Chapitre 5

6 1 0
                                    







Le réveil sonna à 4h55 ce matin. Ash se leva, d'immenses cernes sous les yeux. L'appartement, vide, plongé dans le noir, avait des airs de château abandonné. Il passa devant le lit désert de son frère. Lowen était surement déjà partit à l'entrainement. Ash alluma la lumière. 20 mètres carrés pour deux, Il pouvait paraitre étonnant que le logement d'un champion de Formule 700 soit si réduit, mais en même temps, l'état prenait tant d'impôts qu'il laissait à ses citoyens à peine de quoi vivre.

Ash avala un verre de Rhum. L'alcool faisait oublier les malheurs du quotidien. Il prit une douche, les premières minutes d'eau chaudes l'emportèrent au paradis, il revint sur Terre une fois le ballon vidé, contraint de se contenter d'eau froide.

Le bus avançait lentement. Son vieux moteur grondait comme des battements de cœur. Les fesses encrées sur un strapontin branlant, Ash oscillait entre éveil et sommeil. Son arrêt arriva enfin, dehors que la nuit, une nuit constellé d'étoile, illuminée par les lueurs émanant du champ d'Astéroïde, une nuit qu'il s'apprêtait à retrouver en plongeant dans les entrailles de la mine.

Un ascenseur le guida au douzième sous-sol, là, foreuse en main, à la seule lueur de sa lampe frontal, l'adolescent s'attela à poursuivre la galerie. Les heures passaient au rythme des battements des pioches. Les cris stridents de la foreuse miniature avaient beau lui crever les tympans, Ash mettait de coté sa douleur. Là, dans cet endroit, en dehors du temps, où les gravas pleuvaient sans cesse sur son casque de chantier, les secondes passaient comme des minutes, les minutes comme des heures, les heures comme des jours. Ses mains noircies de suies saignaient sous les convulsion de la foreuse, le poids de son sac, des minerais de fer, de cobalt qui s'y accumulaient, meurtrissait ses épaules. Il devait continuer, il devait continuer s'il voulait manger. Son gant droit se déchira sur un bout de roche, une perte des plus agaçante étant donné que chaque travailleur devait s'équiper à ses frais. Ash pouvait déjà s'estimer heureux que son grand frère lui ait acheté cette foreuse à main, ses collègues d'infortunes étaient pour la majorité doté de simples pioches, de maillets pour les plus pauvres, voire de leur mains nues. La sueur qui suintait depuis son front entravait son regard, il s'essuya sur sa manche, quel était cette roche sur laquelle il avait égratigné son gant. Il la saisit du bout des doigts, elle se détacha sans résistance. La pierre brillait d'un éclat jaunâtre. De la citrine ! pensa Ash ivre de joie. En dépit de sa taille minuscule, ce morceau de quartz devait sans doute avoir une grande valeur. L'adolescent jeta un coup d'œil à gauche, un autre à droite, ses camarades, trop occupé à creuser, n'y verraient que du feu. Il plaça la pierre dans sa poche et fit comme si de rien n'était.

La grande horloge sonna enfin. Après 6 heures de travail sans interruption, venait enfin la pause déjeuner. L'ascenseur ramena la bande de mineurs à la surface. Ash s'ajouta à l'interminable queue qui se prolongeait devant l'entrée du fast-food le plus proche. Quand enfin vint son tour, il prit le menu le moins cher, un simple sandwich jambon beurre, agrémenté d'une eau citronnée. Le caissier se tourna vers lui.

- Ça te fera 13 deniers petit.

- Voilà

Ash donna à contre cœur le fruit de ses économies. Il s'assit sur les marches d'une bouche de métro, et entama son déjeuner. Accrochés aux parois d'immenses grattes ciels, des écrans géants diffusaient en continu le flux de nouvelles. Ash n'y porta pas grand attention, une star assassinée, les dangers de la mal nutrition et ... et le terrible accident d'un pilote de formule 700 ?! le mineur se leva en sursaut, il plissa les yeux. Un nom se dessina sur l'écran : Lowen, sévèrement blessé à l'entrainement !

***

Le capitaine Deto fixait les vaisseaux de combats axillaires depuis le poste de commande du Mistral, croiseur amiral de la deuxième flotte. Les mains dans le dos, le buste relevé, effaçant les moindres plis sur son uniforme pourpre, l'officier serra les dents. Il ne put s'empêcher de partager ses doutes.

La République de Haute TerreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant