Chapitre 1

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Sur le palier de la porte, son père les attendait. Cet homme ne paraissait pas si grand, en réalité. Il était dans la moyenne, avec son mètre soixante-quinze. Mais il affichait un air intimidant. Son visage épais, aux joues rougies par l'alcool, fixait d'un œil mauvais les deux femmes ainsi que sa fille. C'était un cliché vivant du redneck urbain, imbibé de whisky. Autrefois, il avait sans doute eu du charme. Ses traits n'étaient pas hideux. Sa carrure devait être imposante fut un temps, impressionnante pour une femme. Mais elle s'était empâtée par l'abus de chips, de burger et de bière.

Madame Olmans ravala sa salive. C'était la première fois qu'elle voyait monsieur Miller. La plupart du temps, c'était une connaissance de la mère qui s'occupait d'Adara. Mais elle avait fui après avoir refusé les avances lourdes du maître de maison.

— Vous voulez quoi?! aboya l'homme en avançant son torse vers les deux femmes.

— On aimerait vous parler.Votre fille ne va pas bien, cela fait un mois que vous ne payez pas la cantine et...

— On n'a pas d'argent!

— Écoutez, vous trouvez ça normal que la petite soit livrée à elle-même, à ce point?! s'emporta madame Williams, qui serra la main de la petite.

Adara baissa le nez, tremblant comme une feuille. Monsieur Miller montra les dents, attrapant le bras d'Adara et tirant de toutes ses forces.

— C'est ma fille, allez-vous-en! Je connais du monde, vous allez avoir des problèmes!

Il ne leur laissa guère l'opportunité de répondre qu'il entraîna Adara à l'intérieur et claqua la porte. L'enfer sur terre se trouvait devant elle.

Elle n'eut guère le temps d'espérer. Encore moins de courir. Il défit sa ceinture d'un geste sec et la frappa avec virulence. Elle ne put que se protéger de ses maigres bras. Sa mère accourut, suivant son père dans la danse. Cela faisait une éternité qu'elle ne l'avait pas protégé. Elle se contentait de l'imiter, désormais. Le ballet infernal de sa peau meurtrie, ses propres cris qu'elle ne pouvait retenir...

Cependant, quelque chose de pire l'attendait. Avec brutalité, l'homme poussa sa femme plus loin.

— Tu n'es qu'une sale petite pute, comme ta mère. Je vais te punir comme je la punis elle, chaque soir.

Il défit son pantalon. Le sang d'Adara ne fit qu'un tour. Elle refusait de subir ce châtiment.

Du coin de l'œil, par la fenêtre, elle vit madame Williams, affolée. Cet idiot n'avait, cette fois-ci, pas pris le soin de fermer les volets. Il ne l'avait pas entraîné plus loin pour la corriger. Non, il s'était lâché, devant la porte. Cependant, l'enfant fut persuadée de voir la tête horrible de ces monstres qui la pourchassaient, dès lors que le jour déclinait. Créatures issues de son imagination? Elle savait qu'elle devait éviter de sortir, au risque que ces bestioles la traquent. De toute façon, elle devait gérer un monstre beaucoup plus palpable, qui s'approchait dangereusement d'elle, à moitié dénudé.

Cette fois, sa mère essaya de s'interposer. Il lui mit un coup de poing retentissant qui l'assomma d'un seul coup.

Il esquissa un sourire malsain, prononçant quelques paroles affreuses qu'Adara refusa d'écouter.

Il n'eut pas le temps d'en dire plus, qu'il fut éjecté avec violence contre le mur.

Cela venait de ses tripes. Son instant de survie, sa volonté de ne plus subir. Elle tremblait de tout son corps, le visage inondé de larmes. Un bruit sourd vrombissait ses oreilles.

C'était fini, quelque chose lui susurrait à l'esprit, que dorénavant, tout était terminé.

***

La police intervint, finalement. Son père n'était pas mort. Il fut seulement salement assommé. Désormais, deux agents l'emmenaient de force dans leur véhicule, l'ayant au préalable menotté. Sa mère fut conduite au poste, pour violence aggravée sur son enfant et non assistance à personne en danger. Adara n'oubliait pas, cependant, qu'elle avait fini par réagir au moment où son père était prêt à commettre l'innommable.

Princess SpiriteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant