Chapitre 1 : Les Origines Obscures

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La pluie tombait en cascade, martelant la fenêtre de ma chambre avec une furie implacable. L'orage grondait au loin, un écho lointain de ma propre tempête intérieure. Les éclairs zébraient le ciel obscurci, révélant brièvement les ombres de mon passé que je préférais oublier.

Alors que je contemplais la pluie battante, les souvenirs refirent surface, comme des spectres hantant mes pensées. Je fus ramenée à un jour lointain, lorsque j'étais une petite fille innocente de six ou sept ans, perdue dans un lugubre grenier.

Les gouttes glaciales s'infiltraient à travers les interstices, gouttant lentement sur le sol en bois pourri. J'étais assise, tremblante, enveloppée dans une couverture déchirée qui me servait de seul abri contre le froid et l'obscurité. Mes grands yeux vert translucides, emplis d'innocence et de peur, suivaient les ombres dansantes des gouttes d'eau qui s'écrasaient contre le plancher.

Soudain, la porte du grenier s'ouvrit violemment, laissant entrer une bourrasque de vent et de pluie. Mon père, un homme aux traits durs et aux yeux sans chaleur, fit son apparition. Ses vêtements étaient trempés, et son visage était marqué par la colère.

"Viens ici, maudite enfant !" rugit-il, sa voix résonnant comme un éclair dans l'obscurité.

Je sursautai, ma lèvre inférieure tremblant de terreur. J'avais appris à mes dépens que l'appel de mon père signifiait une nouvelle séance de maltraitance. Je tentai de me recroqueviller davantage dans ma couverture, mais il me saisit brutalement par le bras et me tira hors du coin sombre.

Dehors, la pluie tombait comme une malédiction, ajoutant une dimension sinistre à la scène qui se déroulait. Je le suppliai, mes mots s'étouffant dans ma gorge, mais il n'y avait pas de place pour la compassion dans les yeux de cet homme.

Arrivés dans le salon délabré de la maison, je vis deux hommes en noir qui se tenaient là. Ils semblaient aussi froids et impitoyables que la pluie qui les avait précédés. Ma mère, une femme aux traits durs et aux yeux sans âme, se tenait devant eux, le visage dénué de tout sentiment.

"Le marché est-il conclu ?" demanda-t-elle d'une voix glaciale.

Mon père hocha la tête, et un sourire cruel étira les lèvres de ma mère. Je ne comprenais pas ce qui se passait, mais je sentais que quelque chose d'horrible était en train de se produire.

Mon grand frère, assis sur un canapé moisi à l'écart, refusait de me regarder. Il baissa les yeux, honteux et impuissant, comme il le faisait à chaque fois que nos parents se défoulaient sur moi.

Dans les yeux innocents de la petite fille que j'étais, une lueur de compréhension commença à poindre. Je savais que les ennuis ne faisaient que commencer. J'étais seule, vulnérable, et mon destin venait de basculer vers les ténèbres.

...Flash-back...

Un autre souvenir sombre surgit dans mon esprit, un souvenir que j'aurais préféré oublier. J'avais neuf ans à l'époque, deux ans après ce premier traumatisme. J'avais été livrée à une organisation secrète, vendue comme une marchandise précieuse pour devenir un instrument de mort. Les séances de torture, conçues pour me rendre plus forte, avaient marqué mon esprit à jamais. J'étais encore si jeune, incapable de comprendre pourquoi on s'en prenait toujours à moi.

Un jour, l'instructeur, un homme au visage impassible, m'avait enchaînée, les bras en l'air en forme de croix. Il me parlait des techniques prodigieuses du Moyen Âge, avec une passion malsaine dans les yeux. Il était obsédé par cette technique de torture qu'il considérait comme "prodigieuse". En réalité, il n'était qu'un détraqué à qui on avait laissé un fouet pour lui permettre de donner libre cours à son imagination perverse.

Je ne comprenais rien à ce qui se passait, mais je sentais ma peau se déchirer sous les coups incessants du détraqué. À ce moment précis, j'avais décidé d'arrêter d'essayer de comprendre ce qui se passait autour de moi. J'exécuterais les ordres jusqu'à la fin de mon contrat. Jusqu'à mes dix-huit ans. Ensuite, je disparaîtrais.

Je regardai la pluie et l'orage à travers la fenêtre, réalisant que ces souvenirs tourmentés étaient désormais ancrés en moi, indélébiles comme les cicatrices qui marquaient mon corps. Mon passé sombre était la clé de mon avenir incertain en tant qu'Agent 57.

Agent 57Où les histoires vivent. Découvrez maintenant