Chapitre 48. Étreinte des Astres

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Cassie

Quelle soirée désastreuse.

Eliott et Emma sont couchés depuis plus d'une heure. Je leur ai tout raconté lors d'une réunion de crise dans ma chambre après que je sois rentrée de mon excursion en ville. Ils ont tous les deux eu un avis bien tranché sur ce qu'il y a de mieux pour moi désormais.

Pour Emma, je dois penser à mon bien-être avant tout et j'ai bien agi en mettant un terme à notre relation qui n'en a jamais été vraiment une. Pour Eliott, c'est différent. À ses yeux, j'aurais dû laisser à Lawton plus de temps pour qu'il puisse s'expliquer.

Pour ma part, bien que je sois fière de lui avoir dit ce que j'avais sur le cœur, je ne me sens pas mieux pour autant. Même si Louis dissimule tout ce qu'il ressent derrière son masque d'homme fort et insensible, dans ses iris, il y avait une étrange lueur.

Était-ce de la douleur ? Du regret ? Je n'ai pas su le traduire.

Un long bâillement m'échappe. Je dois dormir. Demain, j'aurais besoin de m'armer de courage pour assumer ma décision jusqu'à la fin de mon séjour ici. Et après ça, il va me falloir du temps pour me convaincre que j'ai fait le bon choix.

Arrête de trop penser, veux-tu ?

Alors que je m'apprête à éteindre la lumière, plusieurs éclats de verre retentissent sur la terrasse, juste devant ma chambre. Je sursaute et manque de tomber du lit dans le feu de l'action.

C'est quoi ce boucan ?

J'imagine immédiatement un cambrioleur armé jusqu'aux dents, qui est venu spécialement me dépouiller. Je me précipite alors vers mon sac à main pour saisir mon poing américain ainsi que ma bombe au poivre. C'est tout ce que j'ai en ma possession pour repousser un potentiel ennemi...

Les bruits semblent s'être arrêtés, pourtant cela ne m'empêche pas de serrer plus fort chaque gadget entre mes paumes. Me sentant hautement courageuse, je tire le rideau opaque d'un coup sec. Une veilleuse éclaire partiellement la silhouette à quelques mètres de moi.

Un sentiment de soulagement m'envahit puis un autre d'incompréhension. Je trouve Louis, assis sur l'un des transats, de profil, regardant l'horizon. À ses pieds, plusieurs bouteilles en verre sont exposées en mille morceaux.

Les jugeant inutiles, je lance mes armes sur une commode à ma gauche. Ce n'est pas d'elles dont j'ai besoin, mais de Dieu.

Qu'il me vienne en aide...

Discrètement, je tente de refermer le rideau ni vu ni connu, mais malheureusement, ses yeux s'informent de ma présence bien avant.

Nous restons de longues secondes à nous regarder. Pourquoi est-ce que Dame Nature l'a façonné si subliment ?

Dangereux.

C'est dangereux quand je me mets à penser comme ça. Même si j'ai laissé ma colère au bar, ce que je ressens en ce moment n'engage rien de bon...

Lentement, il se lève, sans quitter mes iris des siens. Louis avance jusqu'à arriver devant moi. Ses opales sont lourdes de sens, et j'en viens à baisser la tête pour me libérer du feu d'émotions qui jaillit à l'intérieur de moi. Au même moment, je vois nos mains superposées l'une sur l'autre, séparées juste par le mur de verre. Je les fixe un moment puis retire la mienne. Malgré la froideur de la vitre, j'ai senti sa chaleur.

Je suis perdue.

Complètement perdue.

Machinalement, mon autre main déverrouille la baie vitrée puis la fait coulisser pour qu'elle s'ouvre d'une cinquantaine de centimètres. Le vent frais caresse mes jambes et mes épaules nues. J'avais oublié que je ne portais qu'une petite chemise de nuit en soie noire. Louis ne bouge pas d'un iota, mais son regard se perd sur chaque partie de mon corps qui frissonne face à lui.

Charmes TrompeursOù les histoires vivent. Découvrez maintenant