III.

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La ville de Dunkerque n'a pas changé constate Marko en sortant de la gare. Froide et grise. Une centaine de mètres plus loin, il arrive dans l'hôtel. Le réceptionniste se montre tout de suite plus réceptif lorsqu'il sort sa black-card. Une fois dans sa chambre, assez grande tout de même, il dépose son sac et redescend aussitôt.

_Pouvez-vous me donnez les numéros des sociétés de taxi ? demande-t-il au réceptionniste.

_Mais bien sûr mon cher monsieur, dit-il en énumérant les chiffres.

_Merci.

Marko sort rapidement et compose le premier numéro.

_Bonjour, je voudrais un taxi pour me rendre à l'Unité de Vie Alzheimer de l'avenue des Sports, s'il vous plaît. Je me trouve à l'hôtel B&B de la gare.

_Pas de soucis, répond un interlocuteur avec un fort accent jamaïcain. Je serais dans un cinq minutes.

Le jeune homme raccroche et soupir de soulagement. Un taxi parisien mettra beaucoup plus de temps à venir le chercher. Marko en profite de l'attente pour mieux analyser la ville. Il traînait beaucoup dans ce quartier quand il était encore gosse. C'était le repère des bandits. Aujourd'hui, il semble plus moderne mais on aperçoit encore quelques tags ici et là. Le taxi arrive. Le chauffeur a la peau mate, le salue gentiment quand il s'engouffre à l'arrière.

_Donc c'est avenue des Sport qu'on va ? demande-il en allumant une cigarette.

_Oui, confirme Marko.

Le chauffeur conduit comme un sportif. Il doit confondre les rues avec un circuit de petites voitures comme ceux qu'à Guillaume. Marko repense alors à son fils. Il pensait que son papa partait, ne voulait plus vivre avec eux. « Jamais je ne te ferais ça Guillaume » pense-t-il. Marko n'est pas comme son père. Au bout d'une quinzaine de minutes, ils arrivent à destination.

_Garder la monnaie !

Marko se retrouve seul face à un terrain de foot, la maison de retraite se trouve plus bas. Il commence à descendre la route. C'est un quartier tranquille, rien de comparable à leur appartement branlant pas loin du port. Arrivé devant le bâtiment, il n'hésite pas et entre au plus vite.

_Je peux vous aider , demande une jeune secrétaire blonde et plutôt jolie.

_Je m'appelle Marko Ivanov et je viens voir monsieur Turin.

La blonde fait le rapprochement et s'empare du téléphone.

_Au fond du couloir, à gauche, troisième porte, lui dit-elle. Toutes mes condoléances.

Marko lui sourit timidement et s'en va dans la direction indiquée. Il pousse la porte entrouverte qui s'ouvre sur un bureau de bonne taille. Une table de réunion, d'environ douze personnes, lui barre d'abord le passage pour atteindre le bureau en bois sombre de monsieur Turin. Ce dernier est un petit homme au visage sympathique. Une étincelle de vie brûle dans ses yeux si pales qu'ils paressent blancs. « Bien vu dans une maison de retraite ».

_Monsieur Ivanov je suppose ? Bonjour, je suis Christian Turin, directeur de cet établissement. Veuillez prendre un siège. Nous avons...beaucoup à parler.

Marko serre la main qu'il lui temps et s'assoie.

_Je dois d'abord vous présenter encore une fois mes plus sincères condoléances, commence Turin. Petra était encore jeune mais pourtant, elle a très vite rejoint notre unité Alzheimer. Elle présentait d'importants symptômes de cette satanée maladie et comme elle était seule, elle ne voulait pas prendre le risque de mettre quelqu'un en danger ou elle-même. Vous savez cette maladie n'attaque pas uniquement la mémoire.

Un vent d'EstOù les histoires vivent. Découvrez maintenant