Chapitre 7

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Deux semaines. Deux longues et éternelles semaines ou notre guerre est restée figée à 6-6. Deux semaines pendant lesquelles ni Nick ni moi n'avons daigné nous manifester, deux semaines ou aucun de nous deux n'avait appelé l'autre, par fierté sûrement. Assise sur mon lit je fixe mon portable, essayant de me décider à appeler Nick lorsque la voix claire d'Eliana retentit dans le couloir. C'est l'heure. Je me leve doucement, traînant des pieds, et descends les escaliers. Eliana s'approche de moi, toute excitée et le sourire dessiné aux lèvres. Elle m'enlace brièvement, m'embrasse les deux joues, et ses valises à la main, court vers l'extérieur de l'appartement. Jimmy nous a observé, les mains dans les poches, adossé au cadre de la porte d'entrée. Il a offert à Eliana, quatre jours à Paris. La belle en rêve et ne sait pas encore ce à quoi elle va devoir réfléchir une fois là bas. Il me fixe au plus profond de mes prunelles, dans lesquelles les larmes montent peu à peu. Nous n'avons jamais été séparés plus d'une journée, et l'idée de ne pas être dans le même pays plus de 24 heures me torture silencieusement. Je laisse échapper les perles salées qui noient mes yeux et accours dans les bras de mon cousin qui a prévu une telle réaction. Il encercle mes épaules et caresse mes cheveux clairs en embrassant le haut de mon crâne.

« - Joli coeur ne pleures pas, s'il-te-plait.

- J'en ai marre Jimmy...

- Je dois y aller, je l'ai promis à Eli. Regardes -moi, dit-il en relevant mon menton. Sèches tes larmes tu sais que tu n'es pas toute seule ici, Nick est là à tout moment.

- Il l'était. Allez vas- t'en, Eliana t'attend... »

Je pousse légèrement mon cousin en dehors de l'appartement et ferme la porte avant d'inspirer profondément . J'essuie mes larmes en reniflant et m'arme de courage en repartant dans ma chambre. J'attrape mon téléphone, une cigarette, et m'assois sur son lit. Mes prunelles restent fixées sur l'écran. Quand bon dieu va-t-il se décider à appeler ? Cette question résonne dans ma tête, violente, douloureuse, incessante. Soudain, le vibreur de mon cellulaire se déclenche a la même secoude ou je fais tomber la cendre du bout du cylindre bicolore.

« -Allo ?

-Ouai eu... Kayleen c'est Nick. Je...
Enfin... Tu peux venir à la maison ?

- Je eu... Ok , j'arrive.

- Passe prendre des sushis pour nous deux, je te rembourserai.

- Pas de soucis.

- Hé Kayleen ?

- Ouais?

- Faut qu'on parle. »

A ces mots je raccroche en déglutissant affreusement difficilement. Il veut parler. Parler de cette phrase que j'ai prononcé ou qui, pour être plus juste, m'a échappé sans que j'y fasse attention l'autre fois au Starbuck. J'inspire plusieurs fois, cherchant à reprendre mes esprits. Depuis la dernière fois j'ai décimé des paquets de cigarettes, cherchant inconsciemment a oublier que j'avais parlé trop vite.

Nick ayant mentionné des sushis pour deux, et non pas pour une équipe de foot, l'appartement nous est donc réservé pour la soirée. Je baisse les yeux sur ma montre et passe rapidement une main dans mes cheveux avant de courir me poster face a mon placard. Chaque vêtement vole au travers de la pièce avant que je ne tombe enfin sur un ensemble qui me semble parfait. Je prends les vêtements entre mes mains et me poste face a ma glace pour m'imaginer a l'intérieur avant de les enfiler a toute vitesse et de partir a la recherche d'une paire de chaussure dans le placard d'Eliana. Je me résolue à enfiler des escarpins. Je cours vers la salle de bain et noue mes cheveux avant de souligner mes yeux d'un trait d'eye liner. Une fois mon reflet dans la glace assez plaisant, je descends les escaliers tout en contrôlant ma respiration devenue irrégulière depuis le coup de fil de Nick. Une fois dans la rue, je fais signe à un taxi avant d'y entrer en frottant mes mains l'une contre l'autre. J'indique au chauffeur l'adresse du magasin japonais ainsi que celle de Nick. Je m'enfonce en soupirant dans mon siège comme enveloppée d'une sensation de bien être indescriptible, Nick. Nick la pire chose qu'il me soit arrivé dans la vie, mais aussi surement la plus comique. Nick, cette petite tête charmante qui est le seul a me perturber ainsi. Je soupire sous les yeux intrigués du chauffeur. Quelques minutes plus tard, il s'arrête tendant la main en attente de billets. Amusée, je fais signe au chauffeur d'attendre quelques minutes et sors du taxi. J'appuie sur la sonnette de l'appartement de Nick, pouffant de rire par avance. Lorsqu'il ouvre je lui fais signe d'aller payer le taxi. Il me regarde sévèrement avant d'aller chercher son portefeuille. Lorsqu'il revient vers l'appartement, le regard triste face a son portefeuille désormais vide, je m'empresse d'attaquer la conversation.

« - J'ai ramené les sushis, j'ai une faim de loup.

- On s'installe au salon, allez viens. »

Nick m'intime à le suivre et, une fois assise, je déballe les sachets de nourritures et les dépose sur la table. Nick attrape ses baguettes et les plante dans un sushi qu'il avale d'un trait, sûrement de peur de parler. Après avoir avalé ma part en silence, je releve les yeux vers Nick, timide. Ce dernier s'essuie les lèvres à l'aide d'une serviette en papier et se lève. Posté face à la vitre, il me tourne le dos. J'inspire, me lève à mon tour, et grâce a ma petite taille, je passe sous l'avant bras de Nick de manière à me poster entre lui et la vitre.

« - J'crois qu'on doit parler Kayleen.

- Pas ce soir. »

À ces mots, je me poste devant Nick et dépose mes lèvres rouges sur celles tremblantes du bouclé. Je passe mes mains dans la nuque de Nick qui, perdu, ne sait comment réagir à ce contact si doux. Après quelques secondes, il répond a mon baiser et mordille ma lèvre. Une soudaine fureur l'emporte, il me plaque contre la vitre, encerclant ma tête de ses mains posées sur cette dernière fraîchement lavée. Le verre froid rend les mains de Nick glacées et mon corps tendu. Il retire ses lèvres quelques instants plus tard et les fait descendre dans mon cou. Je ne peux m'empêcher de relever les yeux vers le ciel, me demandant par quel diable j'ai pu être poussée dans les bras de Nick. On ne couche pas avec l'ennemi bordel, c'est pas dans les règles. Le mordillement et les pressions que Nick effectue dans mon cou me laisseront une marque, j'en suis sûre.

Après quelques secondes d'échanges intenses, il rapproche les lèvres de mon oreille et me murmure :

« - Cap ou pas cap, de ne jamais tomber amoureuse de moi ?

- Cap ! Lâchais-je en recommençant à dévorer ses lèvres. »

La soirée promet d'être passionnante, c'est certain.

When It StartedOù les histoires vivent. Découvrez maintenant