hotel california | the last of us part III

[ ii ]

Son sac sur l'épaule, elle s'accroupit derrière un muret délabré et attrapa son fusil. Elle n'avait pas croisé beaucoup de Wolf ou de Scars depuis un moment, ces derniers semblant avoir disparu, ce qui n'était pas pour rassurer Ellie. C'était bien trop calme pour qu'elle soit vraiment en sécurité, et Ellie partait toujours du principe que temps qu'elle voyait et entendait le danger, elle pouvait gérer. Aussi, elle restait méfiante en traversant l'ancienne ville, maintenant en ruines, aux aguets du moindre bruit, tenant fermement son arme.

Elle avançait lentement, vérifiant ses entourages, et se figea en entendant un craquement de bois suivi d'une voix non loin d'elle sur la droite. Elle sentit les battements de son cœur s'accélérer et regarda rapidement par un trou dans le mur là où les briques s'effritaient. Elle aperçut alors deux hommes, chacun armé d'un fusil, dos à elle, qui semblaient s'être arrêtés ici pour faire une halte, ayant attaché un cheval à un vieil arbre qui lui faisait un peu d'ombre. Des Wolf.

Ellie sentit son crâne bourdonner, et le frisson d'adrénaline provoqué par la proximité du danger la rattraper. Étonnamment, ce sentiment la rassura, dès qu'il s'agissait de se battre, elle était en terrain connu, Joel l'avait habituée au combat depuis si longtemps que c'en était devenu une seconde nature chez elle.

Aussi, c'est étrangement sereine, avec l'esprit plus relaxé qu'il ne l'avait jamais été en huit mois, qu'elle changea son fusil pour son pistolet semi-automatique, et se mit à ramper dans les hautes herbes pour se rapprocher des deux hommes. Autant profiter de leur présence pour leur soutirer des informations. Elle arriva à leur niveau, au point de pouvoir les entendre se plaindre de leur voyage, et attrapa violemment l'un des deux hommes en le dépossédant de l'arme qu'il tenait. Elle pressa son avant-bras contre sa trachée pour l'immobiliser, tout en pointant son arme sur l'autre homme, avant qu'aucun des deux n'ait le temps de réagir.

— Jette ton putain de fusil hors d'atteinte ou je bute ton pote. Maintenant ! le menaça-t-elle en le voyant hésiter, serrant plus fort le cou du Wolf qu'elle tenait en otage.

Il lança son fusil dans l'herbe vers Ellie, et mit ses mains en évidence au dessus de sa tête, tandis que cette dernière lui intima d'un mouvement de son arme de s'agenouiller.

— Pourquoi y'a aucun Wolf nulle part ? Qu'est-ce que vous foutez à vous planquer comme ça ?

— C'est la faute des Scars, qu'ils aillent se faire foutre. On a attaqué leur village à Seattle y'a un moment, mais y'a eu un problème et tout a pris feu à cause de leurs putain de baraques en bois. Depuis il y a une sorte de guerre civile constante, cracha le soldat Wolf en lui lançant un regard haineux. Au moins ils ont perdu autant de membres que nous dans ce merdier.

Ellie hocha lentement la tête, les yeux plissés par méfiance, sans pour autant baisser son arme et serra un peu plus la gorge de l'homme :

— Et vous pourquoi vous avez pas crevé ? Vous avez une autre base autre part qui participe pas aux assauts ?

— Tu penses vraiment qu'on va te donner des infos comme ça ? se mit à rire d'un air un peu nerveux le soldat, qu'elle tenait pourtant en joue, avant d'ajouter d'un ton mesquin : T'es bien tarée toi, c'est à se demander comment t'as fait pour survivre jusqu'ici.

Pour toute réponse, la jeune femme, qui n'aimait pas qu'on la prenne de haut de la sorte, redirigea son arme vers l'homme qu'elle tenait en otage et lui tira une balle dans le crâne. La détonation résonna dans tout son bras, lui faisant ressentir à nouveau ce frisson de culpabilité qu'elle avait appris à ignorer au fur et à mesure des gens qu'elle tuait. Elle redirigea lentement son arme vers l'autre homme, qui tremblait à présent, regardant le cadavre de son compagnon avec des yeux écarquillés.

— Je répète. Où est votre base ? demanda à nouveau Ellie en détachant chaque mot.

— Non, par pitié... On n'est même pas des vrais Wolf, on a juste volé les armes et uniformes de deux soldats pour nous défendre et faire peur aux gens qui seraient un peu trop curieux, je vous en supplie... Même l'histoire avec les Scars on les a juste entendus en parler, je vous le jure !

Elle dégagea le cadavre, commençant à perdre patience, et pointa son arme entre les yeux du soldat :

— Dernière chance.

— Je vous jure que je ne sais rien, par pitié, j'ai mes enfants qui m'attendent chez moi, ne faites pas ça... Je suis désolé, laissez-moi partir...

Ellie grogna puis abattit la crosse de son arme sur la tempe de l'homme, qui s'écroula au sol, inconscient, les yeux révulsés. Elle n'avait pas beaucoup de balles, et devait les économiser, alors s'il ne se faisait pas tuer par des infectés durant son sommeil, il pourrait peut-être rentrer chez lui, jugea Ellie en décrétant que l'homme n'était pas un danger immédiat, et qu'il ne lui serait d'aucune utilité. Elle prit le temps de les dépouiller, lui et le cadavre de son compagnon, et chercha à récupérer leurs munitions avant de se rendre compte que leurs deux fusils n'étaient pas armés. « L'homme n'avait peut-être pas menti, pensa-t-elle, en détachant le cheval, si ça se trouve j'ai tué un pauvre type qui était juste terrifié de sortir ». Elle donna une pomme trouvée dans le sac d'un des deux hommes à l'animal, avant de l'enfourcher, essayant de ne pas y penser, puis attrapa sa carte et se remit en route vers Jackson, pouvant, à cheval y arriver avant la nuit.

Elle progressa ainsi à cheval durant une bonne partie de la journée, s'emmitouflant dans la vieille veste de Joel, qu'elle avait gardée, à cause de la fraîcheur de mars qui lui piquait le visage et les bras, et s'enfonça dans la forêt, ancien poste de garde Wolf maintenant désert. Ellie s'y arrêta un moment, et constata que les habitants semblaient avoir quitté les lieux précipitamment. Elle savait qu'elle même n'y était pas pour rien, les éclaboussures de sang sur les murs témoignant de son passage, lorsqu'elle avait fait le chemin de Jackson à la ferme avec Dina pour la première fois.

Cependant, cela remontait à plusieurs années maintenant, et les gardes avaient dû être remplacés. Soit ce n'était pas le cas et les Wolf manquaient cruellement d'effectifs, soit ils avaient été remplacés et envoyés chez les Scars comme l'avait dit l'homme. Ils étaient sûrement morts à l'heure actuelle, ou autre part. Quoi qu'il en soit, le poste étant à l'abandon, Ellie se dit que vu la manière dont les lieux avaient été quittés, il y restait sûrement des ressources qui pourraient être utiles. Elle fit donc rapidement le tour, ramassant munitions, matériel de soin, et autre alcool pouvant toujours servir.

Cela fait, elle reprit la route, ne croisant personne d'autre. Le passage en forêt, autrefois un minimum dessiné, grâce aux patrouilles des Wolf et à Tommy, qui rendait visite aux deux femmes de temps en temps, recommençait à être couvert de végétation et d'eau stagnante, rendant le terrain boueux et glissant à cheval. Ellie, ne pouvant se résoudre à abandonner le sien au milieu de nulle part, ayant toujours le cœur serré à la pensée de Paillettes, préféra prendre son temps pour ne pas blesser ni elle, ni sa monture.

Elle avança donc lentement dans des bosquets plus fournis mais plus stables, s'entaillant le visage et les mains à cause de branches basses, rien de très grave, ou qui puisse être dangereux dans l'immédiat. « Je soignerai vite fait tout ça une fois à Jackson » se dit-elle en sortant enfin de la forêt. Elle remarqua cependant que le soleil avait plus décliné qu'elle ne l'aurait pensé, et jura contre elle même d'avoir autant prit son temps inutilement, aussi elle pressa sa monture, ne voulant pas passer la nuit dehors.

Après plus d'une heure, enfin, alors qu'elle suivait la rivière dans les bois, elle aperçu au détour d'une colline une première lueur. Elle sentit son cœur s'accélérer en voyant que c'était un des postes de garde de Jackson, touchant enfin au but, et soudain, la ville fut visible. Les lumières de Jackson apparurent, petit îlot de sécurité dans un monde dangereux, symbolique d'une nouvelle vie, de la rédemption tant rêvée, et de ses retrouvailles avec Dina. Ellie prit une grande inspiration, sentant enfin son cauchemar arriver à son terme, et se mit à descendre la colline vers les lumières de la ville.