Trois heures que le doute me poursuit, je ne fait que peser inlassablement le pour et le contre. Je suis tiraillée entre ma crainte de me retrouver face à l'effroyable regard d'Irwin et ma raison me soufflant qu'il est inutil de fuire, ce n'est pas une solution. Le temps défile, je dois rapidement me décider et effacer toute trace d'incertitude régnant en moi.
J'inspire un bon coup et franchis d'un pas que j'espère assuré, le seuil de ma salle de cours. Mon premier réflexe est de le chercher des yeux, pour savoir si il me reste encore un peu de répit. A mon plus grand désagrément, il a déjà prit place, accoudé à sa chaise, les yeux perdus dans le vide comme absorbé par ses pensées. Je passe près de lui en priant mentalement pour qu'il ne me remarque pas, malheureusement à peine mets-je assise qu'il tourne la tête dans ma direction. L'idée de baisser les yeux me traverse l'esprit, mais je croise un instant son regard bleu acier et suis comme enivrée par ce dernier. Je n'y décèle aucune trace de haine ou de mépris, cette lueur sauvage de rage qui animait ses prunelles une semaine auparavant s'est dissipée, bien que la froideur qui en émane soit quant à elle, toujours présente. Ce léger changement fait naître progressivement en moi un sentiment de confiance. Son attitude de la dernière fois, n'étais peut-être pas directement lié à moi, des mauvais jours arrivent à tout le monde. Cela ne va pas me pousser à le haïr pour autant, j'ai l'habitude de ces revirement de comportement, j'ai longtemps supporté les sauts d'humeur de mon entourage. Enfin, sauts d'humeurs n'est pas le terme exacte, cela reviendrait à dire qu'ils changeaient brusquement de comportement, passant de gentils et attentionnés à méchants et distants. Or ils étaient tout les jours désagréable en mon encontre, chacun de mes faits et gestes étaient épiés, accompagnés d'une remarque blessante et d'un regard haineux remplit de reproche et cela à chaque moment qu'ils jugeaient propice, pour bien me faire comprendre que je n'étais pas conforme à leurs attentes. Je devais suivre les pas des membres de ma famille, adopter leur conduite et pratique, je devais faire comme eux : réduire les corps de ces êtres maléfiques qu'ils chassent depuis des générations, en lambeaux, en découper chaque parcelle pour les anéantir définitivement et être certaine qu'ils ne ressuscitent jamais. L'obligation était de les trancher à vive pour que chaque fibre de leur être tremble sous la torture, qu'ils soient terrassés par la douleur. Tel est l'avenir que ma famille avait soigneusement élaboré pour moi, massacrer, martyriser sans une once de scrupule ces créatures dont personne ne doute de leur existence. Pourtant elles sont belles et bien là, cachés parmi nous. Vous en côtoyez peut-être même chaque jour, qui vous dit que ce n'est pas un de vos collègues, un membre de votre famille, la boulangère de votre quartier ou un des enfants que vous laissez passer sur le passage piéton à la sortie de l'école. Au premier coup d'œil ils ont une apparence humaine cependant lorsqu'ils s'énervent, rentrent dans une colère intense, leurs visages se noircissent, leurs bouches blêmissent, leurs yeux deviennent aussi rouges que les brûlantes flammes de l'enfer. Quand ils s'engouffrent dans cette transe, ils sont pour la plupart incontrôlables avides de faire le mal sans jamais en être assez repus, seule une infime partie d'entre eux réussit à se maîtriser à contrôler leur manque.
Un léger bruit de plastique heurtant le carrelage résonne, m'obligeant ainsi à m'extirper de mes pensées et à chercher d'où provient le son. Je scrute le sol et m'aperçois que ce n'est autre que mon stylo qui a chuté. Je profite de l'inattention que mes camarades de classe me porte pour me baisser et le ramasser discrètement. Dans ma volonté d'être efficace et rapide, je me précipite et en me relevant me cogne la tête contre ma table. Aïe ! ! Cela fait un mal de chien. Je me replace sur ma chaise en me massant le crâne pour atténuer la douleur. Heureusement que personne ne m'a vu, je n'aurai pas eu l'air bête. Comme si on m' avait entendu et que l'on cherchait à me contre dire, un rire étouffé me parvient. Je cherche du regard à qui il appartient et constate que Irwin m'observe d'un air moqueur, un petit sourire qu'il tente de dissiper du mieux qu'il peut orne son visage. A cet instant je suis perdue, deux sentiments contradictoire cohabitent en moi, je suis vexée qu'il se moque de moi et de mon habituelle maladresse mais aussi fascinée par son sourire illuminant son visage. En une apparition il arrive à semer le désordre dans me tête et mes émotions, je ne sais pas sur quel pied danser avec lui et ses revirements de comportements, la seule chose qui ne change jamais, peu importe qu'il soit haineux, moqueur ou indifférent et sa froideur. Ce qui me laisse comme a chaque fois que je le vois, intriguée et dévorée par la curiosité.
Pourquoi tant de froideur ?
Est-il seulement comme ça avec moi ou avec les autres aussi ?
Allongée tranquillement dans mon lit, mon livre L'école de la nuit de Déborah Harkness dans les mains. Je suis complémentent coupée du monde, n'accordant aucune importance à ce qui m'entoure. Je me perds entre les lignes de cette envoûtante histoire, mon corps est traversé par diverse émotions, du rire à la tristesse jusqu'à l'émerveillement et l'adulation pour l'auteur qui écrit divinement bien. Captivée par ma bible, je ne remarque qu'après un long moment que mon portable vibre et que j'ai encore reçu un appel sans message vocal de ce fameux numéro inconnu. Je me demande bien qui cela peut-il être ? Si je vois que les coups de fils ne cessent pas, je le rappellerai pour connaître l'identité de ce dernier et savoir ce qu'il me veut.
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Jägerin von Dämonen
DiversosAmbre, jeune fille de 19 ans quitte son pays natal, la France pour aller vivre en Allemagne. En effet, elle voulait à tout prix s'éloigner de sa famille et du terrible secret qu'elle cache et qui dès son enfance avait pesé sur elle. Mais cela est...