Les explications du prof se noyaient dans un nuage de confusion nauséeuse alors que je peinais à garder les yeux ouverts. La nuit avait été désastreuse et si mes bourses n'avaient pas dépendu de ma présence en cours, j'aurais séché bien volontiers. Je grimaçai alors qu'un vertige me prenait. Heureusement, installée tout au fond de l'amphithéâtre quasiment désert (à la fois quelle idée de faire cours à huit heures du matin, je vous le demande !), personne ne remarqua mon trouble.
Je maudis les anti-douleurs et anti-vomitifs que j'avais pris avant de partir, et qui n'avait rien changé du tout. Je les soupçonnai même d'avoir empiré mon état. Même si, à ce point, il n'y avait pas grand-chose à empirer.
Mais à peine cette pensée m'était venu qu'une vague de nausée me submergea. Je me levai d'un bond et sortit en courant de l'amphi. Mes jambes vacillantes me portèrent jusqu'aux toilettes les plus proches, où je rendis à nouveau le maigre contenu de mon estomac.
Un dégoûtant moment plus tard, je me retrouvai devant la glace qui surmontait les lavabos. Je sursautai en croisant le regard de mon reflet. J'étais d'une pâleur cadavérique, qui contrastait avec mes cernes noirs et mes yeux injectés de sang. Ma coiffure n'était ni faite ni à faire, mais j'avais à peine la force de tenir debout, alors me recoiffer...
Je poussai un soupir à fendre l'âme et réunit mes forces pour hisser mon sac sur mon dos. Pourquoi était-il aussi lourd ? Un nouveau vertige me prit et je rendis les armes. Tant pis pour la bourse. Elle ne servirait à rien si je crevais maintenant.
Dans un dernier soupir, je sortis mon téléphone et envoyai un message à Al.
De : Jade, 9:05 Hey, est-ce que tu es au café, là ?
~
– Complètement inconsciente ! Une débilité sans fond !
Les insultes d'Al volaient au-dessus de moi sans provoquer aucune réaction. Si ce n'était un vague sentiment de honte et de culpabilité. Un peu lointain. Et étouffé par la nausée, et la migraine qui avait repris le dessus.
La dryade s'activait sur ses fioles, broyait et mélangeait des drôles de feuilles colorées dans un bol, agitait des mixtures peu ragoûtantes dans de la verrerie aux formes incongrues... Le tintement des récipients en verre provoquait des piques de douleur sous mon crâne mais je me retins de le lui faire savoir. Al était déjà assez fumasse comme ça...
Une vive douleur à l'estomac me plia en deux. Mon gémissement alerta Al, qui attrapa une fiole à la volée et me la tendit.
– Bois ça, ça devrait te soulager un peu, en attendant que j'ai fini.
Je grimaçai et inspectait la fiole. Elle contenait un liquide transparent qui aurait aussi bien pu être de l'eau ou de la vodka. Mais à ce moment-là, j'aurais pu avaler du pétrole, si ça pouvait me soulager ne serait-ce qu'un instant.
Je vidai la potion cul-sec et, à mon grand étonnement, mes douleurs commencèrent à s'estomper tout doucement. Je m'en ouvris à Al, qui se tourna vers moi, les sourcils haussés.
– Vraiment ? Si j'eus su...
– Qu'est-ce que tu as mis dans la fiole ?
– De l'eau.
Je fronçai les sourcils.
– Pourtant j'en ai bu au moins trois litres cette nuit... Peut-être que c'est le contenant ?
Al n'avait pas l'air convaincue. Elle haussa les épaules et retourna à ses fioles.
– C'est tant mieux, ça me laissera un peu plus de temps pour finir ma potion, alors, lança-t-elle, par-dessus son épaule.
VOUS LISEZ
Musique et élixirs
RomansIl suffit d'une bagarre et un plateau de potions renversé pour que Célène et Arden, ennemis jurés, se retrouvèrent liés magiquement, forcés de cohabiter jusqu'à nouvel ordre. Mais avec l'arrivée d'un concours de musique, opposant le groupe de Célène...