Un vent d'Est

IV.

Irina fixe son frère jumeau, de cinq minutes plus jeune qu'elle. En fait la jeune femme a l'impression de se regarder dans un miroir tant la ressemblance est frappante. La mâchoire de son frère est tout de même plus carré et recouverte d'une barbe de trois jours. Que doit-elle faire ? L'embrasser le prendre dans ses bras ? Le frapper ? Sans crier gare, Marko prend les devants et lui tend la main. Hésitante, Irina la sert maladroitement.

_Tu as l'air en pleine forme, Rina.

Encore ce stupide surnom enfantin !

_Toi aussi, Marko.

La tension électrique est palpable. Turin s'en rend compte et préfère intervenir :

_Il vaudrait peut-être mieux continuer dans mon bureau.

Tous les trois, ils retournent donc dans la vaste pièce. Le directeur prend s'assoie et invite ses visiteurs à faire de même. Le frère et la sœur prennent place sur les petits fauteuils verts foncés, se tournant presque le dos.

_Nous rentrons juste de la morgue, mademoiselle, commence Turin. Peut-être voudrez-vous aller voir feu votre mère ?

_Pour voir un corps sans vie non merci, répond la jeune femme, sur la défensive. Nous devons remplir quelconques papiers je suppose ?

_Votre frère a déjà rempli, étant donné qu'il est arrivé en premier. Et comme votre mère n'avait pas laissé de réelles instructions, j'ai du improviser.

_Du moment que c'est fait, murmure Irina. Autre chose ?

_Nous allions nous rendre dans sa chambre pour trier ses effets, intervient enfin Marko.

_J'ai bien cru que tu avais perdu ta langue, le taquine sa sœur.

_Ne commence pas !

Alors qu'ils se disputent en ukrainien, le directeur frappe plusieurs fois sur son bureau.

_S'il vous plaît, plaide-t-il, les nerfs sur le point de craquer. Petra m'avait prévenu qu'entre vous tous ce n'était pas tout rose mais pour l'amour du ciel, faites des efforts juste pour les prochains jours à venir. Le temps de régler toute cette histoire.