Chapitre 14

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Musique: Empty de Chase Atlantic

***

Encore une fois, je suis réveillée par quelque chose, un bruit cette fois. Il est trois heures du matin, un coup d'oeil vers Anna de l'autre côté de la chambre me fait comprendre qu'elle n'a rien entendu et qu'elle dort profondément. Je soupire et change de côté, me préparant à me rendormir mais à nouveau, un bruit retentit me faisant ouvrir les yeux. On dirait que quelqu'un est en train de lancer un caillou sur une surface dure. A travers la fenêtre, je ne perçois rien. Les sourcils froncés, je décide de me recoucher mais en restant tout de même éveillée, à l'affut d'un nouveau bruit. Ce dernier ne se fait pas attendre et je comprends directement d'où il provient: le couloir.

Mon sang se glace. Dans ce même couloir se trouve Loïs alias le type qui a envie de m'étriper. Je fixe la porte de la chambre sans savoir que faire. Aller voir ou attendre? Au énième bruit je décide de bouger et d'agir.

- Je vais le regretter purée.

Je marche sur la pointe des pieds, il vaut mieux ne pas réveiller Anna. D'une main toute aussi prudente, j'ouvre la porte. Il est là, assis face à la porte, un genou remonté vers son corps, l'autre étendu parterre. 

- Qu'est-ce que tu veux? Il grogne en levant la tête, plongeant ses yeux dans les miens.

Je ferme la porte derrière moi et le fixe. Son regard noir ne scille pas mais aucun sourire diabolique en vu, encore moins ses répliques acerbes. Je devrais lui cracher dessus, le laisser là et partir en lui disant d'arrêter de faire du bruit mais mon corps tout entier semble comme bloqué face à ses yeux sombres. Je le fixe sans vergogne, lui de même. Je n'arrive pas à savoir quelle émotion le traverse, on ne peut jamais y lire quelque chose j'ai l'impression à part de la haine. Là tout de suite, je ne distingue pas de colère au contraire, je n'y vois rien du tout. C'est comme si dans son regard on sautait à l'élastique mais sans l'élastique pour nous ramener. Un puis sans fond.

Je m'assois contre ma porte, face à lui sans jamais lâcher son regard. Pourquoi est-ce que je fais ça au juste? Je suis débile et suicidaire. Je me mettrais bien une gifle si mon corps pouvait bouger. On ne se touche pas, ne soyons pas fous non plus, mais on ne décroche ni lui ni moi du regard de l'autre. 

- Pourquoi m'avoir arrêté dans ma bagarre? 

Ma question sort dans un souffle à peine audible. J'aimerais connaitre la réponse, comprendre pourquoi il ne m'a pas laissé tuer cet homme comme il aime sois disant voir ce genre d'actions. Sa main droite attrape un caillou et le balance contre le mur face à lui, à mes côtés. Il ne dévie cependant pas le regard pendant qu'il occupe ses doigts.

Il finit par hausser les épaules en déviant le regard sur son précieux caillou. Non seulement il me réveille mais en plus il ne répond pas. Je préfèrerais presque le Loïs qui me crache des choses horribles à la tête. Presque.

- T'aimes les bagarres, t'aimes voir les gens se battre, t'aimes voir le sang couler partout. Alors pourquoi moi je n'ai pas eu le droit de faire pareil? 

Ses yeux aussi noirs que le ciel en cet instant viennent retrouver les miens. Le caillou dans sa main, il ne dit toujours rien. Je baisse les yeux en soupirant comprenant que je n'aurais probablement jamais de réponse à ce sujet. Je me relève.

- Tu n'avais pas besoin d'avoir une mort sur la conscience. 

Ses mots m'atteignent et mon corps s'arrête. Je retombe à même le sol, le cerveau empli de questions et d'incompréhensions. Loïs quant-à-lui ne me quitte pas des yeux. J'ai l'impression de discerner une autre personne en cet instant. 

Lérya MightOù les histoires vivent. Découvrez maintenant