Chapitre 11

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Haute Terre, dix jours plus tard.

Le sang repeignait les entrailles de marbre du palais gouvernemental. Des tirs filaient dans tous les sens au rythme des salves d'arquebuses électroniques. Dernier rempart protégeant l'accès de la salle du trône, la commandante Fietta et les lambeaux de son bataillon endiguaient la progression des insurgés à coups de revoler et de grenades.

-          Ils lorgnent sur la Rotonde ! Repoussez les ! ordonna la chef de compagnie en vidant le chargeur de son pistolet dans la panse d'un assaillant.

Ni la ferveur de ses grenadiers, ni la létalité de leurs explosifs n'empêcha à la déferlante de mutants et de bas-terriens de se frayer un chemin à travers le dédale d'obstacles. Les crachats fumants d'une gatling parvinrent certes à les retenir dans le grand escalier, mais un coktail molotov eut aussitôt  réduit la sulfateuse et ses deux servants au silence. Fietta venait de perdre son dernier atout. La commandante put sentir des balles ricocher sur son abris, elle s'accroupit, et échangeant son revolver contre le fusil d'assaut d'un camarade allongé au près d'elle, sema la mort parmi les brigades primitives de révoltés. Un rayon laser traversa son épaule. La mort ne tarda pas à l'emporter, elle la trouva face contre terre, en pleine extase devant son sang, qui avait par pure coïncidence, la même teinte que son uniforme. 

L'avalanche de rebelles rejetait les grenadiers de plus en plus en plus loin, une explosion projeta un sergent en arrière, son corps déchiqueté rebondit contre la porte de la rotonde. De l'autre côté, le choc attira l'attention de Don Pedro. Confiné dans son ultime bastion avec ses derniers fidèles, le dictateur s'arrachait les cheveux en essayant de résoudre cette situation insoluble.

-          Ah ! j'enrage ! Fietta a été abattu, le baron Darquois capturé et tous nos ''sauteurs'' piratés ! nous n'avons aucun recours !

Le général Scion le fixait d'un œil dépité. De l'hémoglobine tachait sa veste en laine de mouton, il avait perdu un bras dans les débuts de l'affrontement.

-          Général où en est le colonel Simon et ses fusiliers tempêtes ? on m'a promit que des renforts viendraient de l'extérieur.

-          Messire, après trois longues heures de combat dans les boyaux de l'opéra, Simon a dû se résoudre à déposer les armes.

-          Alors le destin conspire à me nuire ! Nous sommes livrés à nous même.

Le professeur Kamlan tremblait de peur dans un coin de la salle. Des coups tapaient sur la porte blindée, on le tuerait dès lors qu'elle céderait, cela ne faisait aucun doute.

-          Comment se présente la situation ici ? demanda Don pedro

-          Les deux ailes et les jardins ont été saisis, les insurgés ne tarderont pas à prendre la rotonde, et nos vie par la même occasion.

-          Quand je pense que cet Alexin mène les insurgés ! j'aurai dû le faire exécuter quand j'en avais l'opportunité !

Les coups se firent de plus en plus violents contre la porte. Don pedro posa les yeux sur le trône doré qui brillait au centre de la pièce. Ce trône était bien plus qu'une chaise, il était l'incarnation même de son pouvoir, pouvoir qu'il avait acquis au prix de durs labeurs, d'efforts, d'épreuves insurmontables, le savoir aujourd'hui en danger lui faisait l'effet d'un nœud au tripes. Dehors, mêlés aux bas-terriens, des mutants participaient à la rébellion. Ces mêmes mutants qu'il avait méthodiquement parqués dans des ghettos, tenu à l'écart de la population, à qui il avait interdit de se reproduire. Ces mêmes mutants qui constituaient un danger mortel pour l'avenir de la race humaine. Don Pedro serra les dents, je savais le gène mutant nuisible pour la pureté du patrimoine génétique humain, mais je ne l'imaginais pas si insolent ! murmura-t-il les poings crispés

La République de Haute TerreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant