So much more ; Hyunlix

33 ; Eighth month

!! TW : Sang, violence et meurtre !!

Je m'étais réveillé, vaseux, la tête lourde dans une chambre, seul. Je ne reconnaissais pas les lieux, j'étais simplement... À l'ouest encore. Il me fallut un moment pour reprendre le fil de la journée, pour me rappeler ce qui venait de se passer, pour me souvenir que rien n'était sous contrôle. Me redressant alors, en panique, j'étais sortie du lit, ouvrant la porte pour entendre des voix, pour les reconnaître avant de m'y précipiter. Tout le monde était là, maintenu d'une façon ou d'une autre alors que Monsieur Hwang était en train de frapper son fils. Encore et encore. Effaçant la distance entre eux et moi, je m'étais interposé entre les deux Alphas, protégeant le plus jeune de mon corps. "Stop..." soufflais-je en m'attendant malgré tout à l'impact qui ne vint jamais. Non. À la place, je me fis saisir le menton et tirer en avant avant que sa main ne se referme sur ma gorge. "Tu étais sous mes yeux depuis le début Yongbok...", forçant un mouvement de Hyunjin, il se fit stopper net alors que moi, je m'éloignais encore un peu plus. "Mon fils t'a marqué avant ou après avoir appris qui tu étais vraiment ?", qu'est-ce que ça changerait au juste ? Qu'est-ce que ça pouvait lui foutre ?

"Seungmin m'a donné quelques détails intéressants..." ne décrochant pas mon regard de lui, j'aurais pu le tuer si seulement mes yeux en avaient le pouvoir, mais non, à la place, j'essayais de rester calme, de ne rien provoquer, "Je suis marqué à un Hwang, j'attends ses enfants... Vous avez ce que vous voulez depuis longtemps..." gémissais-je en répétant les mots que Seungmin avait pu prononcer pour me défendre. Seungmin. Aurais-je d'ailleurs pu y croire ? Non, mais en mettant les éléments en place, les uns après les autres, ça me semblait à présent tellement logique, tellement normal. Je lui avais dit de le faire. J'aurais fait comme lui. "Non Yongbok... Pas quand mon fils t'a marqué pour me poignarder... Tes chiots n'ont aucune valeur, Hyunjin n'est plus mon fils, c'est un traitre...", frissonnant à ces mots, j'avais peur de sa conclusion, peur qu'il en arrive à une décision que je ne pourrais accepter, que je ne pourrais supporter. "Ça reste votre sang..." tentais-je de justifier avant qu'il ne lâche ma gorge pour saisir mes cheveux et tirer dessus.

"Tes chiots ou ton Alpha ?" demanda alors l'homme avant de placer une lame sous ma gorge tandis qu'une arme se pointait sur Hyunjin. Mon coeur venait de cesser de battre, mon monde venait de sombrer, "Pitié... Je vais signer vos putains de papier..." grondais-je en fixant l'Alpha. Son père resserra sa prise, me faisant tomber à genoux. Quand ? Quand est-ce que tout m'avait échappé ? Quand avais-je pu sombrer ? Quand est-ce que qu'un choix m'avait semblé aussi peu évident. J'étais... Je sombrais, entièrement. Levant une arme vers son fils, mon sang se glaça à nouveau, me faisant supplier, encore.

À genoux, un couteau sous la gorge et une arme pointé sur mon ventre, je fixais cet homme, ce père qui tenait en joue son fils, dans la même position que moi. J'avais beau pleurer, crier, rien n'y faisait, je n'arrivais pas à me libérer. Pourtant Chan était là, Min-Ho aussi. Mais à cet instant, quel que soit leur fidélité envers nous, ils protégeaient leurs Omégas. Ils ne pouvaient eux-même pas se défaire de cette situation. Ils... Ils ne pouvaient rien faire. "Je vais le redire une dernière fois. Tes chiots ou ton Alpha..." gronda le patriarche. Un choix qui aurait dû être impossible, mais qui pourtant me sembla si simple à cet instant, alors que le danger se rapprochait. J'avais déjà perdu un chiot. Cette grossesse devait être là pour gagner du temps. Ce n'était pas des enfants de l'amour. Mais j'aimais Hyunjin. Je l'aimais et sans lui, il ne pourrait jamais y avoir d'enfant voulu, désiré, jamais ces preuves éternelles de ce lien qui avait été si difficile à se créer, mais qui aujourd'hui me semblait impossible à perdre.

"Pitié... Pitié non ! Je... Je vous donne tout, mais non... Pitié !" suppliais-je, abandonnant ce pourquoi j'étais venu ici, ce pourquoi tout ça avait été créé pour la simple idée de le sauver. Pourtant Hyunjin était calme, apaisé. Il me regardait avec douceur, avec amour, murmurant quelques mots, murmurant qu'il m'aimait, qu'il m'aimerait toujours. "Non..." gémissais-je avant qu'il ne se dégage de l'emprise des hommes de son père pour tendre le bras et saisir le canon de l'arme de ce dernier avant que la détonation ne résonne en réaction. Touchant Hyunjin en pleine poitrine, il s'écroula lourdement, crachant du sang dans une profonde souffrance qui me fit hurler, qui me fit me libérer pour le rejoindre, sentant déjà notre lien s'effacer, mon monde s'écrouler. "Non... Non... Appelez les secours, pitié... Des secours..." suppliais-je à nouveau alors que Changbin s'était approché. "Pitié..." répétais-je alors que la respiration de Hyunjin devenait difficile. Posant mes mains sur son torse, j'essayais de contenir l'hémorragie, j'essayais, mais sous mes doigts, je sentis son coeur cesser de battre et... Hurlant à nouveau, je fus tiré en arrière par quelqu'un, par Chan, ignorant mes injonctions pour suivre les ordres de l'homme qui venait de tuer son fils. Nous n'étions plus libres, mais... "Pitié..." murmurais-je à nouveau, mes larmes couvrant mes yeux, cachant ma vision pour ne plus voir que le corps flou de l'homme que j'aimais.

"Je t'autorise à mener cette grossesse à terme, mais ils ne seront rien pour nous, que des bâtards. Après, tu seras ma chienne, tu porteras autant que je le désirais et me donneras des fils qui pourront me succéder sans me trahir." avait-il décidé en rangeant son arme. Cette décision ne me frappa pas, j'étais trop fixé sur ce qui commençait à disparaître, ce que je ne sentais plus et son corps. Il ne pouvait pas... "Pitié..." répétais-je à nouveau alors l'on quittait la pièce pour rejoindre l'étage, pour que je sois déposé dans une grande chambre.

"Pitié..." demandais-je à nouveau alors que mon coeur se vidait, que mon ventre me faisait mal, comme si en plus de mourir, nos chiots comprenaient. "Je suis désolé..." souffla Chan, "Pitié... Pitié... Pitié je... Pitié..." suppliais-je à nouveau en tombant à genoux, mes mains s'accrochant à Chan, "Pitié..." mes suppliques étaient devenus des hurlements, à nouveau, alors que je sentais d'autres mains sur moi, celle des Omégas qui comme moi, verraient leurs vies se limiter à ici. Il ne pouvait pas être mort. Il ne pouvait pas m'abandonner. Pas après m'avoir fait l'aimer. Pas après avoir changé ma vie. Non il ne pouvait pas. Il ne...

Posant une main sur ma poitrine, elle commença à se serrer, lourdement, mon coeur s'écrasant, se réduisant en cendre pour céder à la panique. Une panique qui allait me tuer, car je ne pourrais, je ne pourrais pas vivre sans lui. Il n'y avait aucune entreprise à gagner à la fin. En fait, le seul vrai combat, le seul que j'aurais dû saisir, c'était le combat de l'amour. C'était ce gain, ce sentiment qui avait transcendé mon père, celui qui m'avait vu naître. J'aurais dû réaliser depuis longtemps que je n'avais pas besoin d'une entreprise, d'une vengeance, juste d'être aimé tel que j'étais. Et ça, il me l'avait offert avant de partir et aujourd'hui... Il n'y avait plus aucun sens.

J'étais mort avec lui dans le fond.

Si j'avais cru souffrir à l'époque, lorsque notre lieu s'était brisé, lorsqu'il m'avait rejeté, je comprenais aujourd'hui que j'étais loin de toute vérité. Je n'avais pas vraiment souffert. Je n'avais pas le besoin de créer, d'essayer de maintenir le lien quoi qu'il arrive dans mon esprit. Les chiots peut-être, car ils étaient de lui, ils ne pouvaient pas disparaitre, ils me rappelaient que... Hyunjin les avait choisis à lui... Il... Pourquoi était-il devenu généreux, altruiste à cet instant ? Pouvait-il pas être l'homme froid que j'avais connu au début ? Pourquoi... Pourquoi avoir réellement changé, ne pas avoir lutté pour sa vie à cet instant ? Il aurait dû. Il aurait dû se choisir, ou me laisser choisir... Il aurait dû.

Sans le savoir, cette journée marqua le début d'une descente aux enfers, d'une volonté d'en finir, de ne pas continuer sans lui, car pour quoi faire ? Ses enfants n'auraient jamais connaissance de l'amour de leur père. Ils ne sauraient pas exactement combien il les aimait. Pas plus qu'ils auraient le droit de grandir correctement. Pas plus que j'aurais une vie après cela. Nous étions tous condamnés par orgueil. Mon orgueil.