histoire s'inspire très TRÉS largement de la ligne directrice originale d'Eldarya tel qu'imaginée par ChinoMiko (conceptrice du jeu), certains détails de l'histoire peuvent d...