Chapitre ⑧

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Bonsoir les amis ! ^-^

Pardon pour le retard ! Mais ce chapitre est un peu plus long que les autres donc la correction m'a pris du temps ;)


Bonne lecture ~ ♥


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La fatalité de la prison que forme mon corps sur mon âme m'a toujours profondément terrifié.

Par fatalité, j'entends que c'est bel et bien irrémédiable. Le trou noir qui grossit en moi, terrible, massif, aspirera toujours chaque étincelle qui naît, renaît, ou en tout cas qui le tente malgré sa difficulté. Et je ne peux y échapper quand bien même je courrais à des kilomètres, fuirais jusqu'à l'espace, imiterais la vitesse de la lumière. J'ai plusieurs fois cru que m'en aller serait suffisant, que ça couperait les liens avec ma douleur, définitivement.

Mais un fil, ça peut s'étirer.

Suivant sa matière, il peut même longuement s'étendre avant de casser si tant est qu'il n'est pas trop épais ou trop serré ; chacun des fils qui nous composent ont leurs propres limites. Parfois, cependant, les limites sont si lointaines qu'on ne peut les distinguer. Dès lors, on cesse de regarder, on marche presque à reculons, et c'est précisément là qu'on les heurte sans les avoir remarquées. Ça ne veut pas dire qu'on s'en sort sain et sauf, peut-être même que c'est pire. Si ma limite est une ligne rouge sur le sol et que je me rends compte trop tard de l'avoir franchie, je vais piler, tenter trop brusquement de rebrousser chemin, mais je n'y pourrais plus rien ; mon pied sera déjà de l'autre côté. Au mieux, je serais en plein dessus, les chaussures dans le rouge. Au pire...

— T'entends ça ? Oh mon Dieu, la salle est déjà pleine !

...j'aurais freiné si fort, de peur de la franchir, que j'en tomberais.

— Encore heureux, j'ai pas porté tes tables pour rien.

Je crois que je l'espère, au fond de moi.

— Allez, viens ! Namjoon et les autres y sont déjà !

Que je me trompe lorsque je parle de fatalité.

— Y'a de l'alcool ?

— Bien sûr. Mais chut, pas un mot, hein. Ce sera que pour les M2.

— Sympa pour les nouveaux.

— C'est bon, t'en auras aussi.

— J'allais me servir sans ton autorisation.

Parce que si je ne fais pas fausse route, alors je ne sais pas. Je ne sais pas comment je vais pouvoir échapper à mon mal-être. Si je ne me trompe pas, le trou noir qui engloutit mes organes ne sortira jamais. Je ne vais pas pouvoir y échapper.

Et j'ai simplement peur.

— Allez, ramène-toi. Je ne veux pas rater une miette de la fête qu'on a créé.

J'ai peur du moment où je ne vais plus pouvoir l'éviter.

— Je suis bien ?

Près de la salle que nous avons décorée, Imani fait volte-face et prend la pause devant moi pour que je puisse l'admirer. Malgré les lumières éteintes de l'université, j'arrive à peu près à la distinguer grâce à la lune, toujours cette lune, qui frappe les fenêtres des couloirs vides en ce début de soirée.

— Je t'ai déjà dit que oui.

— Non mais, vraiment. Dis-moi la vérité.

Son air angoissé me fait tiquer. Je soupire, fourre les mains dans les poches du pantalon à pinces qu'elle m'a prêté et analyse sa tenue dans son entièreté.

Poupée [Taekook]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant