12. Répit

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— Ça va ? signe Lantana après un léger coup de pied à Lobél, qu'elle s'inquiète de voir servir de la soupe à la grimace en se pressant le bas-ventre avec deux doigts

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— Ça va ? signe Lantana après un léger coup de pied à Lobél, qu'elle s'inquiète de voir servir de la soupe à la grimace en se pressant le bas-ventre avec deux doigts.

— J'ai juste l'impression de me faire trancher de l'intérieur, grogne l'intéressé sans la regarder. Sinon, ça va, ouais...

Serrant les dents sous les œillades compatissantes de ses sœurs, Lobél réajuste son masque chirurgical par-dessus son nez et laisse l'arrière de sa tête tomber sur les murs vert menthe aux dessins d'animaux en tout genre.

Avoir des crampes abdominales n'est jamais très drôle. Ça l'est encore moins quand on marine dans la salle d'accueil d'une clinique vétérinaire – revisitée en pièce de quarantaine –, le derrière posé sur les coussins ramollis d'un affreux banc en bois.

Dire qu'ils auraient pu se reposer dans des chambres. Certes petites, mais au moins un minimum confortables... Seulement, pour ça, il aurait fallu que leur groupe se sente assez en confiance dans ce nouvel environnement.

Puisque ce n'est pas absolument pas le cas, la fratrie a décidé de rester ensemble dans le hall d'accueil. Soit, le plus près possible de la porte !

L'attention des filles finit par dévier des plis torturés sur le front de Lobél. En cause, les pas qui émanent du couloir menant à l'arrière du bâtiment. Du même mouvement, elles lèvent la tête vers Aïden qui en débouche mollement. Masque chirurgical au visage à l'instar des autres, l'esprit et les jambes dans le coton, il contourne le muret délimitant l'espace d'attente afin de rejoindre sa fratrie sur les bancs.

Lors d'une courte visite suite à l'annonce de leur arrivée inattendue à la clinique, le père Thomas leur a expliqué – avec cette courtoisie charmante propre aux prédicateurs – qu'ils étaient confinés dans ce bâtiment et non « prisonniers ».

Après s'être personnellement excusé pour le zèle de son bras armé – le rustre dénommé Hédi – le saint homme a insisté sur le fait que les jeunes gens sont en effet libres d'aller et de venir à leur guise dans les parties communes. À savoir la salle d'accueil, les toilettes, la pièce servant de salle de bains et deux des cabinets de visite réaménagés en chambres d'appoint destinées au courts séjours des nouveaux arrivants. Ceux-ci devant d'abord être déclarés covid-négatifs avant de se voir attribuer une place pérenne dans cette collectivité – dont ils ignorent encore la véritable ampleur. Seul l'accès à la pièce stratégique où sont stockés une partie des vivres, du matériel divers et les médicaments leur est interdit. Ces derniers, on le leur a promis, sont toutefois fournis consciencieusement aux membres actifs de la communauté lorsque la situation le requiert. Comme ça a été le cas pour Aïden.

— Tu t'es pas séché les cheveux, constate Lavande avec de gros yeux.

Visiblement peu dérangé par les mèches humides qui trempent son t-shirt, le concerné jette un œil distrait aux deux étrangers montant la garde devant la porte vitrée. Puis, après un regard tout aussi bref vers Émeric – qui essaie de roupiller tranquille, allongé sur un des bancs, le bras replié sur son visage – Aïden se justifie en un mot bien pensé :

Tu tousses... Tu crèves ! (TW COVID-19)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant