ESMERALDA

𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟏𝟎

Enora

- Le boulot sans toi, c'est tellement bizarre, déclarais-je.

- C'est sûr que sans moi tu dois bien t'ennuyer, s'esclaffe Evelyne en nettoyant une table.

Elle m'a proposé de venir passer l'après-midi au restaurant en compagnie de son fils pour discuter un peu, à cause de nos emplois du temps totalement opposés on n'avait plus trop le temps de se voir. Surtout que maintenant, je travaille à l'autre bout de la ville.

- Ricky, termine ton assiette avant d'aller jouer.

- Mais j'ai plus faim ! Déclare le petit en commençant à bouder.

- Depuis tout à l'heure, tu te plains d'avoir faim, alors mange ton omelette, sinon pas de dessert, s'impatiente Evy.

- Nan !

Ricky pousse son assiette sans manquer de renverser son verre d'eau et commence à pleurer bruyamment. Il se jette par terre, attirant l'attention de tous les clients. Je lève les yeux vers Evelyne qui est sur le point d'exploser.

Je me redresse et sort un chocolat de ma poche.

Règle numéro un : toujours avoir un chocolat sur soi.

- Tiens.

Le petit lève la tête et s'arrête immédiatement de pleurer, il se lève et s'avance vers moi prêt à s'emparer de la friandise. Je pose la friandise en face de son assiette et le regarde regagner sa place.

- Si tu veux ce chocolat tu dois le gagner, déclarais-je en souriant.

- Comment ?

Il demande en me regardant droit dans les yeux, troublé par ma demande.

-  Tu dois être rapide et très malin ! A chaque fois que je te demande une couleur, tu dois me donner un objet qui se trouve dans la pièce. Commençais-je, et dès que tu trouves un objet tu avales une cuillère de ton assiette si tu termines ton assiette sans te tromper tu gagnes le chocolat !

Il me regarde en souriant, une lueur d'excitation dans les yeux.

- J'ai rien compris, mais ça a l'air super drôle !

Evelyne pouffe tandis que je soupire légèrement avant de lui expliquer calmement la règle du jeu. Une fois qu'il a saisi comment jouer, la partie peut enfin commencer.

Ce que je ne n'avais pas prise en compte était la possibilité d'y jouer pendant des heures.

Ricky avait vraiment du mal avec les couleurs, il confondait les teintes claires et ne reconnaissait pas les foncer.

- Tu crois qu'il est daltonien ? Me demande Evelyne.

- J'en sais rien, mais tu devrais consulter un spécialiste juste au cas où.

Je baisse les yeux vers Ricky qui avait un air triste collé au visage.

- Finalement, ton jeu est pourri.

Il gonfle ses joues et croise ses bras, montrant sa contrariété. Malgré ses difficultés, il avait quand même mangé un peu de son plat. Je tends la main et glisse le chocolat vers lui. Il lève la tête et me questionne du regard.

- Je peux le manger ? Il se redresse en souriant de toutes ses dents.

- Oui, tu l'as bien mérité.

Il pousse un cri de joie étouffé par son rire avant d'attraper le chocolat, de retirer rapidement l'emballage et de l'engloutir. Il prend le temps de savourer la texture dans sa bouche en s'affalant sur sa chaise.