Milles vies - Baji Keisuke

19

Il lui avait fallu un moment pour réussir à revenir chez elle.
Le salon était vide de vie,  étonnament calme pour une fois.

Lyanne monta les escaliers pour se diriger vers la chambre de son frère, espérant le trouver pour être réconfortée par ce qu'il venait de lui arriver.

La première chose qui la frappa était l'état de la chambre de son frère.
La pièce était propre comme elle ne l'avait jamais été alors que son frère était certainement le garçon le plus bordélique qu'elle connaissait.

Au bout de quelques instants, elle comprit enfin pourquoi la pièce était aussi ordonnée.

Elle ouvrit sa penderie, sa table de nuit, retournant tout sur son passage.
Toutes les affaires les plus importantes du garçon avaient disparus.

Lyanne attrapa son téléphone et tenta de sonner à nouveau à son frère, sans la moindre réponse encore une fois.

Elle ne tarda pas à sonner à Draken cette fois, sachant que si Mickey était quelque part, Draken n'était pas loin.

La sonnerie était interminable, jusqu'à ce que la voix du garçon se fasse enfin entendre.

"Draken ?" Dit-elle entre deux sanglots.

"Oui ?" Répondit-il en tentant d'être le plus neutre possible.

"M-mon frère... où est Manji ?"

"Euh... il est avec moi."

"J'ai besoin de lui... s'il te plaît, dis lui de venir à la maison."

"Écoutes, ton frère est occupé, il a décidé de s'installer quelque temps chez moi, on va voir pour se prendre un petit appartement entre mecs."

Un long silence s'installa au bout du téléphone, elle n'était pas certaine de comprendre si Draken se moquait d'elle ou pas.

"... quoi ?"

"Faut que je te laisse, j'étais occupé."

Elle n'eu même pas le temps de répondre qu'il venait de raccrocher.

"M... manji.... Keis...." dit-elle en se laissant tomber dans le lit de son frère.

"Shinichiro... papy... " Reprit-elle en enfoncant sa tête dans le coussin.

Draken rangea son téléphone dans sa poche, observant du coin de l'œil son ami assit dans le lit fixant le sol.

"Comment elle va ?" Demanda Mickey d'une voix hésitante.

"Je pense que Baji a bien fait sa part du travail... ce serait mentir de dire qu'elle va bien."

Mickey se mordit la lèvre tout en serrant son poing.
"J'aime pas ça...  je peux pas laisser ma sœur comme ça."

"Laisses lui le temps, elle ira mieux dans quelques jours puis avec ses examens elle pourra se concentrer et ne plus penser à ça."

"Tu penses qu'elle passera à autre chose aussi facilement ?"

"Eum... je ne sais pas à vrai dire..."

Quelques petits cris de femme commençaient à se faire entendre de l'autre côté du mur, accompagné d'un grognement étrange.

Mickey fixa le mur d'un air dégoûté.

"On s'y habitue... t'inquiètes pas..."
Dit Draken d'un air désolé.

Cela faisait deux semaines que Mickey n'avait pas vu sa sœur, lui envoyant juste 2/3 messages pour qu'elle n'ai pas peur malgré la centaine d'appels manqués qu'il avait reçu d'elle.

Baji n'avait eu que quelques appels manqués d'elle comparé au blond, ce qui lui brisait le cœur de devoir ignorer à chaque fois.

Il passait la plupart de son temps dans le quartier de Lyanne, observant chaque mouvements et chaque personnes qui passaient près de chez elle sans se montrer.

Chifuyu leur avait expliqué qu'elle ne c'était pas rendu une seule fois à l'école, ignorant ses examens par la même occasion ce qui inquiétait Baji, il était certain qu'elle allait redoubler elle qui était si proche de commencer sa passion.

Cela était devenu un échec pour lui, se demandant si c'était la bonne solution de s'éloigner autant d'elle.
Il lui avait promit de l'aider à réaliser ses rêves et voilà qu'il gâchait tout par sa propre faute.

Lui et Mickey l'avaient entraînés dans une situation impossible à gérer, voulant l'empêcher de revivre le cauchemar de la dernière fois.

Depuis 1 mois elle était seule, depuis 1 mois tous l'avaient abandonnés sans une vraie explication.
Elle était passée par toutes les émotions possible.

La tristesse, pleurant toutes les larmes de son corps jusqu'à en avoir le corps asséché.

La peur en tremblant d'une vibration incessante sur chaque membres de son corps lui provoquant une chaire de poule des plus désagréables et en l'empêchant de dormir chaque nuits.

La colère la faisait hurler à en avoir la gorge en feu, faisant retourner tout sur son passage, son grand-père se retournait sûrement dans sa tombe en voyant l'état de la maison

Le dégoût l'empêchait de manger correctement, lui retournant son estomac dès qu'elle repensait à ceux qu'elle aimait tant.

A présent quelque chose de pire la traversait, le vide.

Elle n'avait pas mal, elle n'était pas heureuse ni en colère, elle ne pleurait plus mais ne réfléchissait plus non plus.

Lyanne était comme une coque vide  ou rien ne pouvait la stimuler.

Elle regardait la télévision, dans la même position depuis des heures malgré la douleur que son dos lui provoquait.
C'était très certainement la 3ème fois qu'elle regardait le même film, ne se rendant même pas compte de la boucle qui se passait derrière l'écran.

Elle ne regardait pas la télévision mais le silence de la maison lui était inconcevable, elle n'entendait plus les ronflements de son grand-père, elle n'entendait plus les disputes de ses amis, elle n'entendait plus les blagues de son frère et elle n'entendait plus les mots d'amour de Baji.

Son coeur ne lui faisait plus mal, cela était peut être un soulagement au fond, cela faisait 1 semaine qu'elle n'avait pas contacté les garçons.
Elle n'aurait même pas su dire où était son téléphone dans la maison, peut-être l'avait elle éclaté contre un mur un jour, prise de colère.

Une envie de prendre l'air lui prit, elle se dirigea à pieds nus jusqu'au petit jardin qu'elle aimait tant.

Son regard passa sur quelques plantes qui n'avaient pas survécu au dernier hiver qui avait été rude cette année.
Les mauvaises herbes ravagaient doucement chaque parcelle du terrain.

La rosée nocturne lui mouilla ses pieds la faisant ressentir enfin quelque chose alors qu'elle approchait de son tout premier érable, il dépassait enfin la jeune fille maintenant.

Elle attrapa une feuille qu'elle retira de l'arbre doucement pour mieux l'observer.

Lyanne sourit, resserant de son autre main le pendentif identique à la feuille qu'elle n'avait pas eu cœur de retirer de son cou.

Elle semblait comprendre quelque chose, se sentant enfin libre et ne pouvant retirer ce sourire de son visage.