Chapitre 3

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La circulation fut étrangement fluide. En moins de temps qu'il ne fallait pour le dire, Amelin, Merry et Adara se retrouvèrent à l'aéroport de Kansas City. Pourtant, elles partaient de Lawrence. Mais Adara fut persuadée que le temps s'était distendu, pour paraître bien plus court. Merry avait pris l'enfant dans ses bras, suivant au pas de course Amelin, qui évitait au maximum les bains de foule. Amelin passait son temps à bifurquer, changeant de direction régulièrement, prenant des chemins que peu de gens connaissaient. Elles atterrirent sur le tarmac, où les attendait un jet privé.

Le véhicule était impressionnant. Il était grand, gris chromé, affichant un blason étrange sur l'avant de l'appareil. Le pilote, un grand homme d'environs trente ans et aux cheveux bruns, leur souhaita la bienvenue.

— Lady Maldone, Merry, mademoiselle, soyez les bienvenues.

— Merci, Henry.

Amelin grimpa à bord, suivie de Merry et Adara. L'intérieur offrait un vaste espace de luxe, dans un blanc épuré. Des banquettes en cuir étaient disposées autour de tables en bois laqués, jouxtant un bar en palissandre verni. De multiples hublots rendaient l'ensemble lumineux et agréable. Une grande télévision se trouvait sur un pan de mur en bois, près de la porte menant à la cabine de pilotage, et à une salle de bain sur la droite. Merry posa la petite sur un siège, tendant son sac à un Stewart qui les accueillit avec des verres de jus de fruits.

— Un jus de goyave, mesdames?

— Volontiers, servez également Adara, je veux qu'elle soit traitée comme une princesse, lui répondit Amelin, qui attrapa un verre à la volée.

Le jeune homme esquissa un sourire vers sa patronne, hochant la tête. Il baissa son plateau vers l'enfant, qui hésita quelque peu, avant de se servir. Le groom fixa Adara quelques secondes.

— Je m'appelle Jimmy, n'hésitez pas à me demander au besoin, mademoiselle.

Il s'éloigna ensuite, portant le sac d'Adara plus loin. Amelin prit la direction du cockpit. Elle donna quelques instructions à son pilote, qui prépara le décollage. Merry s'installa aux côtés d'Adara, la fixant de ses prunelles violettes. Adara goûta au jus de fruits. Dès la première gorgée, elle fut impressionnée. Jamais elle n'avait dégusté une boisson si riche et si savoureuse de sa vie.

— C'est très bon! s'exclama la petite.

— C'est du jus de fruits frais, Amelin les préfère ainsi, lui répondit Merry.

Adara observa attentivement la jeune femme. Elle fut captivée par l'éclat de son regard. Tout lui semblait singulier chez elle. Elle en oublia presque les questions qui lui taraudaient l'esprit. Merry posa sa main sur son front avec douceur.

— Ta vie va considérablement changer, tu sais?

— Je ne comprends pas ce qui m'arrive. On m'emmène où?

— On t'emmène à l'orphelinat « Garnet's place», en Angleterre.

— Parce que je suis surdouée?

Merry émit un rire léger et cristallin. Adara le perçut comme une douce mélodie, tintant agréablement à ses oreilles.

— Tu es sans doute intelligente, je ne sais pas si tu es «surdouée», mais tu as quelque chose, oui.

— Mais, madame Williams a dit...

Merry posa le bout de son doigt contre son petit nez. Pendant une fraction de seconde, Adara fut persuadée d'avoir vu des papillons voler dans sa chevelure. Elle cligna des yeux, éberluée.

Princess SpiriteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant