Milles vies - Baji Keisuke

18

"Comment veux-tu faire ça, on est tout ce qu'il lui reste ?" Demanda  sèchement Mickey.
"C'est ma putain de petite sœur, je vais pas la laisser."

"Parce que tu crois que j'en ai envie moi ? Je l'aime à en crever Mickey !
Tu penses vraiment que j'ai encore envie de la voir comme ça ?! Morte et violée seule dans sa propre maison !"

Mickey baissa sa tête vers le sol, s'appuyant sur ses cuisses comme si le poids du monde l'écrasait sous les cris de son ami.

"Je préfère encore m'ôter tout de suite la vie que de risquer qu'elle revive ça... tu étais là... tu as vu son regard vide, ses vaisseaux éclatés dans ses yeux tant elle a du pleurer... tous ses coups de lames sur elle et ses marques à son cou... elle a souffert putain... "
Continua Baji alors que le timbre de sa voix tremblait au fur et à mesure qu'il décrivait la jeune fille.

Draken déglutit difficilement, son estomac était serré imaginant sa sœur de cœur dans cet état.

"On a que 1 mois Baji... comment veux tu qu'on l'éloigne de nous en aussi peu de temps."

"Vous devez commencer aujourd'hui." Répondit Draken en se frottant le front, sentant un mal de tête arriver.

"On pourra lui expliquer plus tard, quand tout sera calmé  que c'était pour la protéger... et tout redeviendra comme avant." Dit Mickey hésitant.

"C'est quand plus tard ?" Demanda Baji.

"Je... je sais pas..."

"Il faut que tu loges chez moi en attendant, si un autre gang te suit il sauront tout de suite qu'elle est ici." Commenta Draken.

"Mais comment je la protège ?"

"On fera un tour de garde avec ceux du Toman discrètement." Répondit le noir de cheveux.

"D'accord... pas le choix de toute façon... tu sais ce que tu vas devoir faire Baji ?"

"Ouais... je dois... la quitter..." dit-il difficilement.
"Je vais m'en occuper aujourd'hui."

Un grand soupire s'échappa de sa bouche alors qu'il avait mal son ventre tant il n'en avait pas envie mais il préférait encore finir sa vie seul que de la voir souffrir.

"Mickey, prépares tes affaires en attendent, il faut que tu partes ce soir." Rajouta le grand blond

Il hocha la tête, pas trop sûr de lui mais partit vers sa chambre préparer ce qu'il devait prendre.

Baji regarda l'heure et se leva.

"Je vais aller la chopper en chemin, on pourra discuter loin de vous comme ça."

"Courage mec... dis toi que c'est pour la sauver, un jour elle comprendra."

"Ouais, si tu le dis..."

Lyanne venait de quitter l'école, les questions de son fameux examen d'histoire n'avaient pas étés si compliquées même si Chifuyu avait l'air de dire tout le contraire à la fin de l'examen.

Elle devait à présent étudier pour son examen de mathématique de demain, un de plus vilains morceaux de ses tests de fin d'année.

Elle marchait, sa tête déjà plongée dans une de ses synthèses pour s'avancer sur sa journée d'étude.

"Lyanne."

La jeune fille releva sa tête avec un grand sourire en reconnaissant la voix de son compagnon.

"Keis..." dit-elle d'une voix douce qui provoqua un frisson sur tout le dos du garçon.
"J'ai réussi l'examen j'en suis certaine mais faudra que tu dises à ton abruti de pote d'étudier à la place de se plaindre à tout bout de champ."

Elle s'approcha de lui pour l'embrasser mais Baji recula d'un pas.

"Ça va ?" Demanda-t-elle inquiète de sa réaction.

"Faut qu'on parle." Dit-il froidement,  sa seule manière pour lui de ne pas s'effondrer sur place.

"Oulah.. dis pas une phrase aussi sérieuse, on dirait que tu vas me planter là."
Elle ria nerveusement, ne comprenant pas le comportement encore étrange aujourd'hui du garçon.

Il la fixa longuement, sans trop savoir quoi dire.

"Keis ...?" Dit-elle difficilement.

"Écoutes je vais pas y aller par 4 chemins... je... je pense que je me suis foiré depuis le début sur... nous..."

"Comment ça ?" Elle ressera ses notes dans ses bras contre sa poitrine, froissant nerveusement les feuilles.

"C'est pas facile à dire mais je ne suis pas amoureux de toi, depuis petit je te vois comme ma pote, voir même comme ma sœur et je me suis trompé en pensant que je voulais plus... le prends pas mal mais je suis pas heureux comme ça."

Son coeur se brisa, observant celle qui était plus petite que lui, tête baissée, on ne pouvait pas voir son visage mais les éclats de gouttes à ses pieds montraient que ses larmes coulaient à flot.

"M-mais... je ... je t'aime..."

"Je sais mais ce n'est pas mon cas."

"Ça fait plus d'un an qu'on est ensemble... comment tu peux changer d'avis comme ça... encore cette nuit tu voulais... enfin..."
Elle cherchait ses mots alors que la panique la prenait de plus en plus.

"J'essayais juste d'être certain de moi Lyanne et maintenant je sais ce que je veux et en l'occurrence ce que je ne veux pas.
Puis 1 an ça veux rien dire dans la vie, justement j'évite que tout devienne trop sérieux maintenant."

"Mais c'était sérieux ! J'avais des projets dans ma tête et tu étais toujours à mes côtés dedans ..."

"Et bien faudra changer les détails de ton avenir... tu n'as pas besoin de moi pour ta pépinière, tu trouveras peut-être un mec dans ta nouvelle école qui aura la même vision des choses que toi."

A cette entente les pleurs de Lyanne reprirent de plus belle alors que Baji avait juste envie de vomir par tout ce qu'il disait.

"Bon écoutes ... je vais te laisser car ça sert plus à rien de discuter là... réussis tes examens et trouves toi quelqu'un qui t'aime vraiment pour ce que tu es, d'accord ?"

Il l'observa une dernière fois et se tourna sans attendre sa réponse pour partir, une fois la rue tourné il se mit à courir, encore et toujours plus vite.

Son corps semblait être en pilote automatique, cherchant à se protéger ou peut être à se détruire de ce qu'il venait de dire à la jeune fille.

Il s'arrêta enfin à un endroit précis, la casse ou quelques voitures ne tardèrent par à brûler espérant faire sécher ses larmes et ses peines par le feu face à lui.

"Putain... j'ai mal.." dit-il en se tenant sa zone cardiaque.

Il prit une barre de métal qu'il trouva plus loin par terre et tapa de toutes ses forces dans ce qu'il trouvait sur son chemin, faisant voler verres, plastiques et autres débris quitte à se couper par la même occasion.

Lyanne resta là quelques minutes encore sur ce trottoir, son corps entier était prit de tremblements tant ses sanglots étaient puissants sous les regards curieux de certains passants.

Elle attrapa son téléphone pour rentrer le numéro de son frère, elle pouvait entendre la sonnerie encore et encore jusqu'à tomber sur son répondeur, pourtant il était le premier à répondre à chaque fois qu'elle appelait même si il était au beau milieu d'une réunion.

Elle passait avant tout et tout le monde mais aujourd'hui alors que son cœur saignait abondamment,  son frère ne décrocha pas.