Chapitre 4

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Au creux de la nuit, deux silhouettes s'engouffraient dans les ruelles de Glasgow. L'une, massive, déambulait à pas de velours, profitant du ciel sans lune pour se fondre dans l'obscurité. L'autre, aérienne, touchait à peine le sol de ses pieds. Elles suivaient à la trace un être qui n'avait rien d'humain. Sur son passage, des flaques d'un liquide gluant et non identifié laissaient une odeur putride.

L'homme aux épaules larges plissa ses lèvres. Même s'il était entraîné et habitué aux pires parfums des abîmes, il peinait à en supporter les relents. D'une main, il décrocha de sa ceinture une épée courte, gravée de symboles runiques. Au détour d'un immeuble, il percevait nettement la présence de sa proie. À ses côtés, la femme se positionna, prête à bondir. Ses grands yeux verts brillaient d'un feu intense, comme deux émeraudes illuminées par le soleil. Le chasseur posa ses prunelles brunes sur elle, hochant la tête.

Dans une même harmonie, ils s'élancèrent. La bête était là, étalant ses longs bras rachitiques sur le sol. C'était une masse longiligne, tel un corps humain étiré jusqu'à l'infini, dont le visage se révélait être un tube arraché, orné d'une bouche démentielle, semblable à une fosse infernale. Tournant ce qui lui faisait office de visage dans leur direction, la chose poussa un cri étouffé, aigu et insupportable à l'ouïe des chasseurs. La femme tira son compagnon en arrière, grimaçant.

— Alistair, ne fixe pas sa bouche, concentre-toi sur son ventre!

— Tu en as de bonnes, répondit-il, c'est à partir d'où, son ventre?!

Elle désigna une zone médiane de sa forme grotesque et dépassant l'entendement. Alistair serra les dents et asséna un coup violent à l'endroit indiqué.

— Azielle, maintenant!

Azielle glissa une main dans sa chevelure, faisant apparaître des filaments aquatiques, qui jaillirent en brisant les lois de la physique. Associée à la lame du combattant, cette magie devint dévastatrice et fit fondre une partie de l'anatomie de leur ennemi.

La bête cria de plus belle, se jetant à toute allure sur Alistair, qui, d'un murmure, fit apparaître un bouclier d'énergie autour de lui.

La chose d'outre monde se cogna avec virulence contre la protection magique, agitant ses griffes dans l'espoir de la briser. Alistair resta concentré, traçant des symboles dans l'air du bout de son index. À mesure qu'il s'exécutait, la bête se mit à se liquéfier, luttant misérablement pour sa vie.

Azielle lui donna le coup de grâce. Ses mains s'armèrent de griffes formées de gouttes d'eau solidifiées. Elle lacéra ce qui restait de la créature du Seuil.

Alistair poussa un long soupir. D'un geste, il replaça une mèche de cheveux noirs derrière ses oreilles. Il posa son attention sur sa compagne, tendant la main vers elle. Azielle la prit, esquissant un doux sourire. De sa main libre, elle épousseta sa veste en cuir et son pantalon noir abîmé par le combat. Il l'attira contre lui, effleurant ses lèvres des siennes.

— Mon pantalon a été abîmé, susurra-t-elle, affichant une moue boudeuse.

— Allons mon coeur, je t'en paierais un autre.

Azielle roula des yeux, mettant une pichenette sur son grand nez. Alistair se mit à rire, décontractant ses muscles. Il se frotta la nuque, essayant de se détendre.

— Rentrons mon amour, je crois que nous les avons tous éliminés pour ce soir.

Azielle hocha la tête et l'entraîna en direction de leur voiture. Ils s'étaient considérablement éloignés, mais marcher leur permettait de penser à autre chose. Chaque horreur affrontée demeurait un poids sur leur santé mentale, entretenue grâce à des sortilèges et de longues heures de méditation.

Princess SpiriteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant