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— Lev, dépêches-toi bon sang, si on rate le repas à cause toi je te jure que je te fais dormir avec ta stupide chienne qui bave partout pendant une semaine !

Abby sursauta lorsque le jeune garçon sauta de l'arbre dans lequel il était perché, juste devant elle.

— Gaïa ne passe pas son temps à baver, et tu baves plus qu'elle quand tu dors, donc je ne risque pas grand chose.

— Je savais que c'était une mauvaise idée de t'avoir laissé dormir avec moi, marmonna Abby, les joues rouges. La prochaine fois que tu fais un cauchemar tu te débrouilles.

Lev laissa échapper un petit rire et lui lança une pomme qu'il venait de cueillir dans l'arbre, avant de secouer sa tête pour faire tomber les feuilles qui s'y étaient posées.

Plus d'un an s'était écoulé depuis leur arrivée chez les Lucioles de San Catalina, et Abby n'avait jamais été aussi heureuse. Lev et elle s'étaient intégrés assez rapidement, car certains des Lucioles, des rescapés de l'hôpital de Salt Lake City qui avaient réussi à fuir avant le massacre de Joel Miller, la connaissaient, ou du moins connaissaient son père. Abby avait donc pu reprendre une vie normale, et avait retrouvé presque toute sa condition physique.

De son côté, Lev avait bien grandi, s'adaptait à la vie normale et parlait de mieux en mieux. Il avait fini par dissiper la méfiance qu'il avait pour les Lucioles au début, et participait même parfois à certaines activités sans Abby, ce qui était une victoire car les trois premières semaines après leur arrivée il avait campé avec son arc devant leur porte presque toutes les nuits, refusant de laisser la jeune femme seule, prêt à la défendre. Abby s'était entêtée à lui expliquer qu'ici ils ne risquaient rien, et il avait fallu un long moment au jeune garçon pour qu'il s'autorise à se détendre et à profiter de leur chance d'être ici.

Toute leur vie n'avait ensuite été que bonheur, jusqu'à ce qu'Abby cède au stupide caprice de Lev qui, du jour au lendemain, s'est mis à vouloir un chien, alors que lorsqu'il avait vu Alice pour la première fois, il en avait eu une peur presque panique. Abby avait bataillé quelques jours, mais avait fini par céder, sous l'insistance et l'argumentation constante du garçon.

Bien évidemment, au lieu de jeter son dévolu sur un chasseur, ou un chien qui aurait pu avoir une quelconque utilité militaire, Lev s'était attaché à une chienne qui bavait partout et les suivait à la trace en jappant joyeusement. Il l'adorait et ne s'en séparait jamais, et bien qu'Abby refuse de l'admettre, c'était également son cas, mais si elle donnait raison à Lev, elle en entendrait probablement parler pour les trois prochaines décennies.

Ce dernier siffla, et, presque aussitôt, se fit engloutir par une énorme masse sombre qui lui sauta dessus et se mit à lui lécher le visage en remuant joyeusement la queue. Abby tendit la pomme à Gaïa pour qu'elle laisse Lev respirer, puis l'aida à se relever, avant de l'inspecter pour vérifier qu'il n'était pas blessé.

— Je te jure qu'un jour elle finira par te tuer et ce sera la mort la plus nulle que cette apocalypse ait jamais vue, Lev.

Le jeune garçon leva les yeux au ciel en souriant et se mit à courir vers le centre, en bas de la colline sur laquelle ils se trouvaient, suivi d'une Abby qui retint à temps son juron lorsqu'elle manqua de se faire renverser par Gaïa, qui elle, dévalait la pente à toute vitesse.

— Je croyais que tu avais faim, Abby ? lui lança le garçon depuis le bas de la colline, tandis que la jeune femme descendait prudemment à cause de son vertige qui l'empêchait de courir les pentes trop ardues.

— Oui, j'arrive, bon sang !

Après quelques minutes, la jeune femme atteint finalement le bas de la colline et fut accueillie par un grand coup de langue affectueux de Gaïa, puis ils se dirigèrent vers le centre, pour prendre le repas qu'Abby attendait avec impatience depuis vingt bonnes minutes.

— Tu devrais te détacher les cheveux plus souvent. Tu es jolie avec les cheveux lâchés. Enfin tu es jolie avec les cheveux attachés aussi, lui dit Lev au milieu du vacarme de la cantine, en la pointant du bout de sa fourchette, la bouche à moitié pleine.

Abby rougit légèrement et haussa les épaules :

— C'est juste que mon élastique s'est cassé, c'est plus pratique pour moi d'avoir les cheveux attachés, je ne les ai pas dans les yeux et c'est plus simple pour se battre.

— Je sais. Mais tu es quand même jolie.

Elle lui sourit chaleureusement et le remercia, tout en notant dans un coin de sa tête de se détacher plus souvent les cheveux lorsqu'elle restait au centre, pour faire plaisir à Lev.

— C'est la première fois qu'on a du bateau au chocolat à la cantine, c'est délicieux, reprit Lev en dévorant sa part les yeux brillants. C'est la première fois que je goûte du chocolat, et la première fois que je goûte un bateau aussi. J'aime beaucoup les deux.

— Gâteau, Lev, avec un « G », pas bateau, le corrigea gentiment Abby en souriant. Je t'apprendrais à en faire si tu veux.

Lev hocha gravement la tête, comme à chaque fois qu'il apprenait un nouveau mot et regarda Abby d'un air suppliant pour lui réclamer sa part, ce à quoi elle haussa les sourcils et l'éloigna du garçon.

— Ah non c'est la mienne, tu n'avais qu'à pas dire que je bave en dormant !

Et tandis que Lev râlait dans son coin en disant qu'elle était trop susceptible, Abby se dit que leur nouvelle vie en cette apocalypse était tout de même formidable, et qu'ils méritaient amplement leur bonheur.

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⏰ Dernière mise à jour : Sep 21, 2023 ⏰

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