Prologue

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Paris. 20H52

Une jeune femme remonte tranquillement le couloir du quatrième étage de l'hôtel Bristol. Ses hanches ondulent. Sa jupe fourreau noire épousent ses courbes. Ses talons s'enfoncent dans la moquette moelleuse. Sa queue de cheval coiffée-décoiffée est la perfection même. Un smocky charbonne ses paupières. Ses yeux bleus restent hauts et fixent. La lumière tamisée du couloir projette des ombres sur sa chevelure platine. Plus que quelques mètres. La porte de la suite apparaît. La jeune femme frappe doucement.

_Entrez, déclare une voix masculine.

« Une voix de fumeur » pense-t-elle. Doucement, elle ouvre la porte et pénètre dans la suite.


Au même moment dans le quartier des Champs-Élysées, une jeune homme s'approche de son fils endormie sur le canapé. Délicatement, il le prend dans ses bras et l'emporte dans sa chambre. Une fois qu'il l'a couché, il le regarde et se penche pour lui embrasser le front. Son fils. Son petit garçon adoré. On dirait un ange avec ses boucles blondes soyeuses qui tombent sur ses yeux fermés. Héritage de sa mère. Le jeune homme lui porte sur son visage les traits ukrainiens de ses parents. Du moins de sa mère. Le père n'a jamais été bien présent. Il embrasse une dernière fois son fiston et ressort de la pièce à pas de loup, rejoindre son épouse. Quelle belle femme, il a. De taille moyenne, blonde, yeux marrons, bouche rieuse. Elle est d'autant plus belle, qu'elle est enceinte. Presque cinq mois. Une petite fille. Sur le canapé, elle s'allonge et pose sa tête sur ses genoux. L'homme en profite pour caresser ses fameuses boucles d'or. Il lui raconte sa journée au lycée. C'est un professeur d'histoire et géographie dans un bon lycée de la capitale française. Un poste qu'il n'aurait sans doute jamais pu avoir sans l'aide de son beau-père. Les débuts étaient durs pour nos deux amoureux. Mais pour l'instant tout va pour le mieux. Jusqu'à la semaine prochaine.


L'homme à la voix de fumeur regarde la jeune femme qui se tient encore sur le pas de la porte. « Prête à attaquer, une lionne » remarque-t-il. C'est vraiment un joli petit lot. Peau clair, cheveux blond platine, les yeux sont peut-être trop chargés. Le maquillage pèse lourdement. Mais bon dieu, cette jupe noire lui scie les jambes. Il a déjà envie de la prendre, de la posséder. Lentement, elle s'approche de lui, dans des gestes gracieux de félin. Une bouche rouge et pulpeuse. Elle se présente :

_Je suis votre accompagnatrice pour ce soir. Dois-je rester ainsi ou me mettre une autre robe ?

« Reste comme ça petite putain ». Les autres seront clairement verts de jalousie. Sans échanger plus de mots, ils sortent de la suite et se dirigent vers le parking. Une voiture avec chauffeur les attend. « Encore un gala de charité » se dit-elle. La jeune femme a l'habitude. C'est son métier, elle ne s'en cache pas. Faire la belle pour un chef d'entreprise influant devant ses concurrents le temps d'une soirée et le satisfaire autrement le temps d'une nuit, elle connaît. Dans la voiture, une grosse Mercedes, il fait bon. Son compagnon lui prend la main et la pose sur sa cuisse. Il est déjà en érection. Cela va être une folle soirée. Rapidement, ils arrivent devant un hôtel particulier proche du Louvre. Devant, une foule distinguée se presse d'entrer. Une froide soirée de mars. La jeune femme repère quelques autres femmes « comme elle ». Belles, robes de créateurs, chaussures coûteuses, mais toujours ces yeux fuyants. « Soyez à ce que vous faites les filles ». Le fumeur l'empoigne par les hanches et ils entrent dans la bâtisse. Un gala pour venir en aide aux enfants du Mali annoncent plusieurs affiches. Pourquoi pas ? On la remarque tout de suite. Enfin surtout les hommes. Son physique ne passe jamais inaperçu. Le vieil homme est fière qu'on le voit à côté de cette déesse blanche. Presque une vierge. Le spectacle commence.


Sa femme est partie se coucher. Le jeune homme reste seul sur le canapé dans le salon chaleureux. Il retourne dans la salle à manger et ouvre sa sacoche de travaille. Une multitude de copies lui glissent dans la main. Une grosse partie est corrigée, il s'attelle aux dernières restantes. Il aime son travail. Oui c'est un professeur qui aime son travail. Mais plus particulièrement ses élèves. Il arrive toujours à les captiver lors de ses cours et ne rencontre jusqu'à présent aucun soucis avec eux. Un vrai bonheur. Pourtant, la vie n'a pas toujours été clémente avec cet homme. Mais aujourd'hui tout va pour le mieux. Cette copie par exemple, de la jeune Joséphine est parfaite. Joséphine comme prénom pour la petite fille à venir ? Sa femme voudrait l'appeler Jade et son fils Saucisson. Mais ce dernier prénom est forcément à exclure. « Mais j'adore le saucisson » bougonne le petit garçon à chaque fois que ses parents lui disent de changer d'idée. Bon ils leur restent encore plusieurs mois de réflexions et pleins d'aventures à vivre.


Sans le savoir ces deux jeunes gens vont se réunir bientôt.

Un vent d'EstOù les histoires vivent. Découvrez maintenant