Chapitre 8

5 1 0
                                    


Le professeur Kamlan déambulait dans les corridors de son laboratoire tout en noyant ses invités d'informations au sujet de sa nouvelle trouvaille.

- Oh si vous saviez comme ils sont beaux comme ils sont résistants, leur flair est digne des plus grands canidés, leurs griffes des félins les plus redoutables ! Oh si vous saviez oh oui si vous saviez.

Les crissements de ses jambes robotiques avaient la fâcheuse tendance d'enrayer son discours, suscitant de temps une totale incompréhension chez le Duc rouge et ses deux subordonnés, le général Sicion, et le baron Darquois, tous les trois dépassés par la logorrhée de termes techniques qu'employait ce petit bonhomme en blouse blanche.

- Oh si vous saviez, la coagulation de leurs cellules sanguines sont d'une parfaite harmonie, nous ne pouvions espérer mieux dans notre processus de création, ils sont le summum de l'évolution.

Il tourna à l'embouchure d'une porte, accédant à un petit compartiment, cloisonné par une vitre blindée, derrière laquelle se tenait un étrange individu. Faible sur ses appuis, sa chemise débraillée dissimulait à peine une peau décharnée, d'une anormale noirceur qui se nuançait parfois de pigments verdâtres en de gros bubons. Ses globes oculaires livides, dépourvus d'iris, incarnaient la définition même du néant, quant à son faciès recouvert de pustule, il s'achevait sur un nez absent, remplacé par deux trous, et des cheveux semblables à des tentacules. Kamlan pointa l'individu d'un index empli de fierté. Il ne bougea pas, toujours inerte, indifférent à la discussion des nouveaux arrivants.

- Messires, cette chose, cette merveille, ce bijou organique, est l'arme secrète dont vous avez passé commande il y a trois ans de cela. Initialement dédiés aux confédérés, elle trouvera j'en suis persuadé, son utilité face aux coalisés. Cette arme va révolutionner la guerre moderne, laissez-moi vous le prouver.

- Faites donc, lança un Don pedro peu convaincu

Le professeur appuya sur un bouton. Une trainée de poudre rouge sang tomba du plafond. L'individu se rua sur l'arôme sanglant comme un lion bondit sur sa proie, il le taillada de ses griffes, le déchiqueta de ses crocs, tant et si bien que l'arome se dissipa en une fraction de seconde. Le professeur afficha un museau triomphal.

- Quoique aveugle comme une taupe, son odorat lui permet de repérer des cibles à plusieurs centaines de mètres, un avantage certain au vu de la férocité dont il a pu faire preuve. Passons maintenant à une démonstration réelle.

Il appuya sur un autre bouton, ce fut cette fois un mutant qui tomba du plafond. Yeux entièrement jaunes, étirement de la colonne vertébrale en queue de reptile, fine membrane sous les aisselles, il provenait à n'en pas douter d'un ghetto de la capitale. L'individu fit volte-face en un éclair. Le mutant recula, effrayé, levant ses mains en l'air, gesticulant en signe de soumission. Le monstre se jeta sur lui et plantant ses canines dans sa nuque, fit sauter sa petite tête du restant de son corps dans un élan de sauvagerie bestial. Le crane sanguinolent projeté dans les airs, rebondit contre la vitre blindée.

- A l'instar des balles empoisonnées dont font usage les coalisés, j'ai veillé personnellement à ce que les dents de nos magnifiques créations soient dotés d'une réserve de cyanure.

Don Pedro se frotta les mains. Le professeur souffla dans un sifflet verdatre. La bête s'endormit d'un seul coup, raid morte, elle se réveilla au second coup de sifflet, et s'actionna telle une marionnette selon la fréquence des pulsations sonores.

- Très réactifs aux sons stridents, ils exécutent le moindre des ordres donné par ce sifflet, vous pourrez ainsi les commander à votre guise, les faire agir selon votre bon vouloir. Mais ce n'est pas tout ! Continua le professeur. Il s'empara d'un fusil de chasse à double canon et le pointa à travers une minuscule fente dans la paroi de la vitre. Reniflant son odeur, l'individu, redevenu immobile se mit en action. PAN ! PAN ! les deux charges traversèrent son buste, repeignant de deux flaques rouges la paroi de la cage hermétique. La créature n'avait pas bougée.

La République de Haute TerreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant