Le Voyage d'Alix.

Chapitre 14

- D'accord, nous allons tout te raconter, dit Sarah en conduisant Alix près du feu.

Juliette prit la parole.

- Nous sommes des Mercenaires qui ont fait l'erreur de s'aventurer dans cette partie de la forêt. A chaque pas que nous faisions, une brume épaisse nous masquait la vue. J'étais avec Liam, Charles et Anne. L'air était très lourd. Tout ce que l'on a senti était une main qui se posait sur nos yeux et puis plus rien. Et nous nous sommes réveillés ici. Au fur et à mesure du temps, les autres sont arrivés.

- Vous êtes des Mercenaires ?

- Nous avons tout essayé pour arriver à sortir d'ici...marmonna Axel.

Alix pensa soudain à Léo. Que lui était-il arrivé ?

- Connaissez-vous Léo ?ou Adam ?

-Bien sûr ! Tout les Mercenaires se connaissent. Pourquoi ? s'illumina Liam.

- C'est une longue histoire donc je vais résumer : je fais partie du peuple des sorcières. Lorsque nous atteignons l'âge de dix-huit ans, nous devons nous rendre chez Rebecca, la première sorcière en traversant la grande forêt, c'est une sorte d'épreuve de courage...
J'ai croisé le chemin de Léo et Adam, qui m'ont accompagnée. Léo m'a suivie jusqu'à ce manoir. Il ne sait pas où je me trouve, il doit s'inquiéter...il est en danger lui aussi...

- Eh ben...alors tu es une sorcière ! C'est génial !

-Je n'en suis plus très sûre... marmonna Alix, songeant au fait qu'elle devait être auprès de Rebecca et non enfermée ici. N'y a-t-il vraiment aucun moyen de s'enfuir ?

- Non. Le seule porte qu'il y a dans ce sous-sol donne sur un minuscule jardin. Il y a tout juste la place pour un banc, un arbuste et quelques herbes et buissons qui poussent même malgré l'absence de lumière solaire. Je te le montrerai a l'occasion.

- Avec plaisir.

Quelques heures plus tard, tous les Mercenaires étaient retournés à leurs occupations.
Alix allait discuter avec chacun d'eux, essayant de mieux les connaître.
Elle choisit de s'asseoir auprès de Carla, qui caressait distraitement son ventre.

- De combien de mois es-tu enceinte ?

Elle parut heureuse que l'on lui parle.

- Six mois. Gabriel et moi n'en n'avions aucune idée avant d'être capturés ici. Il m'arrive de penser que même si j'ai eu de la chance que ma grossesse se passe bien jusqu'ici, notre enfant ne survivra sûrement pas. Pas dans ces conditions.

- Cet enfant était-il voulu ?

Elle soupira.

- Non pas vraiment...nous aurions pu éviter cette grossesse si nous avions eu accès aux techniques d'avortement que les Mercenaires connaissent.
Mais lorsqu' Anne me l'a annoncé après que je me sois plainte de nausées a répétitions, nous étions ici...
Nous avons fini par l'accepter. Gabriel est finalement impatient de devenir père. Ça se voit que ce n'est pas lui qui va accoucher...

Alix songea que le peuple des sorcières s'y connaissait beaucoup dans ce domaine là et elle se promit d'aider Carla du mieux qu'elle pourrait.
Juliette vint auprès de la future mère et Alix en profita pour s'éclipser.
Elle allait rejoindre Liam lorsqu'elle passa devant Charles et Anne qui conversaient discrètement. Elle réussit néanmoins a saisir quelques bribes de leur entretien : <<Elle ne te fait pas penser à quelqu'un ?>>, <<Si si, c'est possible...>>
Elle ne s'en préoccupa guère et continua son chemin. Mais la douleur provenant de ses plaies se réveilla. Elle tituba et alla s'asseoir au pied de l'une des grilles.

- Alix, c'est ça ? fit une voix derrière les barreaux.

Alix se tourna brusquement et vit Salem, assis sur son lit bien trop bas pour lui, jouant avec les anneaux de métal qu'il portait aux doigts.
Ce jeune homme effacé à qui elle n'avait jamais adressé la parole l'intriguait.
Elle se mit debout en grimaçant.

- Je peux entrer ?

- Oui.

Il ne levait pas les yeux vers elle.

- Je suis Salem, hasarda -t-il timidement.

- Je sais. Quel âge as-tu ?

- Dix-sept ans. Il osa enfin se redresser, révélant les iris les plus bleues qu' Alix n'ai jamais vu. Tu sais que tu ressembles à ma tante ?

Alix fut prise de court, ne sachant quoi dire. C'est alors qu'elle sentit que le sang s'écoulant de ses plaies commençait à tâcher sa robe. Elle en avait une de rechange dans sa sacoche mais elle l'avait sûrement perdue en cours de route car il ne restait plus aucune trace de ses affaires.

- Donc tu es une sorcière...ma tante prétend qu'elle en a été une. Elle me manque...

Alix partagea sa tristesse, pensant à Malen.

- Oh...tu saignes. Neven t'en as fait baver hein ? demanda-t-il, abandonnant sa tristesse.

- Oui...

Salem se pencha pour lui chuchoter quelque chose qui la chamboula.

- Mais il faut que tu saches : tout ce qu'il fait, c'est Elle qui le lui a ordonné.

- Elle ?

- Oui...Morrigan.

La grille du haut des escaliers grinça. Quelqu'un arrivait.