Peut-on séparer deux êtres qui s'aiment ? Une mère - symbole de l'amour par excellence - peut-elle empêcher un homme et une femme de bâtir un nouvel amour ? L'amour peut-il être plus fort que la haine ? Jusqu'où l'hostilité d'une maman pourrait-elle...
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Si Noël s'achevait ainsi dans la joie et la douceur d'un moment de partage amical et familial devant les marches qui surplombaient la cathédrale du Sacré-Cœur à Paris, dans cette même et unique capitale, plus précisément dans un petit motel qui se trouvait d'ailleurs non loin du grand édifice religieux, un grand jeune homme se trouvait assis à une petite table devant sa grande baie vitrée, semblant occupé à bricoler du matériel audiovisuel. Comme la nuit tombait déjà sur cette très belle journée ensoleillée, il travaillait studieusement à la lueur d'une grosse lampe de bureau, mais aussi d'un petit poste de radio branché sur les infos locales.
C'était un très grand homme âgé d'environ dix-huit où dix-neuf ans, mais son apparence lui en donnerait trente, tellement il paraissait plus mûr. Sa peau granuleuse et plissée de quelques petites rides, marquée par les effets d'une déshydratation et aussi des ravages désastreux que lui ont causée une acné pubertaire, était d'un blanc livide et presque maladif. Des cheveux d'un blond fade et coupés en brosse, assortis avec une petite moustache et une petite barbichette encadraient à peine son visage maigre et ovale. De grands yeux verts, creusés par des cernes mauves, s'imposaient à peine sur son visage, ternes et comme rougis d'une éventuelle fatigue, tandis qu'une grosse bouche sans couleur, à demi-entrouverte, et qui laissait à peine se pointer quelques incisives jaunâtres, était craquelée et complètement gercée, sans doute par les effets du froid... et aussi de l'alcool. Le jeune homme, chaudement habillé d'un pull col roulé gris et très épais et d'un simple jeans noir, semblait très grand et très large d'épaules en revanche.
Sur sa petite table en bois où reposait un petit verre d'alcool et aussi un cendrier où une dizaine de mégots de cigarettes s'y trouvaient grossièrement empilées, il y avait donc du matériel électronique que le jeune homme était justement en train de manipuler, avec cependant beaucoup de tact et d'aisance, et ce matériel n'était ni moins qu'un appareil photo assez sophistiqué.
Soudain, pris par une petite quinte de toux rauque et grasse, il stoppa quelques instants son petit travail, et, faisant une toute petite pause durant quelques instants, il dévia grossièrement son regard vers une petite boite de cigarettes qui se trouvait à un angle de la table, et, la fourrant à sa bouche, il prit son petit briquet enfoui dans la poche de son jeans et l'alluma.
Tout à coup, alors que tout en toussotant légèrement, il se mettait en même temps à tirer de grosses bouffées sur sa cibiche, une voix féminine raisonna dans une pièce voisine – une voix de femme assez rauque et grossière – qui lui dit cependant de manière presque insouciante et décontractée :
_ « Eh ? Dis-donc Miguel ? T'as suivi les infos ce matin ? T'as suivi la météo ? À ce qui paraît, le temps va être pourri. »
Miguel en question, qui n'était personne d'autre que Miguel Fruit – ce garçon particulièrement méchant et sans cœur qui dans le passé avait causé tant de tort au jeune Émile à l'école – se retourna péniblement de sa chaise pour écouter : aussitôt, devant lui débarqua une femme qui sortait d'une chambre à coucher. C'était une femme grande et assez mince, d'apparence assez jeune, d'environ dix-sept ans, le corps façonné de quelques formes généreuses qui se dérobaient pourtant timidement sous un jeans large et un gros pullover rouge. Elle marchait en sa direction en simples chaussettes sur la moquette, les mains dans les poches, l'air tranquille. Elle était blanche de peau, son visage était rond et, outrageusement poudré et maquillé, il était marqué de quelques gros grains de beauté. Sa bouche épaisse et ses yeux d'un noir d'encre, eux-mêmes maquillés de crayon et de mascara noir, étaient encadrés par une chevelure lisse et brillantinée d'acajou, grossièrement ramassée dans une barrette, tandis qu'un petit piercing trouait discrètement une des ailes de son nez.
