Chapitre ①③

11.5K 930 2.5K
                                    


Bonsoir les amis ! ^-^ 

Voici la (longue) suite de Poupée ! Ce chapitre est le plus long jusque-là ! ;)


Bonne lecture ~ ♥


********************************


C'est quoi ce putain d'énorme foutoir ?

Je m'arrête net à l'entrée de l'amphithéâtre, médusé par ce boucan assourdissant. Les sourcils intensément froncés, je descends les marches au ralenti, m'étonnant chaque fois un peu plus de cet amas d'étudiants (d'étudiantes, surtout) surexcités. Au loin, une petite main s'agite vers moi, alors je slalome entre les sacs éventrés sur le sol pour rejoindre mon ami qui m'a fort heureusement gardé une place malgré la salle surchargée.

— 'Va falloir qu'on m'explique.

Il se met à rire en ôtant son bonnet, tout juste arrivé lui aussi.

— Je savais que t'allais réagir comme ça, sourit Jimin.

Un air amusé collé au visage, il porte le regard à gauche, à droite, devant puis derrière lui. Les masterants se lèvent, s'asseyent, hurlent à plein poumons les prénoms des autres et les nanas s'extasient sans cesse.

— C'est pourtant évident, me glisse-t-il, énigmatique.

Je le lorgne presque, agacé de sa demi-réponse.

— Je pensais pas qu'ils étaient si populaires que ça, chez les M1. Y'a même des licences qui se sont ramenés, je rêve.

— De qui tu parles ? Crache le morceau, là.

Les portes s'ouvrent. Le silence balaie l'amphithéâtre comme une bourrasque de vent qui viendrait de la plus proche des tempêtes, et sur mon siège, je décide de ne pas bouger, puisque les pas claquants de trois personnes descendent de toute façon le grand escalier.

— Imani me l'a dit rapidos ce week-end, mais je pensais pas qu'ils feraient ça dès lundi à neuf heures. T'as rien lu ce matin sur le groupe ?

De concert, six pieds frappent le sol en rythme, marche après marche, pour gagner l'estrade devant le grand tableau vide.

Je crois que mon dégoût pour cette école ne s'est pas réellement amélioré.

Après avoir vu monsieur Daniel, j'ai eu un semblant de joie, de sensation de plénitude lorsque j'ai cru comprendre qu'on me saluait enfin pour mon sujet que j'ai toujours pensé original. Assez, en tout cas, pour être accepté à l'université spécialisée. Et si les mots de ce Joshua résonnent encore en moi comme maquillés en bouée jetée pour ne pas que je me noie, je n'ai de cesse d'être accablé par toute la futilité de cette école et par nos enseignements répétitifs. Parfois, je me remémore la conférence de monsieur Pyon et de son collègue, et je pense à tout ce que je rate, à chaque seconde qui s'écoule durant laquelle je ne suis pas à l'US. Chaque heure ici est une heure manquée là-bas, peut-être deux, si la distorsion temporelle fonctionne sur Terre - peut-être qu'elle le peut, qu'on ne le saura jamais vraiment - alors pour une heure ici j'en manquerais trois là-bas.

Pourtant, les enseignants ici sont bons, les cours sont corrects bien que redondants. Mais les statistiques sont claires : le taux d'étudiants qui finissent par devenir chercheurs à succès et professeurs reconnus à l'université spécialisée dépasse en tout point celui de l'université générale. En ce sens, n'y a-t-il pas un problème de temporalité ? Ce cours sur la relativité générale d'Albert Einstein qu'ont donné Ilhwan et Joshua, n'est-ce pas un peu d'espace-temps qu'ils ont amené ici ? Je perds le mien, de temps. Je commence à m'y faire, c'est certain ; j'ai bien compris que je n'allais pas bouger les fesses de ce putain d'amphi avant deux ans. Mais chaque jour est une douleur supplémentaire à ce même jour que je perds autre part. Que je gaspille.

Poupée [Taekook]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant