Chapitre ③

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Bonsoir les amis ! ^-^

Voici la suite de Poupée que je suis trop heureuse de vous poster!! Je précise que ce n'est pas parce que je publie tous les vendredis depuis le début que ça veut dire qu'il y aura systématiquement un chapitre chaque vendredi ! Parfois ça sera le mercredi, ou le dimanche ou autre, et dans des cas spéciaux un chapitre pourra mettre + d'une semaine à arriver !


Bonne lecture ~ ♥


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Au cours de ma vie, j'ai imaginé beaucoup de situations comme celle-ci pour les appréhender au mieux.

Ce n'est pourtant pas le cas cette fois ; mon retard ? Un détail parmi tant d'autres, ce n'est pas la fin du monde, encore moins ici. Même si je m'aligne à l'effet papillon, celui-ci n'est pas effectif dans toutes les situations. Par là, j'entends que mes treize minutes de trop sur l'heure du rendez-vous ne vont pas changer ma journée ou mon année plus que de raison, moins encore elles ne vont déclencher un ouragan dans une autre ville du monde.

C'est seulement... je ne sais pas. J'aime quand même avoir une longueur d'avance et je n'en ai actuellement aucune. De toute évidence, je n'ai pas appréhendé cette situation-ci par manque de rigueur. Pour une fois - une putain de fois - je n'ai pas réfléchi. Pas cherché l'hypocrisie, qu'elle soit physique ou morale. En somme, je me suis habillé sans m'inquiéter de mon apparence, et je suis arrivé en retard presque en toute quiétude.

C'est pourtant là que j'aurais dû être vigilant.

Mon mentor, véritable produit de la littérature avec ses vêtements classes, ses mocassins de marque modérée (je peux parier qu'il en a de plus chers), ni trop ni pas assez, fait face à un connard à l'habillement aussi accordé que mon retard et son exigence, que je découvre, ne le seront jamais.

Pour rappel, je ne suis que sweatshirt vert pomme et pantalon brun vieux de six ans, que cheveux emmêlés, joues rouges de précipitation, posture incertaine, vacillante, avec le soleil qui tente d'un bout à l'autre de la pièce de m'aveugler. Tout ça contre lui, à l'heure et droit, bien sapé, presque le menton levé. Je dirais même contre ça, ça parce que je cherche, sur ses traits figés, un soupçon d'humanité.

Sa figure est aussi vitrifiée que de la porcelaine bien polie.

— Tu peux t'asseoir.

Paradoxalement, la lenteur de son articulation verbale agit sur moi comme une secousse. Tandis qu'il n'a pas bougé d'un millimètre depuis que je suis entré dans la pièce, moi, je gesticule dans tous les sens ; mon regard jongle entre le sien et son corps, que j'attends de voir prendre vie, qu'il m'est étonnant de constater toujours tendu après toutes ces secondes, comme si une broche en métal occupait l'intérieur de sa colonne vertébrale.

Il n'y a que deux choses qui me persuadent que je n'ai pas affaire à un cadavre sur pieds : sa voix qui s'infiltre dans mes oreilles ainsi que l'inclinaison soudaine, mais pas vive, de sa tête sur le côté. Il la penche à peine, j'aurais dû manquer ce mouvement. Mon mentor n'est donc pas de ceux qui ont l'allure qui va avec le comportement ; je l'aurais cru patient, il ne l'est pas.

— Ici... ?

Ma main se lève faiblement pour montrer une table au hasard, ce geste s'accompagne de mon regard que je me surprends à détacher de lui avec hâte.

Ça ne va pas. Pas du tout. Je ne comprends pas ce qui me prend. Tout ceci est parfaitement ridicule, mais rien ne sort. Rien à part des inspirations coupées dans leur élan quand je crois qu'il va parler, comme si je n'osais d'ores et déjà pas l'interrompre.

Poupée [Taekook]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant