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Séoul, Corée du Sud

En ce début du mois d'octobre, les Séoulites et les quelques touristes toujours présents au pays du matin calme commençaient tout juste à s'habituer aux températures fraiches et hivernales qui faisaient doucement mais sûrement leur apparition. Séoul était une ville magnifique et le mauvais temps n'empêchait en rien les habitants de profiter des activités que la ville avait à offrir.

Le brouhaha et le tumulte de la vie quotidienne furent vite remplacés par une voix de femme sortant d'un écran géant sur lequel on pouvait lire en gros caractères : « L'artiste peintre Kim Taehyung, de retour à Séoul après sa retraite précipitée au Japon ». Certaines personnes observaient cet écran géant avec intérêt et pour cause, Kim Taehyung était connu pour être le meilleur artiste peintre contemporain de Corée du Sud et d'Asie. Il était un génie. Un génie capable de transformer une simple toile blanche en véritable œuvre d'art. Culotté, prétentieux, perfectionniste et ambitieux, il détestait la simplicité. Il aimait prendre des risques et c'était tous les risques qu'il avait pris pendant toutes ces années qui lui avaient permis de devenir l'artiste peintre renommé qu'il était aujourd'hui.

Malheureusement, comme tous les artistes, il arrive parfois que la solitude et la dépression prennent le dessus et c'est malencontreusement ce qui est arrivé à Kim Taehyung. Alors que celui-ci était au sommet de son art, adulé de tous et par tous. La dépression a pris le dessus sans qu'il ne puisse s'en rendre compte, du au syndrome de la toile blanche. L'inspiration n'était plus. Elle ne venait plus à lui. Comment était-il possible qu'à seulement 28 ans, un génie tel que lui puisse être touché par ce mal artistique maudit ? Les journalistes du pays n'étaient pas dupes. Si aucun d'entre eux n'avait osé mettre en avant le syndrome de la toile blanche dans leurs articles, bon nombre d'entre eux avaient deviné que le grand Kim Taehyung en souffrait. C'est d'ailleurs la première question que lui avait posé un journaliste de KBS lorsqu'il avait annoncé faire une « pause » dans sa carrière. Il n'avait jamais répondu à ce journaliste et l'avait simplement envoyé balader comme il aimait le faire habituellement.

L'écran géant montra l'artiste peintre dont l'avion venait de se poser à l'aéroport d'Incheon, entouré de gardes du corps et de journalistes qui se pressaient tel des rapaces pour le harceler de questions dont lui seul connaissait les réponses. Il réussit enfin à s'exfiltrer de cet aéroport de malheur et monta dans sa voiture qui l'attendait.

Une fois assis à l'arrière de son véhicule avec chauffeur, il retira ses lunettes de soleil qu'il balança sur le siège arrière à ses côtés en soufflant bruyamment. Toute cette agitation ne lui avait pas manqué. Aurait-il du rester plus longtemps au Japon ? Il y pensait sérieusement. Jamais son envie de meurtre ne s'était montrée aussi forte à cet instant précis. Maintenant, il en était sûr. Il haïssait les journalistes.

« Je suis ravi de vous revoir à Séoul monsieur Kim. Votre vol fut agréable ? »

Une voix douce et sympathique interrompit les pensées sombres de l'artiste.

Des journalistes continuaient de mitrailler la berline noire, essayant sans doute d'obtenir le meilleur cliché de l'artiste qui se retenait pour ne pas leur envoyer un sublime doigt d'honneur. Les flashs crépitaient tellement qu'il pensait finir aveugle avant la fin de cette journée.

« Plus tard Jungkook. Tu veux bien démarrer cette fichue voiture afin que l'on sorte de cet enfer ? » demanda-t-il en desserrant légèrement sa cravate. « Pourquoi est-ce qu'il fait aussi chaud bon sang ? »

Le jeune chauffeur l'observa à travers le rétroviseur avant de baisser légèrement le chauffage puis démarra rapidement la Mercedes qui faisait maintenant route vers un endroit plus tranquille. Laissant les photographes sur leur fin. L'artiste balança sa tête en arrière avant de jurer silencieusement.

« Tu ferais mieux de mettre ta ceinture hyung. » lui conseilla son chauffeur.

« Rien à foutre de cette ceinture... Je peux bien crever tout de suite que ça me serait égal. »

Jungkook préféra ne rien dire et continua de se concentrer sur la route. Les panneaux indiquèrent qu'ils n'allaient pas tarder à arriver au centre de Séoul. Le trajet et toutes ces émotions avaient eu raison de l'artiste qui s'endormit en à peine quelques secondes après avoir fermé les yeux, toujours rongé par ses démons dont il tentait tant bien que mal de se débarrasser.

Monsieur KIMOù les histoires vivent. Découvrez maintenant