10. Moment de faiblesse

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Présentement

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Présentement

Février 2024,

Meung-sur-loire.

Le soupir qui s'échappe des lèvres d'Aïden a tout d'un sanglot.

La tête penchée en arrière, il calcule à peine l'eau fraîche ruisselant sur son visage. Et pour cause ! Au-delà de l'épuisement, de la faim, et du contre coup d'émotions bien trop intenses, les cinquante grammes de codéine contenues dans l'antidouleur qu'il a avalé peu avant la tombée de la nuit le mettent sensiblement dans les vapes.

Son corps est sous un jet d'eau – dans une douche aménagée au fond de l'espace autrefois réservé au toilettage des bestioles soignées dans cette clinique vétérinaire –, mais son esprit flotte ça et là. Tantôt perdu dans les souvenirs d'une enfance joyeuse changée en adolescence dévastatrice, tantôt réfugié dans la pièce reculée du complexe aquatique d'Orléans. Là où ses lèvres baisaient cette peau brune satinée. Où ses mains caressaient et honoraient la douceur de sa poitrine généreuse, la fermeté de son bunda¹, avant qu'il ne gagne au mérite l'accès au bijou préservé entre les cuisses de sa Grâce.

L'affection d'une langue avide et un glorieux orgasme sur le rebord du jacuzzi, sous les rayons impudiques de l'astre lunaire. Ça a été le lot de la jeune femme ce soir-là.

Bordel, ça l'a même été beaucoup d'autres soirs après celui-là.

Aujourd'hui, d'un coup, plus de Grâce. Loïc meurt lui aussi, à peine un jour après, abbattu comme la pire des vermines avant qu'il n'en devienne vraiment une. Et boom ! Juste comme ça, c'en est fini de la famille Lopes. Alors qui garantit que celle des Bui-Mathis ne subira pas bientôt le même sort ?

Les yeux clos, Aïden se pince les lèvres. Il s'efforce de chasser ses idées moroses en se lavant enfin le visage. Ses doigts savonneux frottent mollement sa peau grasse, frôlent son piercing au septum et grattent sa barbe négligée en quelques gestes machinaux afin d'en éliminer les impuretés. De fins filets de mousse Savon de Marseille dévalent le long de son cou, courent sur ses épaules nues et s'enroulent avec une certaine sensualité autour de ses muscles en action.

La « pleine conscience » de son esprit cotonneux surpasse celle de son environnement, de même que les bruits de l'eau ruisselant sur le carrelage de la pièce. L'alliance des deux étouffe aisément l'écho des pas qui surgissent dans la zone de lavage.

La petite bouche pointue d'un voyeur s'étire dans un sourire d'anticipation. Sans gêne aucune, il profite du spectacle qui s'offre sous ses yeux bleus à travers les boîtes en tout genre posées sur différentes structures en inox. 

Observant d'abord les sillons coulant sur ces cuisses musclées, il remarque la façon dont Aïden tient sa jambe arquée vers l'extérieur afin d'éviter de mouiller l'énorme bandage protégeant sa blessure. Ses interminables dreadlocks marron aux extrémités miel se balancent dans son dos au gré de son astiquage nonchalant. Couvrant le creux de ses reins, mais laissant exposé le galbe de ses petites miches bien rondes.

Tu tousses... Tu crèves ! (TW COVID-19)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant