Chapitre 7 - Situation amoureuse et familiale compliquée.

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Mon esprit était en ébullition depuis mon baiser avec Dean, ce qui m'empêcha de trouver le sommeil. Contrairement aux nombreuses insomnies qui m'avaient gagnées ces derniers mois, une certaine légèreté avait accompagné cette nuit. J'étais presque ... Heureuse ?

En tout cas, j'étais très excitée à l'idée de ce rapprochement et de revoir Dean. Est-ce que je pourrai le revoir ? Il était en cavale et était revenu dans la ville spécialement pour l'enterrement de son frère.

Pourtant, je n'arrêtais pas de penser à lui, à sa main qui avait touché tendrement ma joue, à ses lèvres qui m'avaient offert ce doux baiser.

Dean n'était pas sentimental, encore moins affectueux. Il se présentait comme un homme au caractère volcanique, parfois violent et je savais à quel point cela était vrai. Ses traits étaient durs et s'adoucissaient que rarement, lorsqu'il se montrait vulnérable à mes côtés.

Sa fermeté s'atténuait également quand il parlait de Chris, son frère atteint d'handicap qui avait été condamné à tort par ... Mon père. Ce qui l'avait poussé, lui et ses "frères" à s'introduire dans mon domicile familial pour finalement m'enlever.

J'étais l'appât, ou en tout cas un moyen de pression pour libérer Chris. Malheureusement, ils comptaient sur la fibre paternelle inexistante de mon très cher père. Ce plan fut alors un échec et prolongea mon séjour parmi le gang. Originale comme première rencontre, non ? On trouvera surement une autre version pour nos amis ou nos futurs enfants.

Enfin, impossible de cacher quoique ce soit à n'importe qui vu les médias qui clamaient que nous étions "Les Amants Maudits" dans leurs gros titres ridicules.

Et depuis quand tu envisages d'avoir un quelconque avenir avec Dean, Stella ? "Nos futurs enfants", t'es sérieuse ?

Non, évidemment que je ne l'étais pas. Les moments (rares) mais délicats où Dean voulait bien dévoiler quelques extraits de sa fragilité avaient été suffisants pour que j'éprouve de la sympathie à son égard mais ils n'étaient certainement pas une raison suffisante pour imaginer quoique ce soit avec lui.

Pourtant, j'appréciais particulièrement quand mon esprit vagabondait et imaginait toute sorte de scénario impliquant une proximité plutôt torride avec Dean. Parfois, mes songes étaient plus romantiques et laisser voir une vie de famille totalement "normale" à ses côtés.

Mais la normalité était impossible, inenvisageable. Tout était difonctionnel chez nous. Peut-être que ce n'était pas très grave et qu'il y'avait une certaine beauté dans cette anormalité ? Mouais, pas sûre.

Depuis quelques temps, un autre visage venait s'immiscer dans mes pensées : celui de Jordan.

Cela me rendait mal à l'aise. Il est indéniable que Jordan était plaisant à regarder physiquement mais il était également affreusement insupportable, pas de la même façon que Dean mais c'était tout aussi pénible.

Pourtant, il était moins colérique et capricieux que Dean, ses moments de bonté étaient plus courants. C'était lui qui m'avait surement sauvé la vie à de multiples reprises pendant ma captivité en me protégeant de Dean.

Pourquoi est-ce que j'étais attirée par des hommes nocifs ? Des hommes cruels comme ... Mon père.

Qu'est-ce que c'était cliché d'avoir des daddy issues en 2023. Anne dirait que tout remontait à mon enfance et à comment je me sentie délaissée par mon père, bla-bla-bla ...

Anne était ma psychothérapeute. Elle m'avait aidé à surmonter tous les traumatismes qu'avait engendré mon enlèvement. Au vu de son utilité débordante, j'avais finalement arrêté de venir aux rendez-vous.

Effectivement, me retrouver au parloir avec mon ancien ravisseur en priant pour qu'il soit libéré a prouvé que les effets de la thérapie ne fonctionnaient pas du tout. Anne avait d'abord laissé plusieurs messages avant de finalement laissé tomber. Et si je la rappelais ? Peut-être qu'elle me prescrira des somnifères.








- Ça fait longtemps que nous nous sommes pas vues Stella, commenta Anne avec un léger sourire. Comment allez-vous ?

Anne avait promulgué un diagnostic clair au bout de nos quelques séances ensemble : j'étais victime d'un syndrome post traumatique doublé d'un syndrome de Stockholm. Qui dit mieux ?

- C'est vrai, j'étais pas mal occupée ces temps-ci.

- C'est super Stella ! Cela veut dire que vous reprenez les activités que vous aimiez autrefois ?

- Mmh non, pas vraiment. Vous pensez qu'on peut aimer deux hommes à la fois ?

Anne décontenancée par la question, se hâta de gribouiller dans son carnet niché au creux de ses genoux.

- Pourquoi une telle question ?

- Je me la pose, c'est tout.

Consciente que je ne lui disais pas tout, Anne marqua un temps de pause avant de me jeter un regard suspicieux.

- En réalité, je me demande si ma relation avec mon père influe sur mes relations avec les hommes en général, rajoutais-je dans une tentative vaine de noyer le poisson.

- Oui, notre enfance a forcément une incidence sur notre futur nous, avança-t-elle d'un ton clair et mesuré. Comment votre père vous corrigeait quand vous faisiez des bêtises enfant ?

- Euh ... Je n'en ai aucune idée. A vrai dire, j'ai très peu de souvenir de mon père quand j'étais encore une enfant.

- Mmh, je vois, conclu Anne dans une symphonie de gribouillis énergiques. Pour vous répondre Stella, oui je pense que nous pouvons aimer deux hommes en même temps. Certaines personnes ne nous apportent pas tout ce dont nous avons besoin et nous allons rechercher ce manque ailleurs.

- Donc vous pensez que ma mère couche avec le peintre parce qu'elle n'est pas satisfaite sexuellement avec mon père ?

Le stylo d'Anne s'en alla rejoindre la moquette fraichement aspirée du cabinet. C'était peut-être trop direct.





- Tu n'es qu'une traînée !

- Et toi un putain d'incapable !

Sympa le comité d'accueil. Ma maison n'avait jamais été spécialement chaleureuse mais la politesse restait tout de même de mise.

Mes parents se disputaient, ma petite révélation n'avait surement pas plu à mon père. Je ne pouvais pas lui en vouloir.

Je m'inquiétais seulement d'où se trouvait Nina, ma petite sœur. Je n'avais aucune envie qu'elle assiste à cette scène de ménage grotesque.

- Un incapable ?! Je te rappelle qui finance ton petit train de vie ?!

- J'ai jamais eu besoin de toi pour mener cette vie !

- Oui heureusement que papa et maman étaient là, ça fait quoi de s'être toujours faite entretenir ?

- Va te faire foutre !

Ok, il fallait absolument que je retrouve ma sœur. J'enjamba les marches des escaliers deux par deux à toute vitesse.

- Tire toi ! J'ai pas besoin de toi, hurla ma mère avant que je ne claque la porte de la chambre de Nina.

Elle était recroquevillée dans son lit, se rendant encore plus vulnérable qu'elle ne l'était déjà du à son jeune âge.

Je passa ma main dans ses cheveux, caressant légèrement l'arrière de sa tête.

- Pourquoi papa et maman se détestent ? Me demanda-t-elle entre deux reniflements.

- Viens Nina, on sort d'ici.

KIDNAPPÉE (Tome 2)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant