CHAPITRE 18 - KENYAMI

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      Plus aucun son. Ayame et Midori étaient profondément choquées par mes paroles. Il était compréhensible qu'elles ne comprennent pas à qui je m'adressais, les voyant me parler à une dague. À leurs yeux, je semblais avoir perdu la tête. La dague ne réagissait pas, même après que je l'avais insultée et maltraitée à mon tour.

Peut-être était-elle contrariée ? Elle semblait aimer proférer des insultes, mais peut-être n'appréciait-elle pas d'en être la cible ?

̶   SALE PETIT CON ! COMMENT PEUX-TU AVOIR L'AUDACE DE T'ADRESSER AINSI A L'EMISSAIRE DU DIEU IZANAGI ? JE VAIS M'OCCUPER DE TON CAS RAPIDEMENT.

̶   Izanagi, cette merde qui ne peut même pas percevoir les individus d'autres mondes être invoqués dans le sien ?

̶   QUOI ? JE NE TE PERMETS PAS DE PARLER DU SEIGNEUR COMME- Attend quoi ? Invoquer ?

̶   Même toi, tu n'es pas au courant.

̶   L'idée n'a jamais été d'invoquer qui que ce soit, mais ta présence, il est clair que tu ne proviens pas de ce monde, enfoiré.

̶   Tu pourrais arrêter ces propos offensants, sinon je vais être obligé de réagir. On dirait que je suis de retour en France.

̶   Je ne comprends rien à ce que tu dis.

̶   Nous sommes deux, qui es-tu ? Une âme emprisonnée dans une dague ?

̶   Je suis Kenyami, une arme conçue pour le Dieu Izanagi lui-même. Cependant, je n'ai jamais été offerte, car mon créateur est décédé avant cela. On m'a donc enfermée dans sa tombe avec lui il y a des milliers d'années. Le premier salaud à me posséder, c'est donc toi. Et toi, qui es-tu ?

̶   Je suis Alden, originaire de la planète Terre, sous la protection de la déesse Tellus. Ces deux femmes avec moi, m'ont invoqué dans ce monde.

̶   Tellus, cette vieille excentrique est ta déesse ?! Hahaha, t'es vraiment dans une situation pitoyable en plus d'être moche.

̶   C'est la goutte de trop, je vais te tuer.

J'ai propulsé Kenyami avec une force extraordinaire, provoquant des vibrations dans toute la pièce. Les armes sont tombées en cascade sur le sol, comme des dominos.

̶   BON SANG ALDEN ! QU'EST-CE QUE TU FAIS ?!

Ayame était en colère, mais moi aussi, bien que nos raisons ne soient pas les mêmes.

̶   Je m'excuse, Ayame, mais cette dague m'exaspère. Elle ne cesse de m'insulter et a vraiment franchi les limites.

̶   La dague ? Est-ce à elle que tu t'adresses ?

̶   Oui, à l'intérieur, elle renferme une âme qui communique avec moi mentalement. Elle est furieuse que j'aie réussi à la maîtriser.

̶   Comment ça va, Alden ? Tu as réussi à la dompter ?

̶   Bien sûr, Midori. Tu pensais quoi ?

Je lui adressai un clin d'œil tout en me redressant, fier de ma réussite.

̶   ENFLURE ! TU TE PRENDS POUR QUI DE ME TRAITER COMME CA ?

̶   MAIS FERME-LÀ PUTAIN ! C'EST TOI QUI UTILISES UN LANGAGE IMPROPRE, ÇA FAIT REMONTER MON CÔTÉ SUDISTE ET FRANÇAIS. JE VAIS PETER UN CÂBLE.

̶   Pour moi, cela ne relève pas vraiment de la maîtrise.

Je ressentais une colère brûlante, puis de la gêne lorsque Midori me vit ainsi.

Je pris Kenyami entre mes mains.

̶   Toi, écoute-moi bien. Si tu ne te tais pas, je te ferais taire moi-même. J'utiliserais ma Source pour que tu cesses de parler et que je puisse te manipuler sans ton accord.

̶   La première fois, ce n'était que de la chance...

J'utilisais ma Source sans la moindre hésitation, et Kenyami avait métamorphosé sa forme. J'avais instantanément souhaité un ruban adhésif pour réduire au silence cette dague. J'avais réussi à la réduire au silence, à éteindre sa voix dans ma tête. Cependant, j'étais stupéfait de découvrir que mon arme s'était transformée en quelque chose de différent.

Je tenais le ruban adhésif dans mes mains, abasourdi, mais je n'étais pas le seul. Ayame et Midori avaient les yeux si écarquillés de surprise qu'on aurait dit qu'ils allaient quitter leurs orbites.

̶   Que s'est-il passé ? Ton arme magique a subi une transformation ?

̶   Je n'en suis pas certain, Madame la Présidente. J'essayais simplement de faire taire sa voix en pensant à un ruban adhésif, et il s'est métamorphosé en un rouleau de scotch.

̶   Peux-tu le ramener à son état précédent ?


Midori m'a posé cette question si naturellement, mais je ne savais pas comment j'avais fait. J'ai donc repris ma concentration et repassé les étapes de ce que j'avais fait précédemment.

J'ai canalisé ma source et l'ai dirigé vers ma main où se trouvait la dague, tout en pensant intensément à une arme qui était accrochée au mur en face de moi. Il s'agissait d'un fusil d'assaut futuriste que je trouvais très impressionnant, et j'aurais préféré l'avoir comme arme. C'est quand j'ai eu cette pensée que la dague Kenyami, qui était devenue un rouleau de scotch, s'est transformée en l'arme que j'avais imaginée.

̶   Je pense que j'ai saisi.

̶   Alden, tu as encore modifié ton arme ?!

̶   J'ai visualisé la même arme que celle accrochée au mur, Midori, et elle s'est transformée instantanément.

Midori s'avançait vers moi avec assurance, ses pas résonnant lourdement. Elle m'a attrapé par les épaules et m'a regardé d'un air très sérieux.

̶   Ce que tu tiens entre tes mains, c'est une arme mimétique...

̶   Elle imite ce que je souhaite ?

̶   Je n'arrive toujours pas à comprendre comment tu parviens toujours à saisir ce qu'on te dit. Tu ne peux pas être surpris de temps en temps ?

Midori était vexée, elle pensait que je n'allais rien comprendre à ce qu'elle disait, étant donné que j'étais dans un nouveau monde. Mais elle ne savait pas que j'avais suffisamment lu d'histoires pour comprendre que, d'une certaine manière, j'étais préparé à tout ce qui m'arrivait.

̶   OOOHH, une arme mimétique, c'est quoi ce truc ?!!!

̶   Tu ne m'auras pas Alden.

Midori tentait de faire la moue, bien que j'aie pu percevoir un léger sourire sur son visage, car ma réaction l'avait amusée.

Ayame s'approchait avec un sourire discret, trouvant la situation divertissante.

̶   Même si tu n'exprimes pas de surprise face à la nature de cette arme, il faut souligner son exceptionnalité. Elle est d'une rareté extrême, un trésor que nous n'aurions jamais imaginé posséder. Elle dépasse même la rareté ; on pourrait dire qu'elle est véritablement unique. Jusqu'à présent, nous n'en entendions parler que dans des contes et des récits, une chimère inaccessible. Grâce à toi, cette chimère devient soudainement une réalité.

Mes doutes quant au hasard de mon invocation étaient de plus en plus forts. Ce moment précis me le confirme encore davantage. Il est évident que ma venue n'est pas le fruit du hasard, comme Tellus le prétendait. Cela doit relever de quelque chose de bien plus vaste. La Source, ma rencontre avec Ayame : une personne d'importance dans cette société, la déesse Tellus, et maintenant Kenyami. Si tout ceci est le fruit du pur hasard, alors je suis véritablement chanceux, voire doté de la capacité « chance ».

Je tournais mon regard vers Kenyami et retransformais son apparence en une simple dague. Si je suis capable de transformer cette arme magique en n'importe quelle autre arme, cela me confère un avantage considérable. Toutes les armes que j'ai pu imaginer dans mon monde, qu'elles soient réelles ou fictives, pourraient devenir réalité grâce à moi.

Des expérimentations s'imposent.

̶   Ton sourire, Alden, il est plutôt inquiétant.

̶   Midori, je pense qu'il trame quelque chose.

Midori avait saisi mes intentions. Ayame poussa un soupir, anticipant probablement que la situation n'allait pas être de tout repos pour elle.

 Ayame poussa un soupir, anticipant probablement que la situation n'allait pas être de tout repos pour elle

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Kenyami a été maîtrisée avec une telle aisance. Est-ce réellement l'arme exceptionnelle évoquée dans les légendes ? Celle destinée à être offerte à un dieu ? Alden sera-t-il vraiment capable de l'utiliser à son plein potentiel ?

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