Milles vies - Baji Keisuke

30

Chaque enjambées qu'il faisait dans ce couloir semblait lui faire palpiter son cœur de plus en plus.

Tout paraissait à présent logique dans sa tête, que ce soit cette érable qui lui avait attirer l'œil au coin de la porte dans ce jardin d'Osaka ou bien cette technique de défense face à Mickey.

Takemichi n'était pas agité pour rien il avait tenté plusieurs fois de le guider sur la bonne piste comme il avait pu, essayant de lever le voile sur l'identité de cette jeune femme.

Même Mickey semblait plus nerveux qu'à son habitude face à elle, comme si il comprenait sans vraiment s'en rendre compte.

Elle savait tant de choses sur celle que les deux garçons cherchaient à retrouver depuis tout ce temps pour une bonne raison... c'était elle, son corps entier lui hurlait cette information lui provoquant même une chaire de poule violente.

Qui d'autre qu'elle pouvait penser qu'il avait tué Shinichiro...

Face à la porte qu'il avait pourtant passé 5 minutes plus tôt il se figea.

La respiration haletante, il fixait cette simple planche de bois qui les séparait mais la panique le prenait.

Elle avait refait sa vie et pas de la manière dont il rêvait pour elle.
Elle le détestait de tout son être, il le savait et n'aurait pas pu lui en vouloir au vu des horribles choses que lui et Mickey lui avaient lancés ce soir là.

Avait-il seulement le droit de lui parler ? De lui dire ce qu'il avait sur le cœur ? D'espérer la ravoir près de lui et de vivre cette vie comme avant ? Avec ses amis et l'amour de sa vie à rire et discuter de tout et de rien comme si hier et demain n'existaient pas ?

Rien n'était plus pareil.

Il posa sa main tremblante sur le bois espérant qu'elle ouvre la porte d'elle même, qu'elle l'aide à avancer, être à nouveau essentiel pour elle et pour son avenir.

Il pourrait retourner un pays pour elle, affrontant chaque personnes sur son passage mais ne pouvait plus avancer si proche du but, redevenant non pas l'adolescent insouciant mais un simple enfant.

II sursauta, un vacarme infernal venait de derrière la porte, du bois se fracassait,  de la vaisselle éclatait sous des cris de rage semblant venir du fond des tripes de la jeune femme perdue derrière cette porte.

Un silence s'installa à nouveau le faisant paniquer à son tour.
Il ne supportait plus le silence, depuis 8 ans, ayant l'impression que cela ne pouvait être qu'un oiseau de mauvaise augure.

Une phrase sonna enfin dans sa tête, comme si son meilleur ami se promenait dans son crâne.
"Depuis quand tu réfléchis ?" Lui avait-il dit lorsqu'il avait hésité à dire ses sentiments à Lyanne plus jeune.

"Merci Chif..." chuchota Baji en ouvrant enfin la porte.

La vaisselle du thé de plus tôt n'était plus que débris sur le tatami alors que la magnifique table basse avait été envoyé dans un mur, le perforant par la même occasion alors qu'un des pieds trônait plus loin.

La pièce était vide de vie mais quelques légers sanglots attirait son regard sur la gauche de la pièce.

La porte en papier était déchirée laissant le jardin ouvert à la pièce comme si il cherchait à accueillir Baji.

Il approcha d'un pas hésitant vers le petit perron pour enfin observer celle qu'il voulait.

Elle était de dos, debout, fixant le ciel alors que ses épaules sursautaient encore de quelques petits hocquets.

Ses cheveux noirs semblaient ternes face à son ancienne chevelure de feu, son corps avait un peu changé, plus adulte mais cela semblait comme une évidence pour Baji qui connaisait chaque courbes, chaque grains de beauté ou autres petites particularités qu'il avait tant observé toute sa vie.

"Je t'aime..." dit-il sans même s'en rendre compte tant il était obnibulé par la jeune femme devant lui.

Lyanne baissa sa tête comme si un poid venait de lui tomber dessus avant de se retourner doucement vers lui, son masque cachant ses joues rouges de rage et trempés de larmes.

Il s'approcha encore d'elle et tomba à genoux devant alors qu'elle ne bougeait plus.

"Dis moi que c'est toi... s'il te plaît... Lyanne." Continua-t-il en attrapant d'une main le bas de sa chemise sans la quitter du regard.

Lyanne observa silencieusement l'homme devant elle, il craquait complètement, se laissant pleurer et vider toute cette pression qu'il avait accumulé tant d'années.

"Je t'en supplie... tout était faux... on voulait juste te protéger... je t'aime et je n'ai jamais arrêté de t'aimer... je n'ai jamais aimé personne d'autre que toi..."

"Tu es misérable."

"Je m'en fous... je serais ce que tu veux... mort si ça peut te rendre heureuse... je ne t'ai jamais trompé... je n'ai pas tué ton frère... Mickey t'aime aussi d'un amour inconditionnel, tu es la personne la plus importante dans notre vie..."

"Arrêtes de mentir."

"Tu étais morte... encore et encore... on était  trop jeune pour gérer ça,  on a pas fait les bons choix et on  a du t'éloigner de nous."

"Tu es taré."

Baji se releva, la dépassant toujours autant qu'avant en taille, il glissa un doigt sous son masque et le laissa tomber au sol, observant enfin le visage de celle qu'il n'arrivait pas à oublier.

"Tu es magnifique..."

"Tu n'as pas le droit." Dit-elle en essayant de refouler ses larmes.

"Tu es morte le 28 mars de tes 18 ans chez toi seule... tu as été violée et tuée par un gang ennemi.
Tu t'es également suicidée le 3 juin de cette année la par notre faute... on a essayés de s'éloigner de toi mais on a foirés ça... on a voulu que tu nous détestes ensuite, espérant que la haine t'aide à avancer, que tu ne nous regrettes pas.
On a été trop loin, je sais que ce n'est pas pardonnable mais j'aurais encore préféré que tu me tires une balle dans la tête si ça pouvait t'aider à survivre..."

Lyanne était perdue devant ce discours semblant sortir tout droit d'un livre fantastique, pourtant il paraissait étonnement sincère, au  bord de la rupture mentale.

Elle observait ses yeux noisettes injectés de sang et trempés de larmes, bercés pas ses cernes alors que sa lèvre tremblait encore de tout ce qu'il venait de dire.

"Je ne te demande pas de me croire ni de me pardonner mais ... laisses nous une seconde chance... tu es notre amie, notre sœur... celle que j'aime plus que la vie même.
Mickey n'a plus jamais été le même t'ayant perdu autant de fois."

"Je ... " Répondit-elle à bout, ne sachant même pas comment aligner 2 mots.

Baji glissa ses doigts dans son cou pour détacher son collier dont il ne c'était pas séparé une seule fois toute ses années avant de le tendre à  Lyanne.

"Crois moi... laisses moi entendre à nouveau ta voix, appelles moi Keis comme toi seule en avait le droit, je veux ressentir la chaleur de tes mains, revoir tes yeux me regarder même si c'est avec de la haine...
Je veux pouvoir reparler de toi avec un sourire aux lèvres, je veux arrêter de lire les nécrologies chaque matin... je veux ne plus ressentir cette boule au ventre mais revivre ses foutus papillons et l'adrénaline que tu arrives à me donner... je t'aime bordel... je te jure que je ne te mentirais plus jamais"