Coucou tout le monde, me voici de retour avec le sixième chapitre de cette suite. Merci comme toujours à nonorufier pour ses coms plus qu'engagés, tu es juste extra ! Je sais que je n'ai pas été très sympa de m'arrêter comme ça la dernière fois. Je vous souhaite à tous une bonne lecture ;-)
Ben resta dans le salon, hébété. Comment la situation avait-elle pu se dégrader à ce point ? Il n'avait nullement souhaité mettre en doute la loyauté de Pierre à son égard mais il avait voulu lui montrer combien voir son âme sœur remettre en question sa fidélité pouvait faire mal.
Il monta à son tour au bout de quelques minutes et se rendit dans la chambre de Théo pour s'assurer qu'il dormait toujours. En voyant que la lumière était éteinte à travers la porte, Ben comprit que c'était le cas. Pierre aurait immédiatement pris leur fils dans ses bras pour le bercer si il s'était réveillé, murmurant des mots doux et rassurants à son oreille.
Il entra silencieusement dans la chambre et se pencha sur le petit lit, observant le visage angélique de son bébé dormant paisiblement. Il caressa ses petits cheveux bouclés du bout des doigts pour ne pas le réveiller et réfléchit à la meilleure façon de se réconcilier avec Pierre, incapable d'accepter que lui et son amour soient en mauvais termes.
Lorsqu'il ressortit de la chambre, il se dirigea vers celle qu'il partageait avec Pierre avec hésitation et sentit son cœur se figer en voyant la porte close. Habituellement, ils laissaient toujours la porte entrouverte lorsque l'un d'eux n'était pas encore couché. Ben sentit la colère et la tristesse s'abattre sur lui face à cette gifle implicite : Pierre ne le voulait pas auprès de lui.
Ils n'avaient jamais eu de dispute semblable. Bien sûr, ils avaient parfois quelques conflits mais ceux-ci se réglaient rapidement et duraient rarement plus de quelques heures. En sept ans de vie commune, ils pouvaient compter sur les doigts d'une main le nombre de fois où ils s'étaient couchés fâchés. Et chacun de ces conflits s'était achevé dans la nuit.
Car celui qui en était à l'origine rêvait inévitablement après avoir passé des heures à chercher le sommeil. Il rêvait du jour où leur relation avait basculé, dans un centre commercial. Si c'était Pierre qui rêvait, il voyait Ben à sa place. Et le cauchemar était atroce pour l'un comme pour l'autre.
Ils voyaient leur âme sœur à la merci des braqueurs, recevoir une balle en plein cœur, se vider de son sang, parfois être torturé voire même agressé sans qu'il puisse rien faire pour le protéger. Ils se réveillaient à chaque fois en sueur et en larmes et s'empressaient de noyer le visage de leur mari de baisers et de s'excuser dès que celui-ci était réveillé. La nuit s'achevait sur des ébats intenses et désespérés, chacun se rappelant cruellement qu'ils auraient pu ne jamais être ensemble, ne jamais avoir la vie qu'ils avaient en ce moment et qu'aucun de ces petits désaccords n'avait en réalité la moindre importance.
Mais aujourd'hui, la situation était différente : en sept ans d'amour, c'était leur première vraie dispute et aucun ne savait comment le vivre. Ben resta planté un long moment devant la porte, tendant la main vers la poignée avant de la refermer en la faisant reculer. Finalement, il fit demi-tour, contrarié. Lui aussi en voulait à Pierre de réagir ainsi et il comptait le lui faire comprendre en ne cherchant pas à entrer dans leur chambre.
Il ouvrit la porte de la chambre d'amis et la referma en appuyant un peu fort, assez pour que Pierre l'entende sans risquer de réveiller Théo. Il se déshabilla rapidement et se recroquevilla sous les couvertures. Horrifié, il sentit les larmes lui monter aux yeux. Son corps ne comprenait pas pourquoi il se retrouvait subitement dans ce lit froid et impersonnel, dépourvu de la chaleur et de l'odeur de Pierre.
Il ferma vivement les yeux pour empêcher les larmes de couler et tâcha de dormir.
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Ben regarda le ciel s'éclaircir peu à peu, les yeux bouffis. Il n'avait même pas dû dormir une heure et le peu de sommeil qu'il avait eu avait été trop agité pour qu'il puisse se reposer. Il poussa un soupir épuisé et regarda l'heure. Il pouvait enfin se lever sans que cela paraisse suspect. Il se dirigea vers la salle de bain et prit une longue douche pour se revigorer.
Une fois propre, il passa un peignoir et se dirigea vers la chambre conjugale avec appréhension. Il avait besoin de s'habiller et tous ses vêtements se trouvaient dans le dressing. Au bout de quelques minutes, il prit une grande inspiration et ouvrit la porte. Il fut soulagé d'entendre le bruit de la douche couler dans la salle de bain et s'empressa de prendre ce dont il avait besoin.
Alors qu'il était sur le point de sortir, il jeta un regard à la porte qui le séparait de son âme sœur. Il mourait d'envie de le rejoindre, de le prendre dans ses bras et de l'embrasser, de lui jurer qu'il n'aimait que lui autant de fois que nécessaire. Mais au lieu de ça, il sortit de la chambre et referma la porte.
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-Allez, mon bonhomme, mange encore un peu, enjoignit Ben d'une voix douce.
Théo obéit et ouvrit la bouche lorsque Ben lui présenta une nouvelle cuillerée de compote de pêches qu'il se fit une joie d'avaler.
-Bravo, mon grand ! Tu as tout mangé ! félicita son papa avec un grand sourire.
-Ouiiii, gazouilla Théo en frappant gaiement dans ses mains. Papa, tout manzé !
Ben crut qu'il s'adressait à lui mais vit que les jolis yeux bleu ciel de son enfant étaient tournés vers l'entrée de la cuisine. Il suivit son regard et vit Pierre les rejoindre, ses longs cheveux dorés relevés en queue de cheval. Ses yeux étaient cernés mais son visage s'éclaira en voyant leur fils.
-C'est vrai ? Tu as tout mangé, mon petit ange ? demanda Pierre d'une voix joyeuse.
-Ouiiiiii ! répondit Théo, fier de lui.
-C'est bien, mon poussin, félicita Pierre avant de s'emparer d'une serviette pour essuyer délicatement l'adorable frimousse de son enfant. Tu t'en es mis partout mais ce n'est pas grave.
Théo rit en sentant la serviette l'essuyer et Pierre déposa un baiser sur ses cheveux bouclés en souriant. Son regard croisa celui de Ben et il se figea. Tout son être le poussait à témoigner son amour à son mari comme il le faisait chaque jour mais il s'obligea à lui tourner le dos pour jeter la serviette dans la poubelle.
-Je vais m'occuper de Théo, aujourd'hui, annonça Ben d'une voix égale.
Pierre acquiesça sans le regarder et se prépara un café.
-Très bien.
-Tu te souviens que ce soir, il y a une soirée karaoké de prévue à La Margherena ? demanda le brun.
Pierre serra les dents. Il n'aimait pas cette idée de karaoké et trouvait que cela décrédibilisait totalement le sérieux de La Margherena. Ben avait pourtant plus d'une fois affirmé que quand on allait dans un restaurant qui faisait karaoké, on y allait plus pour chanter, que pour bien manger. Mais il tenait à faire cette soirée avec les membres de Maison Grise.
-Je n'irai pas, déclara le blond d'un ton sans appel.
Ben sentit son cœur s'arrêter. Pierre avait participé à chaque événement de son restaurant, tout comme lui avait toujours répondu présent pour Maison Grise. Il ressentit un atroce sentiment d'abandon qui le fit suffoquer. Il se contraignit à dire de la voix la plus neutre possible :
-D'accord.
Pierre avala son café brûlant et se tourna vers lui. Ben vit une lueur de douleur vaciller dans son regard turquoise, l'espace d'un instant, avant de se durcir. Il prit Théo dans ses bras pour l'embrasser et lui dire au revoir puis se dirigea à grands pas vers la sortie. Mais avant de s'en aller, il se tourna à nouveau vers son mari et dit d'une voix froide :
-Je ne voudrais pas plomber l'ambiance de ta soirée avec mes délires tordus.
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Ben était accoudé au bar et sirotait un énième verre de vin. La soirée avait été un franc succès mais il n'avait pas le cœur à la fête. Un grand nombre d'employés de Maison Grise étaient venus et beaucoup s'étaient étonnés de l'absence de leur chef mais seuls Fred et Guillaume avaient eu le courage de lui demander où était Pierre.
Il avait passé la soirée en retrait, ne trouvant de réconfort que dans les rires de ses amis et de leurs chants discordants. Ses deux meilleurs amis avaient cherché à s'attarder mais il avait prétexté un inventaire à terminer pour se retrouver seul.
Il était perdu dans ses pensées. Il se faisait du souci pour Pierre. Cette situation n'était pas normale entre eux. Même lorsqu'ils n'étaient qu'amis, ils avaient toujours eu une grande facilité à communiquer et à régler chaque problème. C'était la première fois que cela leur arrivait et il commençait sérieusement à s'inquiéter.
Le restaurant était plongé dans la pénombre, seules les lumières du bar étaient encore allumées. Il reposa distraitement son verre de vin et se frotta les yeux en soupirant. Il en voulait à Pierre et avait envie de le secouer pour lui ouvrir les yeux et qu'il comprenne enfin qu'il n'avait rien à craindre.
Ses pensées furent interrompues par une voix chantante.
-Qu'est-ce qui peut bien venir troubler un homme qui a tout pour lui ?
Ben se tourna vers Julia qui le regardait, un sourire aux lèvres.
-Son mari, répondit machinalement Ben en souriant avant de regarder les cercles invisibles qu'il traçait sur le comptoir avec son verre de vin.
Il ne vit pas la lueur dangereuse qui naquit dans le regard ambré de la jeune femme. Elle s'assit sur le tabouret à côté du sien et prit la bouteille de vin pour lui verser un autre verre.
-Il ose te causer des petits soucis alors que tu l'adores ? s'exclama Julia avec une voix faussement surprise. J'ai l'impression qu'il ne sait pas la chance qu'il a de t'avoir.
L'alcool que Ben avait ingéré tout au long de la soirée avait neutralisé son instinct qui n'aurait pas manqué de voir les questions quelque peu intrusives auxquelles il n'aurait jamais répondu en temps normal. Il se sentait en confiance et répondait avec sincérité.
-J'ai l'impression, au contraire, qu'il le sait un peu trop.
-Oh, alors c'est un jaloux ? Il ne te laisse pas respirer, comprit Julia, s'engouffrant dans la faille tel un reptile calculateur.
Ben but le verre qu'elle venait de lui servir et avoua :
-De ce côté, je ne vaux pas mieux que lui. En fait, je suis pire.
-Ça ne m'étonne pas, tu sais ce que tu veux, déclara Julia en se rapprochant légèrement. Et de qui Pierre est-il donc jaloux ?
-De toi, déclara Ben, sans réfléchir.
-Moi ? répéta la jeune femme en feignant l'étonnement.
-Il est persuadé que tu craques pour moi, poursuivit Ben en portant à nouveau son verre à ses lèvres.
Il s'attendait à l'entendre rire aux éclats avant de dire combien l'idée était absurde mais le silence persista. Déconcerté, il se tourna vers elle et la surprit en train de le regarder fixement. Elle ne détourna pas les yeux et Ben commença à se sentir mal à l'aise.
-Il a raison de s'inquiéter, souffla Julia d'une voix sensuelle. Tu es un homme magnifique. Je dirais même extrêmement... sexy.
Il remarqua à cet instant combien elle était proche de lui, sa robe noire courte et décolleté qui révélait savamment ses atouts. Et il remarqua ce que Pierre avait vu dès le début : son regard empli d'une envie glacée, semblable à celle qu'éprouvait un prédateur face à un morceau de viande. C'est ce qu'il avait l'impression d'être en ce moment : un morceau de viande.
Il n'y avait rien de beau dans la façon dont elle le regardait. Il n'y avait pas la douceur qui teintait le regard de Pierre lorsqu'il lui disait qu'il l'aimait. Il n'y avait pas l'émerveillement qui pétillait dans ses yeux chaque fois que Ben lui disait la même chose. Il n'y avait pas cet éclair lumineux qui le faisait frissonner de joie dès que Pierre le désirait. Il n'y avait pas cette chaleur qui enveloppait tendrement ses iris et les transformaient en mer paradisiaque quand il lui faisait l'amour.
Non, il n'y avait rien de tout ça et Ben eut un frisson de dégoût le parcourir en sentant ce regard sur lui. Abasourdi par cette découverte, il ne vit pas Julia s'approcher dangereusement de lui et ne réagit que lorsque ses lèvres effleurèrent les siennes.
Il fit brutalement reculer son tabouret pour instaurer au plus vite une distance entre eux avant de descendre précipitamment de son siège et de s'écarter. Il la regarda d'un air horrifié et s'écria :
-Mais tu fous quoi, là !?
-Ça me semble pourtant évident, répondit calmement Julia d'une voix suave en se levant à son tour.
Elle fit mine d'avancer vers lui mais Ben fit plusieurs pas en arrière, l'empêchant de s'approcher.
-Tu croyais qu'il allait se passer quoi, exactement ? s'exclama le brun, scandalisé. Tu pensais vraiment que j'allais passer la nuit avec toi !? Je suis marié, bordel !
-Et alors ? demanda la jeune femme, indifférente.
-Et alors !? répéta Ben, ulcéré. J'ai un mari et un fils que j'aime plus que tout. Je suis heureux. Je passe mon temps à le crier sur les toits et je sais que j'en soûle plus d'un avec ça. Je n'ai pas dû passer une seule journée sans te le dire ! Et toi, tu es quand même prête à détruire tout ça !?
-Si ça reste entre nous, je ne vois pas où est le mal, déclara Julia d'un calme écoeurant. Ton cher petit mari n'est pas obligé de savoir tout ce que tu fais quand il n'est pas avec toi.
-Moi, je le saurai, répliqua Ben. Et je ne pourrais plus le regarder dans les yeux si je faisais une chose pareille. Cette seule idée me donne la nausée.
-Alors, tu es bien plus prude que ce que tu laisses croire, annonça Julia, irritée. Tu te crois trop bien pour moi ou pour t'abaisser à avoir des écarts de temps à autre ?
Ben la toisa avec mépris et secoua la tête.
-Non, j'aime seulement la personne avec qui je suis. Une personne qui me comble à tous les niveaux et qui me rend heureux depuis le tout premier jour. Et si tu ne comprends pas pourquoi je ne veux pas la trahir, alors c'est que tu n'as sûrement jamais aimé personne dans ta vie.
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Toujours Avec Toi
FanfictionSuite d'Avec Et Sans Toi. Que s'est-il passé au cours des dix années qui séparent la croisière du rêve de Ben ? Lui et Pierre ont une vie bien remplie toujours pleine de rires, de chamailleries, d'événements incroyables... et bien sûr, d'amour.