Chapitre 37 : Pire que la mort

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Nous fûmes tous touchés, plus ou moins. Jaebum, le plus proche d'elle, resta à terre quelques secondes. Ga-Eul en profita pour l'extirper de leurs mains et je m'agenouillai auprès d'elle. Pendant un instant, aucun son, aucune odeur, ni aucun de mes sens ne fonctionna. Le vide s'empara de moi. Mes doigts effleurèrent son visage et je respirai à nouveau.

—Je m'en occupe, va faire le ménage, me conseilla Ga-Eul.

—Qu'est-ce qui s'est passé ?

—J'ai transmis ta colère à Suni. Ses pouvoirs ont réagi, comme les miens ont déjà réagi aux siens.

—Très bien.

Tel un automate, je me levai. Sans y penser, je dressai autour d'elles ma barrière. Rien ne pourrait la traverser. Je me tournai vers le reste de la salle et y découvris les deux camps s'affrontant.

Je me mêlai à la foule, ne cherchant pas un adversaire en particulier, jusqu'à ce que Jungkook me tombe dessus. Il me menaçait de sa lame de vent. Juste au-dessus de moi, il pesait de tout son poids pour m'atteindre. Son regard était embué.

—Jinyoung ! hurlai-je.

—Tu apprécies le cadeau ? Comme tu n'as pas réussi à le tuer, j'inverse les rôles.

La lame s'approchait toujours plus de mon visage. Lorsque je sentis une goutte d'eau sur ma peau, un rayon de lumière traversa l'épaule de Jungkook. Il recula et je pris de profondes inspirations. Puis je cherchai Jinyoung. Il se trouvait derrière Jungkook, se fondant dans les combats.

—Je vois déjà ce à quoi tu penses, Mi-Ra.

Je levai tout de même ma main dans sa direction et ma lumière se dirigea sur lui. Jungkook ne la para pas, il la laissa le transpercer. Souffrait-il comme moi un peu plus tôt ?

Mon hésitation permit à mon coéquipier de m'acculer contre un mur, un bras sur ma gorge. « Bouge » semblait-il me crier à travers ses iris. Mon bras se leva, resta quelques secondes dans le vide, puis ma main effleura son visage. Et Jungkook réussit là où j'avais échoué : l'espace d'un instant, il reprit le contrôle de son corps. Alors, mon rayon de lumière transperça l'épaule de Jinyoung.

—Tu es incapable de me tuer ! ricana-t-il.

—Mais moi, oui.

Le ton ferme me fit frissonner. Quel était ce brusque changement ? Jamais Suni n'avait parlé de cette façon !

Les ténèbres s'emparèrent de Jinyoung. Il cria, mais n'eus pas le temps de se débattre : il s'effondra en moins d'une minute, inerte. Je m'approchai de ma sœur et la dévisageai, sans la reconnaître.

—Il devait mourir.

Etait-ce là tout ce qu'elle pouvait m'offrir en guise de regret ? Elle venait d'assassiner un homme sans même sourciller ! Comment était-ce possible ?

—Suni...

Ga-Eul détourna le regard. Connaissait-elle ma sœur plus que moi ?

—Mi-Ra, la fille aimante et souriante est morte il y a de cela plusieurs mois. Je t'ai dit de t'y faire.

Je serrai les poings. C'était impossible !

Suni secoua la tête avant de poursuivre.

—Donne-moi du temps, j'ai un moyen de leur infliger une punition pire que la mort.

Etait-ce mon souhait ? Je n'en savais rien. En revanche, épargner leur vie me semblait indispensable. Ainsi, j'hochai la tête et repartis me battre. Ma cousine en fit de même.

Derrière les masquesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant