Chapitre 17

90 8 3
                                    

Musique: Original mede YUNGBLUD

***

Chacun de son côté du lit, la chambre est complètement silencieuse. Á vrai dire, depuis mon espèce de crise d'angoisse, lui comme moi n'avons dit aucun mot. Il est resté près de moi même lorsque nous avons terminé de manger la pizza à moitié froide. Il est resté jusqu'à ce que je décide de me lever et de me placer dans le lit, côté gauche. Loïs à fait la même chose quelques secondes après, éteignant la lumière par la même occasion. Depuis, aucun de nous ne bouge. Je ne sais pas s'il s'est endormi ou s'il est en train de réfléchir comme je le fais en cet instant. J'entends sa respiration calme mais comment savoir si Morphée est venu le chercher?  Il s'agit de la première journée et il s'est déjà passé beaucoup trop de choses à mon goût. Maintenant que j'y pense, je ne comprends pas pourquoi il est resté près de moi. Pourquoi  n'est-il pas parti? Pourquoi ne pas m'avoir laissé seule? J'aurais fini morte par étouffement ou morte par un type qui m'assomme, il aurait été tranquille de cette manière. Pleins de questions me traversent la tête, des questions que j'aimerais poser mais qu'il est impossible de lancer car n'oublions pas, nous parlons bien de Loïs Carson. Bien que son acte ait été fait dans un but de gentillesse, enfin je crois, demain matin il sera de nouveau le monstre que je connais. L'idée qu'il ait deux personnalités dont l'une est controlée par un démon me fait de plus en plus de l'oeil. Il y a tant d'incompréhensions sur cet individu, tant de "pourquoi".

- Tu m'empêches de dormir là.

Mon corps se fige, aucun orteil ne bouge. Ok, il ne dort pas.

- Je ne fais rien, je lâche quelques secondes après.

- Je sens ton cerveau chauffer jusqu'à moi.

Le lit bouge et son corps se retourne. Mon corps se glace, je n'ose plus bouger un seul de mes doigts, pas même oser me placer sur le dos. A la place, je reste bloquée sur mon côté gauche, le regard fixé devant moi. 

- Bon, qu'est-ce que t'as? Il soupire.

- Rien.

Un nouveau soupire. Je m'accroche à la couette comme si ma vie en dépendait. Enfin, c'est un peu le cas.

- Parfait. Laisse-moi dormir dans ce cas.

Le silence tombe dans la chambre et mon coeur tambourine comme un fou. Non il n'y a pas rien, il y a trop de choses! Cependant, je ne les lui dirais pas. 


***

Je me réveille doucement, mon corps encore endolori s'étire tandis que je soupire de bien-être. Bien que le début de la nuit s'est avéré compliqué, le reste s'est passé parfaitement. J'ai dormi comme un bébé.

- Dégage, tu vas me donner tes bactéries de moche!

Mon coeur rate un battement alors que j'ouvre les yeux, soudainement de mauvaise humeur. Quelle n'est pas ma surprise lorsque je tombe nez à nez avec celui qui hante mes plus horribles cauchemars. Tournés l'un vers l'autre, on se dévisage sans nous cacher ne serais-ce qu'un minimum. Je recule sans attendre, tout comme lui, et grogne.

- T'as gâché mon réveil.

Il plisse les yeux et se redresse, sa tête toujours tournée dans ma direction.

- C'est toi qui était à deux doigts de me baver dessus. Tu me dégoutes putain! 

Il part en trombe dans la salle de bain tandis que je me permets de prendre toute la place dans le lit. Cet homme est bien mieux lorsqu'il dort. On entend pas sa voix horripilante, son égo surdimensionner et son incroyable gentillesse. Plus le temps passe et plus j'ai l'impression que je m'habitue à son comportement. Je n'ai jamais été quelqu'un qui se laissait faire mais face à ses réflexions, j'ai comme de moins en moins d'envie de répliquer. Comme on dit: "On répond aux imbéciles par le silence". Ouais, maman tu serais fière de voir que je commence à murir.

Lérya MightOù les histoires vivent. Découvrez maintenant