Chapitre 33 : Séparation

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—Tu as bien fait.

Je lorgnai Ga-Eul, car je ne comprenais pas de quoi elle me parlait.

—Pour Ae-Sook. Ça vous a enlevé un poids à toutes les deux.

Je hochai la tête, tout en avançant vers le centre-commercial. Nous espérions croiser les Jeons et progresser sur nos capacités d'espionnage, qui frôlait les cinq minutes à présent. Plus nous nous y risquions, plus ils s'habituaient cependant à notre magie.

—Tu as réessayé ? questionna Ga-Eul.

—Oui, chuchotai-je.

Je pouvais désormais me le permettre sans aggraver ma gorge.

—Je l'active de plus en plus souvent la nuit.

Ce n'était évidemment pas suffisant, d'autant que je n'avais conscience qu'au réveil d'avoir voyagé dans un autre espace. Après une semaine, j'espérais que mes efforts paieraient.

—Bonne nouvelle.

—Tu as l'air inquiète, Ga-Eul.

Elle pinça ses lèvres et fuit mon regard. Suni lui avait raconté le futur. Je ne comprenais pas pourquoi ma cousine se pliait aux ordres de ma sœur. Pourquoi Ga-Eul pouvait-elle connaitre le futur et pas moi ? Ça n'avait pas de logique.

—Ce n'est pas Suni. J'ai un mauvais pressentiment.

—C'est Suni, affirmai-je.

Ga-Eul me foudroya du regard.

—Tu n'as pas de sixiè...

Je me stoppai net : un énorme fracas retentit. C'était une explosion, à n'en pas douter. Un peu plus loin, une haute colonne de fumée s'élevait. L'un des immeubles brûlait. Ga-Eul et moi courûmes jusqu'à la bâtisse et n'eûmes aucune hésitation à nous y engouffrer. A l'intérieur, la panique régnait parmi les flammes. Ceux dotaient d'un pouvoir pouvant étouffer les flammes s'évertuaient à essayer. Le feu semblait cependant toujours plus virulent.

—La fumée n'est pas bonne pour toi, me prévint Ga-Eul.

J'acquiesçai et écoutai son conseil de ne pas parler dans cet endroit. Puis je me souvins de ma barrière et la déployai autour de moi. Je me sentis immédiatement mieux.

Je fis signe à Ga-Eul de monter, il y avait sans doute bien plus de chaos aux étages supérieurs. Nous aidions ceux que nous rencontrions lors de notre ascension. Arrivés au dernier étage, la fumée était telle que notre vue était amoindrie. Cela ne dérangeait pas vraiment Ga-Eul, qui marchait comme en plein jour.

Alors que nous passions une énième porte, je me figeai. J'entendais très distinctement des pleurs. Je fis signe à ma cousine de poursuivre et allai en direction des sanglots. Je trouvai un petit garçon, sûrement autour des huit ans, assis au milieu de la pièce. Tout autour de lui avait brûlé.

—Je ne voulais pas, répétait-il.

Il m'avisa et me lança de la cendre pour m'éloigner.

—Va-t-en ! Va-t-en !

Mon corps s'immobilisa alors. Je fixai le garçon, sans comprendre. Je n'arrivais plus à avancer, ni à lever les bras. Je n'étais pas tétanisée, plutôt paralysée. Etait-ce lui ?

—Sors ! hurla-t-il.

Mes pieds firent demi-tour à son ordre. C'était donc son pouvoir. Je frissonnai, parce qu'il était effroyable. Enfin, je respirai lentement et m'imaginai tirer sur mes jambes pour les faire reculer. Il était hors de question de le laisser brûler. Après bien des efforts, mon buste pivota dans sa direction. Il n'était pas encore suffisamment entraîné pour me contraindre à la soumission.

Derrière les masquesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant