5. Accord bafoué

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— J'ai vraiment cru que t'allais finir comme Grâce, soupire Lavande

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— J'ai vraiment cru que t'allais finir comme Grâce, soupire Lavande.

Dégageant les boucles noires qui cascadent avec souplesse sur ses joues, elle rejoint Lantana dans la chaleur rassurante que dégage leur grand frère. Les filles viennent tout juste de jeter un œil plus consciencieux sur sa blessure et le prennent d'assaut de chaque côté pour un câlin – forcé – bien mérité.

— On l'a tous cru, renchérit Lobél, assis sur la table basse face au grand fauteuil beige qui les accueille avec son lot de poussière « saine ». Elle nous manque, à nous aussi... Mais c'est pas une raison pour essayer de la rejoindre à la première occasion.

— Ce n'était pas mon intention, souffle Aïden. Je suis désolé.

Entre eux, son rapprochement avec la jeune étudiante n'est pas un tabou. Plutôt un souvenir, des sentiments, dont la douleur brûle encore à vif si tôt après un décès.

Leur groupe étant de retour dans la grande maison où il a passé la nuit, ils se sont débarrassés sur le pas de la porte de leurs blousons et de presque toutes les autres affaires ayant traîné dehors. Seul Aïden a gardé son bandana kaki sur son visage.

L'endroit, resté assez propre malgré son odeur de renfermé et les quelques objets jonchant le parquet, se voit très spacieux. Meublé dans un style rustique vieillot à l'atmosphère agréable, ce salon épuré devait être des plus chaleureux en hiver et offrir un super espace de convivialité durant les vacances d'été.

Installée sur un des multiples canapés du salon, juste en-dessous d'une fenêtre ouverte sur le jardin désert afin d'aérer la pièce, la fratrie laisse l'émotion mettre à mal la distance de sécurité restant normalement de mise en toutes circonstances. Bien qu'intimement touché par le regard affecté de son cadet et l'inquietude persistante de leurs sœurs, Aïden rebute à ce que ces dernières pressent leurs minois dénudés sur son t-shirt –  potentiellement souillé par des micro-organismes qui auraient filtré sous sa veste. Il les pousse donc gentiment à se redresser.

Tenant tour à tour les iris noisettes de ses cadets des siens, il tente d'ignorer les palpitations de sa plaie ouverte en reprenant :

— Je ne voulais pas vous faire peur. C'est juste que... Vous savez que je ferai toujours tout ce qui est en mon possible pour que vous surviviez. D'ailleurs, vous devriez vraiment garder vos distances... Même si je n'ai pas été mordu, j'ai peut-être été contaminé. Je ne me le pardonnerai jamais si vous tombez malade à cause de moi.

Sa tirade mélodramatique lui vaut une tape bien sentie de la part de Lantana, qui signe ensuite :

— Nous, on ne se pardonnera jamais si tu te sacrifies pour nous protéger. On a besoin de toi, Aïden. Vivant !

— C'est vrai, confirme Lobél. T'es la seule famille qu'il nous reste et, mine de rien, on t'adore.

Manquant d'essuyer ses cils humides d'un geste machinal, Lavande entremêle ses doigts afin de sʼen empêcher et enchaîne :

Tu tousses... Tu crèves ! (TW COVID-19)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant