II.

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De : Christian Turin

Objet : Toutes mes condoléances.

Date : 11 mars 2015

À : Marko Ivanov


Cher Monsieur Ivanov,

Je me permet de vous écrire pour vous annoncer une bien triste nouvelle.

Votre mère, Petra Ivanov vient de décéder dans les locaux de notre unité de vie Alzheimer. Elle s'est ôté la vie.

Depuis son admission en 2010, elle montrait déjà des signes d'une profonde dépression mais nous pensions que ce n'était que passager.

Étant de sa famille, il est de votre devoir de venir vous occuper des formalités.

En espérant vous voir arriver au plus vite, veuillez accepter mes plus sincères condoléances.


Christian Turin.

Directeur Unité de Vie Alzheimer, Dunkerque.




Marko recrache son café en consultant ce mail ce matin-là. Sa mère est morte. Elle s'est suicidé.

_Chéri, appelle une voix douce. Tu vas être en retard au boulot.

Charlotte, sa tendre épouse, apparaît dans l'encadrement de la porte du petit bureau.

_Je ne pense pas que je vais aller travailler aujourd'hui.

Sa femme s'approche et découvre le mail. Elle pousse un petit cri et se couvre la bouche de sa main.

_Mon dieu Marko...

Ce dernier appelle rapidement le proviseur du lycée et laisse un message dans lequel il termine en larmes, avant de se réfugier dans sa chambre. Dans la pièce douillette et meublé d'un luxe minimaliste, Marko s'assoie sur une liseuse. Il ferme les yeux et inspire profondément plusieurs fois. Pourquoi se mettre dans un état comme ça ? C'est lui-même qui a coupé les ponts avec sa mère, il y a plusieurs années. Charlotte frappe à la porte :

_Mon cœur, qu'est-ce que je peux faire pour toi ?

_Me réserver un billet pour Dunkerque au plus tôt.

La jeune femme hoche la tête et s'en va dans le bureau faire ce qu'on lui demande. Pendant ce temps, Marko jette plusieurs affaires dans un grand sac. Que des vêtements chauds et confortables. Il n'a pas envie de retourner dans le Nord. Il n'a que trop bien connu le froid. Une petite tête blonde dépasse du grand lit en baldaquin en fer blanc.

_Guillaume, qu'est-ce que tu fais là ?

_Pourquoi tu fais ta valise papa ? demande le petit garçon, inquiet. Tu ne veux plus vivre avec nous.

_Papa doit aller régler une affaire mon ange. Ne t'en fais pas.

Sans rien dire, l'ange blond se réfugie dans les bras de son père. Marko le sert le plus fort possible. Soudain Charlotte réapparaît :

_Veux-tu que je t'accompagne ? Je pourrais déposer Guillaume chez mes parents, lui dit-elle, compatissante.

_Non, ça ne devrait pas être très long, lui répond son mari. Maximum quatre jours, je ne veux pas prendre de risque pour toi et le bébé.

_Mais chérie...

_J'ai dit non Charlotte ! s'emporte Marko. Je n'en aurais pas pour longtemps.

Le visage de la jeune femme devient tout triste. Charlotte a toujours été très proche de ses parents. De riches aristocrates de Paris. Elle ne comprend pas pourquoi Marko est aussi froid.

Un vent d'EstOù les histoires vivent. Découvrez maintenant