Derrière les masques

Chapitre 19 : Discussion

—On fait une pause ? proposai-je.

Jungkook plissa les yeux, méfiant. Je ne demandai jamais de pause, au contraire, je tentais par tous les moyens de combler les vides.

—Je ne préférerais pas.

Sa réponse me fit hausser un sourcil. Même si j'avais très envie de discuter, je sentis que mon binôme n'était pas dans un bon jour. Ainsi, nous reprîmes l'entraînement. Il n'y avait rien de vraiment différent : nos coups étaient réels, pas le moins du monde retenu. Cependant, Jungkook me semblait plus attentif, plus crispé.

Lorsque l'entraînement prit fin, je compris.

—Tu n'entends pas mes pensées.

Mes sapins d'hiver étaient là, alors même que je n'y avais pas pensé explicitement. Son annonce d'il y a deux jours avait fait des merveilles de ce côté-là.

—Non, en effet.

Il secoua la tête avant de récupérer ses affaires. Il était subitement beaucoup moins confiant ! Mais c'était lui qui m'avait donné cette arme.

J'érigeai un mur de feu devant la sortie : pas question de le laisser filer.

—Quoi ? aboya-t-il.

Il semblait plus déstabilisé que contrarié. Laissait-il son masque tomber ou n'avais-je simplement jamais rien remarqué ?

—Merci.

Cela suffit à briser son masque d'invulnérabilité. Mon binôme soupira avant de faire demi-tour et de s'asseoir sur le sol. Je l'imitai. Pour la première fois, j'étais contente de converser avec lui.

—Tu as fait le travail toute seule.

—Jungkook...

Je m'arrêtai une seconde, surprise du ton que j'avais employé. Si Ae-Sook me questionnait, je ne pourrais plus nier que rien n'a changé.

—Ne nous mentons pas. J'ai érigé une barrière solide, j'ai fait des progrès immenses en peu de temps. C'est vrai. Mais tout ça, c'est grâce à toi. Si tu ne m'y avais pas poussée, je n'aurais rien fait et Jaewan aurait lu mes pensées hier soir.

Une lueur fugace traversa ses prunelles.

—Il a lu les tiennes ?

—Je te l'ai dit, aucun membre de ma famille n'est affecté par ma barrière.

—Si, le contredis-je. Tu n'arrives pas à lire les leurs.

J'hésitai une seconde : étais-je réellement en train d'essayer de l'aider ? Je n'avais plus l'excuse du sommeil !

—Je ne connais pas ton passé, je ne sais pas ce qu'il s'est produit avec ta famille pour que tu en arrives là, mais je sais qu'ils lisent tes pensées, parce qu'ils t'effraient. Tu te rabaisses face à eux et ça brise tes défenses.

Le silence s'installa et s'étira. Je ne baissai pas le regard, parce que j'avais raison. Je crus que Jungkook finirait par se lever et m'ignorer, lorsqu'il soupira.

—Tu n'as pas changé.

J'arquai un sourcil, ne voyant pas trop le rapport.

—Les gens changent, lorsqu'ils découvrent mon don. Pas toi, tu raisonnes toujours de la même manière, tu n'as pas l'air de te demander si je t'entends ou non. Tu n'hésites pas.

J'eus un sourire. Il s'inquiétait donc que je devienne obsédée par son pouvoir ?

—Je me suis sentie humiliée quand tu me l'as dit, mais hier soir j'ai réalisé que j'étais surtout blessée. Ton pouvoir, il peut être utile. Ça a déjà été le cas.