Interludes ❤️‍🔥

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J'ai fait toutes les démarches pour expatrié le corps de Teyssa au Mali, elle avait toujours formuler le fait qu'elle voulait être enterré sur la terre de ces ancêtres. J'ai vécu toute cette période comme un zombie et dans un déni atroce. Je savais qu'elle n'était plus là, c'était clair mais je ne pouvais, voulais, pas y croire.

J'ai passé quelques semaines au Mali et je suis rentrée. J'étais en formation avant que ça n'arrive donc j'y suis retournée pour la cérémonie de clôture. J'ai parlé d'elle là bas et les femmes incroyables avec lesquelles j'ai fait cette formation, lui avait rendu hommage en parlant d'elle dans un livret et en faisant tourner le projet que nous avions autour de la santé mentale, des contacts auxquels on peut recourir en cas de mal-être. J'ai été extrêmement touché...

J'avais besoin d'évacuer toute cette douleur, cette frustration, cette colère que j'avais en moi. J'ai organisé une cérémonie d'adieux pour elle. Très joyeuse, festive comme elle dans la vraie vie quand elle allait bien. Des ballons et des décorations de toutes les couleurs, un Rainbow cake 🌈, j'avais une belle robe bleu ( sa couleur préférée). On a parlé, rigolé, pris des nouvelles des uns et des autres avec tous ces ami.e.s car elle connaissait beaucoup de monde. Puis on a écrit des messages et on les a accroché a des ballons bleu et orange qu'on a fait s'envoler. Et j'ai fait un discours pour lui dire qu'elle me manquait, que je penserais à elle tous les jours, que c'était ma meilleure amie, ma vie...

Après cette formation, la directrice de l'association m'a proposé un service civique, il s'est très bien passé.

Je suis sortie de là et j'ai multiplié les projets, les événements, les mariages, pour m'éviter de penser.

Mais j'ai pleuré plusieurs fois. A en avoir les yeux gonflés et la voix éteinte.
Je souffrais énormément mais personne ne pouvait comprendre. C'était comme ma jumelle, on était fusionnelle. Seuls des jumeaux pouvait comprendre mais, malgré de nombreuses recherches, je n'ai trouvé aucune association, aucun groupe de parole pour les jumeaux/ jumelles endeuillé.e.s.

J'arrivais au bout de ce que je pouvais faire pour m'occuper donc je me suis dit que je pouvais reprendre mes études, l'école a toujours été le lieu où  je me sentais le mieux.
Je me sentais utile, comprise, à  ma place, occupée aussi et organisée. J'aimais apprendre.

Je m'inscris en licence professionnelle métiers de l'animation et en septembre 2023, je rentre dans cette classe avec aucune personne qui me ressemble.
Aucune femme noire, aucune femme qui portait le foulard.

Puis un homme noir rentre, visiblement, il sera le seul de cette année.
Premier point commun.

Il dégage quelque chose que je n'explique pas.
Mais je suis tellement dévastée par la vie que je ne m'autorise pas à penser plus loin.

Ce premier cours est simplement introductif, il ne parle pas.
Moi non plus, j'ai une extinction de voix.
Je l'observe quand même un peu de loin.
Je suis restée beaucoup dans mon coin les trois premiers jours.

Lui, il parle de temps en temps et il donne son avis, mais surtout, il pose des questions.
Je n'aime pas sa manière de parler. Je me dis qu'il utilise beaucoup de mots compliqués pour dire des choses simples.
Il veut étaler sa science, je me dis, puisque ces "questions" ressemblent à des remarques à destination des professeurs. Il parle comme un blanc, je m'indigne.

Le temps avance et la licence me plait, je m'entends avec tout le monde et je suis appréciée.
Je continue d'observer cet homme. Je parle un peu de Teyssa dans la classe pendant un cours d'anglais où la prof nous demande ce que nous avons fait de nos week-end. Je dis que j'ai été triste pour cette raison et que je n'ai rien fait du week-end.

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⏰ Dernière mise à jour : Apr 19 ⏰

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